En 1986, lorsqu’un des réacteurs de la centrale nucléaire de Tchernobyl explose, ce sont plusieurs milliers d’animaux domestiques qui sont abandonnés alors que la zone était évacuée dans la précipitation. Plus d’une trentaine d’années plus tard, les descendants des quelques chiens abandonnés ayant survécu à l’époque continuent d’habiter les lieux, démontrant l’incroyable force de la vie pour la survie en condition hostile.

La triste évacuation de 1986

En 1986, l’un des réacteurs de la centrale nucléaire de Tchernobyl, située près de la ville ukrainienne de Pripyat, explose, donnant lieu à la catastrophe nucléaire la plus grave jamais connue sur terre. À l’époque, le gouvernement soviétique mobilise ses forces armées pour évacuer la zone entourant le site de l’accident. Les familles sont alors invitées à monter dans différents autobus, et, dans l’urgence, contraintes de n’emmener que très peu d’affaires avec elles.

Victimes collatérales de ces évacuations, la plupart des animaux domestiques sont condamnés à l’abandon. Pire encore, un peu plus tard, l’armée soviétique envoie des soldats dans la zone d’exclusion entourant la centrale afin d’éliminer les derniers animaux présents sur les lieux de la catastrophe. Le bétail, les animaux sauvages, mais aussi les animaux domestiques abandonnés sont en grande partie tués. Et pourtant, quelques uns vont survivre et se reproduire.

Quelques semaines après le désastre en 1986. Une des plus anciennes photographies d’un travailleur à Tchernobyl avec des chiens errants.

Une cohabitation pacifique

Plus de trente ans après la catastrophe, la zone d’exclusion s’est transformée en refuge pour une quantité florissante d’animaux sauvages. Parmi les exemples les plus encourageants de tous, on trouve celui des chiens errants, descendants directs des chiens abandonnés en 1986, et dont le nombre ne cesse de croître. On estime que plus de 250 chiens errants vivent autour de la centrale nucléaire de Tchernobyl aujourd’hui, quand 225 chiens vivraient dans la ville de Tchernobyl même.

Autour des différents points de contrôle de la centrale, ce sont donc plusieurs centaines de chiens qui gravitent au sein de la zone d’exclusion. Et entre les travailleurs présents sur le lieu (principalement pour des raisons de recherche scientifique) et les cabots, une relation d’amitié s’est développée, au point que les premiers ont mis en place des petites huttes vouées à abriter les derniers lors des périodes de grand froid. Car, comme on peut l’imaginer, les hivers ukrainiens ne sont pas des plus cléments, mais les radiations, également, ont un rôle à jouer dans la courte espérance de vie de ces chiens. À Tchernobyl, il est rare de trouver un chien âgé de plus de six ans. La survie se fait donc dans des conditions de santé précaire pour ces animaux... de quoi alerter des associations.

Photographies à la discrétion de Clean Futures Fund

Empêcher leur extermination

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Afin de leur venir en aide, Clean Futures Fund, une organisation américaine à but non lucratif qui aide les communautés touchées par des accidents industriels, a mis en place trois cliniques vétérinaires dans la région, dont une dans l’enceinte de la centrale. Les cliniques traitent les urgences et procurent des vaccins contre la rage, la parvovirose canine, la maladie de Carré ou encore l’hépatite, en plus de prendre en charge la castration des canidés.

Car si les chiens trouvent pour l’instant des mains amicales pour les nourrir, qu’il s’agisse de celles des travailleurs ou des quelques curieux qui se rendent sur la centrale chaque année, ils pourraient aussi devenir à long terme un nouveau problème pour les autorités. En effet, l’augmentation exponentielle du nombre de chiens errants pourrait rendre le travail sur la centrale difficile. Pour cette raison, les responsables de la centrale ont réaffirmé leur souhait d’éradiquer la population canine environnante. Une décision qui s’est heurtée à la volonté des travailleurs et associations qui refusent cet abattage massif. De son côté, l’ONG a lancé une campagne de dons vouée à sauver le millier de chiens qui gravitent toujours dans la région autour de la centrale.

Photographies à la discrétion de Clean Futures Fund

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