L’ONG Foodwatch a récemment publié les résultats d’une étude choc portant sur la présence d’hydrocarbures dans 120 produits alimentaires de base en France, en Allemagne et au Pays-Bas. Il s’avère qu’au moins la moitié contiendrait des huiles minérales issues du pétrole…

La nouvelle fait froid dans le dos. Selon cette étude menée par l’ONG Foodwatch, on retrouverait des huiles minérales issues du pétrole dans une part alarmante des produits alimentaires de base au cœur de l’Europe. La plupart des céréales testées, ainsi que des denrées aussi basiques comme le riz ou des lentilles, seraient notamment contaminées.

La France, le mauvais élève…

Les hydrocarbures en question sont respectivement les MOAH (hydrocarbures aromatiques d’huiles minérales), qu’on soupçonne être mutagènes, cancérigènes et dangereux sur le plan hormonal, ainsi que les MOSH (hydrocarbures saturés), qui auraient tendance à s’accumuler dans divers organes et à les endommager. Dans le domaine, la France apparait comme le pire des élèves. L’étude publiée par Foodwatch a évalué le pourcentage d’aliments contaminés par les MOSH à 60% dans l’hexagone ! et à 83% par les MOAH tous pays testés confondus.

Même si Foodwatch estime que ces résultats sont « préoccupants » en termes de santé publique, il n’existe à l’heure actuelle aucune législation qui permettrait de réguler les quantités d’hydrocarbures présentes dans nos aliments. L’EFSA (autorité européenne de sécurité des aliments) estime pourtant que l’absorption de MOAH est « potentiellement inquiétante », mais comme le souligne Ingrid Kragl, le débat est relativement discret et peu médiatisé à ce jour. En effet, en 2011, la question s’était posée à l’Assemblée suite à un article de l’association Que Choisir qui réclamait justement une régulation à ce propos. Les ministres de la Santé, de l’Économie et de l’Agriculture s’étaient alors mutuellement rejeté la responsabilité jusqu’à ce que la polémique se tasse.

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Comment des dérivés de pétrole atterrissent dans l’alimentation ?

Par ailleurs, il est intéressant de se demander d’où viennent ces hydrocarbures. D’après Foodwatch, les huiles contaminent les aliments tout au long de leur fabrication industrielle et même au-delà. Les produits utilisés par les machines, la pollution environnementale, ou encore l’emballage et le conditionnement (plus particulièrement les emballages à base de papier recyclé), sont cités comme des causes majeures de cette migration indésirable. Si l’emballage reste la première cause de contamination, c’est l’intégralité du processus de fabrication et de conditionnement utilisé par l’industrie alimentaire qui devrait être remis en cause pour réduire la toxicité de ces produits consommés par une majorité d’européens. Ceci représenterait un coût astronomique pour l’industrie si des mesures contraignantes devaient être adoptées par les autorités.

Pour faire bouger les choses, Foodwatch a lancé une pétition en ligne le 27 octobre dernier afin d’exiger une régulation des seuils limites de ces substances, ainsi qu’une tolérance zéro à l’égard des MOAH. L’ONG demande aussi à ce que l’industrie alimentaire conçoive des « barrières efficaces » à ce transfert d’hydrocarbures dans nos aliments. Selon eux, des solutions ont déjà été étudiées par les chercheurs de l’industrie alimentaire, il ne s’agit plus que de les déployer et de s’y tenir. Faute d’action concrète, il reste la solution du boycott au profit des filières locales, artisanales ou biologiques (non-industrielles).

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Cette étude, « la plus grande jamais menée » à ce propos, a été livrée à Foodwatch via un laboratoire indépendant qui tient à rester anonyme, mais dont les méthodes détaillées furent rendues publiques. Le RES (réseau environnement santé) a tenu à apporter son soutien à Foodwatch pour mener à bien cette campagne d’information militante, évoquant une « crise sanitaire globale » qui empoisonne de toutes parts les consommateurs. L’information peine cependant à circuler, perdue dans le flot de scandales industriels au point où on se demande si le consommateur ne s’y accommode pas…

Dans leur côté, les marques et industries français épinglés par l’étude n’ont globalement pas souhaité répondre aux questions de Foodwatch. Celles qui répondent minimisent le problème ou esquivent les questions importantes. Aucun des aliments n’a été retiré de la vente à la suite de cette découverte. Certaines marques ont cependant commencé à prendre des mesures. En Allemagne, par contre, un fabricant de riz a retiré son produit du marché à la vue des résultats de l’étude. « Ces aliments présentent un risque potentiel pour la santé : ils ne devraient plus être disponibles à la vente ! » exprime Foodwatch. Parmi les grands noms concernés par cette affaire et qui refusent de répondre, on retrouve : Auchan, Intermarché, Système U, Unilever, Panzani (qui possède également Taureau ailé, Lustucru, ainsi que les marques de couscous Regia et Ferrero), Tipiak, Mars,… (liste complète) Quant à Nestlé, BN, Van Houten, Carrefour et l’ANIA, ils minimisent le problème et/ou refusent d’admettre que la présence d’hydrocarbures (MOAH) représente un risque pour la santé des consommateurs. Circulez, il n’y a rien à voir.


Source : wedemain.fr / foodwatch.org / Toutes images à la discrétion de Foodwatch / Auteur : Soulcié

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