La persévérance des militants anti-chasse à courre sera t’elle bientôt récompensée ? Alors que cette forme de chasse, qui consiste à poursuivre avec des chiens des animaux sauvages jusqu’à épuisement et encerclement avant de les tuer, est sous les feux des critiques depuis l’automne dernier, 19 députés de l’Assemblée nationale viennent de déposer une proposition de loi en faveur de son interdiction.

Jugée « barbare » et « cruelle » par ses détracteurs, la chasse à courre a été interdite chez nos voisins allemands et anglais. Outre la souffrance endurée par les animaux poursuivis puis tués, la vénerie est également critiquée parce qu’elle est la manifestation d’un ordre social lié aux privilèges et d’une survivance monarchique issus d’un autre temps qui n’ont plus lieu d’être dans une démocratie (notamment en raison de l’accaparement privé de terres pour un amusement élitiste). En dépit des vives oppositions des Français – un sondage montrait que la très grande majorité d’entre eux (84 %), s’opposait à la pratique à laquelle ne s’adonne que 0,001 % de la population –  ainsi que des récentes déclarations de Nicolas Hulot, le gouvernement n’a pas fait de geste allant dans le sens d’une interdiction à ce jour. Désormais, sous la pression constante des militants, de plus en plus visible dans les médias alternatifs, ce sont les députés qui se sont saisis de la question.

Bientôt une loi pour interdire la chasse à courre ? 

C’est ainsi que 19 députés issus de divers partis (LR, PCF, LFI, LREM et MoDem) viennent de déposer une proposition de loi « visant à interdire la pratique de la chasse à courre, à cor et à cri ». Le texte signé par des députés issus de groupes différents, témoigne qu’il s’agit d’un sujet de société qui a pris une dimension trans-partisane. Bastien Lachaud (LFI), l’un des signataire, expliquait à la presse au moment de la présentation du texte qu’il s’agissait de mettre un terme à une pratique « minoritaire », « barbare », et « sans aucune utilité sociale ».

Les associations qui auront été actives sur le sujet, notamment 30 millions d’amis, qui lançait une pétition dès octobre dernier (signée 143.000 fois) et l’association AVA, dont les actions de terrain remarquées ont permis de perturber le bon déroulement de certaines chasses, peuvent se féliciter que le sujet soit désormais à l’ordre du jour du législateur.

Crédit image : Philippe Rouzet / Flickr

Un mode de chasse qui fait polémique

Les critiques se concentrent essentiellement sur la manière dont les animaux sont tués. Outre le stress subi par la longue poursuite qui précède la mise à mort, les animaux sont abattus à l’aide d’une arme blanche, ce qui prolonge dans bon nombre de cas leur agonie. Parfois, les chiens s’acharnent sur la dépouille encore vivante, comme en témoignent les images d’AVA. La souffrance des animaux chassés est donc longue.

À plusieurs reprises ces derniers mois, la pratique a suscité de vives émotions, notamment lorsqu’un cerf s’était réfugié dans le jardin d’un particulier dans l’Oise, avant d’être tué par les veneurs. Quelques semaines plus tard, ce sont les images d’un cerf noyé par les chasseurs qui avaient relancé le débat à propos de l’opportunité d’interdire ce mode de chasse. Par ailleurs, sous l’impulsion de citoyens et des citoyennes engagés, le sujet aura beaucoup fait parlé de lui ces derniers mois. Leurs actions de terrain, qui ont consisté à freiner voire à empêcher la pratique des chasseurs, ont provoqué une couverture médiatique habituellement limitée aux médias alternatifs, permettant de faire entrer la question dans le débat public. Plusieurs de leurs vidéos ont par ailleurs fait le tour des réseaux sociaux. Désormais, leurs regards se tournent vers l’Assemblée Nationale.

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