Il y a quelques mois, André-Joseph et Sandrine Bouglione décidaient de supprimer de leurs spectacles les numéros de cirque impliquant des animaux. L’annonce, qui leur a valu de très nombreuses critiques – souvent virulentes – de la part de leurs pairs, a été accueillie de manière favorable par les associations de défense des droits des animaux qui militent de longue date pour abolir ce genre de pratiques. Face caméra, André-Joseph Bouglione a accepté de nous expliquer sa démarche.

Dénoncer la présence d’animaux dans les cirques n’est pas une chose facile. Lorsqu’on soi-même propriétaire d’un cirque, renoncer à l’exploitation animale relève d’un véritable parcours du combattant. C’est donc avec beaucoup d’audace que André-Joseph Bouglione annonçait en mai 2017 sa volonté de ne plus avoir recours aux bêtes pendant ses représentations. Rapidement d’ailleurs, la décision du cousin de la famille Bouglione lui a valu des pressions juridiques quant à l’usage du patronyme de la part de certains de ses parents qui souhaitent se distinguer.

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Un cirque sans animaux, c’est possible !

En effet, dans son livre intitulé « Contre l’exploitation animale », le circassien révèle les conditions de vie dramatiques des animaux dans les cirques : stress, durée de vie raccourcie, traitements infligés par les dompteurs pour les faire obéir, etc. Pour avoir brisé ce tabou, Joseph Bouglione s’est exposé à des menaces de mort… Car dans ce milieu comme ailleurs, s’opposer à une pratique considérée comme « traditionnelle » est perçu comme une attaque personnelle contre les professionnels, si bien que les arguments de fond – ceux relatifs au bien-être animal – sont écartés d’un revers de la main.  André-Joseph Bouglione le concède lui-même, il lui a fallu du temps pour se rendre compte qu’il faisait fausse route : à ses débuts, se souvient-il, « il ne voyait pas le décalage [entre ce qu’il faisait] et la société moderne parce qu’il était dans une tradition ». Pourtant, le cirque, c’est bien plus que les animaux : c’est aussi les clowns, les acrobates ou encore les prestidigitateurs.

Aujourd’hui, il ne regrette pas la décision qu’il a prise et souhaite pouvoir encourager un autre cirque, plus en phase avec le respect des droits des animaux. Selon lui, « il faut comprendre l’intérêt de nos enfants et non pas penser à respecter l’héritage de nos parents ». Car selon lui, « on est dans une société où on a vraiment un problème de relation avec la nature ». Repenser la place des animaux au sein de notre société devient ainsi un acte militant qui participe à apporter une réponse à la crise environnementale et la perte de biodiversité que nous connaissons actuellement. Avec l’ « Ecocirque », un cirque d’un nouveau genre dans lequel « on aura réfléchi à toutes les solutions pour réduire notre impact environnemental », il espère pouvoir faire en sorte « que [son] public oublie qu’il n’a même pas vu d’animaux » pendant les spectacles.

Quelques avancées, mais une question qui fait toujours débat

Dans le livre qu’il a publié pour exposer les raisons de son choix, André-Joseph Bouglione en appelle donc à une « prise de conscience » des professionnels du milieu mais aussi des spectateurs. Il estime que retirer les animaux des spectacles, ce n’est pas signer la mort économique des cirques, mais une occasion de se « se réinventer » en accord avec son temps. Et pour peu qu’on se penche sur l’histoire du spectacle en général, on ne peut que constater que celui-ci évolue le plus souvent avec les croyances et valeurs de son temps. Pourquoi pas aujourd’hui ?

Les paroles d’André-Joseph Bouglione seront-elles entendues ? Ces dernières années, la présence d’animaux dans les cirques a été régulièrement remise en cause, non seulement en raison des conditions de vie qu’y subissent les êtres vivants, mais également par cohérence, alors que nous vivons un déclin de la biodiversité sans précédent. Certains pays européens comme la Belgique, l’Irlande ou encore l’Italie ont entièrement banni la pratique sans pour autant signer la fin de vie des cirques. Par ailleurs, 60 communes françaises ont empêché ces dernières années l’accueil de cirques ayant des animaux. La France sera-t-elle le prochain pays à légiférer en la matière ?


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