Corée du Sud : « On pend les chiens car l’électricité coûte trop cher »

En plein Jeux Olympiques 2018, l’affaire a de quoi faire tache. En Corée du Sud, les chiens destinés à être mangés comme plat « traditionnel » vivent un véritable calvaire. Profitant du cadre des J.O. de Pyeongchang, une vidéo publiée par le HuffingtonPost l’année dernière revient sur les sévices auxquels ces animaux sont soumis dans les élevages, créant une nouvelle fois l’indignation. Pendant que certains appellent à un renforcement des contrôles étatiques pour mieux contrôler ces activités, d’autres plaident pour une législation plus ferme afin de mettre fin à cette industrie funeste.

En Corée du Sud, la viande de chien est associée dans la tradition a des prétendues vertus énergétiques. Du moins pour une petite partie de la population. Bien que les jeunes générations semblent s’en détourner, la demande restant présente, au moins assez pour entrainer le sacrifice de plusieurs centaines de milliers de chiens chaque année. De nombreux restaurateurs continuent à servir la soupe à base de chien, le bosingtang, notamment à Pyeongchang, à proximité des installations des Jeux Olympiques.

dogs in cageLe triste sort des chiens dans les élevages sud-coréens

Si un million de chiens sont abattus chaque année dans le pays afin de répondre à la demande des consommateurs, il serait réducteur de penser que tous les Coréens raffolent de cette viande (de même pour la Chine). Seul 30% d’entre eux en consommeraient. Dans le même temps, la population est divisée quant à l’avenir des élevages : 40 % de la population s’exprime en faveur de son interdiction.

Mais en dehors de la Corée du Sud, les critiques sont sévères et ressurgissent régulièrement, en particulier à l’occasion des grands évènements internationaux – notamment sportifs – qui se tiennent dans le pays. Outre le fait que dans la culture occidentale les chiens sont associés à des animaux de compagnie, ce sont les conditions de vie atroces qui sont pointées du doigt.

Comme le montrent les images du HuffingtonPost, dont les équipes se sont rendues dans l’un des élevages, les chiens vivent dans des conditions déplorables. Enfermés dans des cages surélevées au dessus de leurs propres excréments, les chiens manquent cruellement d’espace, de liberté et de soins élémentaires. Les éleveurs ayant eux-mêmes du mal à vivre de leur activité, les chiens sont nourris d’une bouillie composée des restes de restaurants et cantines. Vers l’âge de deux ans, à la fin de leur développement, les chiens sont abattus, par électrocution, et parfois par pendaison, d’après les propos d’un éleveur interrogé dans la vidéo du HuffingtonPost qui explique : « On pend les chiens car l’électricité coûte trop cher ».

Extrait du reportage

Le pays tente de faire taire la polémique

Face aux nombreuses critiques sur le plan national et international, la demande pour la viande de chien est toutefois légèrement en baisse. Ainsi, certains éleveurs sont amenés à mettre la clé sous la porte, souvent en l’échange de contreparties gouvernementales. Les chiens sont alors adoptés dans des familles, essentiellement occidentales. Certains y voient d’ailleurs le grand paradoxe de la mauvaise presse dont fait l’objet cette industrie bien au delà des frontières. Des éleveurs ou restaurateurs qui voient leurs activités dépérir gardent un goût amer dans la bouche, alors que les oppositions viennent en majorité de l’Occident, où d’autres animaux d’élevage (cochons, vaches, etc…) sont enfermés dans des conditions comparables selon eux. Mais les associations de protection des animaux se défendent en rappelant qu’elles mènent également des actions en Europe et aux États-Unis et que leur cause est la protection du bien être animal de manière générale, dans tous les secteurs de la société, les animaux n’ayant que faire des frontières humaines.

Pour éviter ce type de polémiques, le gouvernement coréen avait d’ailleurs ordonné que les enseignes cessent de proposer aux clients des plats à base de chien pendant les jeux Olympiques d’hiver, mais la consigne n’a pas été suivie. Sur les douze restaurants du comté de Pyeongchang qui proposent du chien au menu, seuls deux ont répondu de manière favorable à la demande gouvernementale en acceptant les compensations financières des autorités. Plusieurs appels au boycott des J.O. et des pétitions ont été lancées dans l’espoir inespéré de faire bouger les lignes. Pendant ce temps, la souffrance des chiens, bien réelle, continue…

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