Vous avez bien dormi ? Non ? Nous non plus. Les nuits de plus en plus chaudes augmentent considérablement chaque année, au détriment de notre qualité de sommeil. C’est ce que révèle une nouvelle étude publiée par le Climate central, un organisme de recherche indépendant, publiée le 7 août dernier. Selon les scientifiques, le réchauffement climatique causerait au moins deux semaines de plus par an des nuits chaudes pour près de 2,4 milliards de personnes à travers le monde. Un phénomène aux multiples conséquences néfastes pour notre santé.
Le sommeil est un des pilier d’une bonne hygiène de vie. Pendant que nous dormons, notre corps se régénère et assure de nombreuses fonctions vitales : réparation des tissus, production des hormones de croissance, tri et gestion des souvenirs, récupération des muscles et renforcement des défenses immunitaires.
Afin de remplir correctement ces missions, ce n’est pas seulement la quantité de sommeil qui importe, mais aussi la qualité de celui-ci. « Le sentiment d’être reposé le lendemain et le bon fonctionnement de l’organisme dépendent non seulement du nombre total d’heures de sommeil, mais aussi du nombre de minutes passé à chaque étape des cycles du sommeil », détaille l’Agence de santé canadienne.
Nuits sans sommeil
Alors que les journées caniculaires se succèdent à cause du réchauffement climatique, nos nuits ne sont pas en reste. « Les températures nocturnes ont augmenté encore plus rapidement que les températures diurnes à mesure que la planète se réchauffe, exposant des millions de personnes à des risques potentiels pour la santé », révèlent les auteurs d’une étude récemment publiée par le Climate central, un groupe indépendant de scientifiques et de communicants qui étudient le changement climatique et la façon dont il affecte la vie des individus.
Leur principale conclusion est sans appel : un peu plus d’un milliard de personnes en moyenne ont connu au moins 30 nuits supplémentaires au-dessus de 25°C en raison du changement climatique.
Aucune région du monde n’est épargnée
59 des 202 pays et territoires analysés ont connu une semaine supplémentaire par an avec des températures minimales supérieures à 18 °C en moyenne au cours des 10 dernières années. L’Ouganda et la Zambie ont été les pays les plus touchés pendant cette période, avec un mois supplémentaire de nuits chaudes enregistrées pendant l’été. En Europe, l’Espagne, l’Italie, la Croatie, la Moldavie, la Bulgarie et la Hongrie sont les pays les plus touchés par le réchauffement nocturne.
Sur les 994 villes analysées, 30 ont connu au moins un mois supplémentaire de nuits chaudes, où la température minimale dépassait le seuil de 18°C. « Parmi ces villes, 8 ont observé 2 mois supplémentaires de jours supérieurs à 18 °C. Katmandou, au Népal, a observé trois mois supplémentaires au-dessus de 18 °C, ce qui signifie que sans le changement climatique, ces températures nocturnes auraient été extrêmement rares », détaillent les chercheurs.
Ailleurs dans le monde, on retrouve d’autres villes lourdement touchées par le phénomène : Turin et Milan (Italie), Karaj (Iran), Kunming et Yucheng (Chine), Brasilia (Brésil), Lima et Trujillo (Pérou), Albuquerque et Salt Lake City (États-Unis) ou encore Marrakech (Maroc) et Lubumbashi (Congo).
Les villes en première ligne
Si les effets des températures nocturnes élevées varient d’un pays à l’autre et au sein d’un même territoire, les populations à faible revenu reste touchées de manière disproportionnée, « en partie en raison des différences de qualité du logement et d’accès à la climatisation ».
L’impact des nuits chaudes est également exacerbé dans les villes, en raison des îlots de chaleur, soit l’élévation localisée des températures due à une combinaison de facteurs liés aux infrastructures et à l’activité urbaine. « Les effets des îlots de chaleur continueront d’affecter un nombre croissant de personnes à mesure que la population mondiale continue de s’urbaniser rapidement, avec près de 57 % de la population mondiale vivant dans les villes en 2022 et 68 % selon les prévisions d’ici 2050 », rappellent les auteurs du rapport.
Pour le Climate central, la principale cause de ce réchauffement est sans surprise l’augmentation des niveaux de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère due à la combustion du charbon, du pétrole et du gaz naturel. Les activités humaines polluantes, comme le transport, l’industrie de la construction ou la production d’électricité en sont les premiers responsables.
Risques de mortalité accrus
Les effets sur la santé des population sont multiples, allant d’un simple inconfort et d’une qualité de sommeil perturbée à un accroissement des risques de mortalité. « Les températures nocturnes élevées sont particulièrement dangereuses car elles empêchent le corps de se refroidir et de récupérer de la chaleur diurne. Cela augmente le risque d’accident vasculaire cérébral, d’autres maladies cardiovasculaires et de mortalité ».
Plus généralement, un sommeil de courte durée et de mauvaise qualité a de nombreux effets négatifs sur la santé physique et mentale, notamment « une altération de la fonction immunitaire, des effets cardiovasculaires indésirables, des risques de cancer, de diabète, de troubles de santé mentale, des comportements suicidaires et une espérance de vie plus courte », relèvent les scientifiques.
Les groupes de populations les plus vulnérables, comme les nourrissons, les personnes âgées et les femmes enceintes, sont davantage exposés aux risques.
« Par exemple, le manque de sommeil et les troubles du sommeil chez les femmes enceintes ont été associés à un risque accru d’accouchement prématuré, à divers problèmes de santé maternelle, à la dépression post-partum et à des effets fœtaux indésirables »
Cette analyse, mise à jour du récent rapport Sleepless Nights du même centre de recherche, fournit un rapport détaillé examinant les impacts de la chaleur nocturne sur les régions, les pays et les villes du monde entier. Un appel de plus à revoir nos modes de vie et de production bien trop gourmands en énergie.
– L.A.
Photo de couverture de cottonbro studio. Pexels.