Georges Bailey vit à Bedford Falls dans l’État de New York depuis son enfance. Désireux de vouloir explorer le monde et d’entreprendre des études d’architecture par la suite, il se voit contraint d’abandonner ses rêves en raison de nombreux obstacles sur son chemin. Georges Bailey va donc faire des choix courageux qui impacteront son existence. Retour sur un chef-d’œuvre du septième art… 

Peu après la seconde guerre mondiale et voulant s’émanciper d’Hollywood, Frank Capra créa sa propre société de production indépendante nommée Liberty Films, dont La Vie est belle est le premier long métrage. Si cette société ne produisit que deux œuvres au total, l’entreprise ayant été rachetée par la Paramount par la suite, La Vie est Belle est aujourd’hui considéré comme un classique du cinéma américain, malgré son échec financier. Il fait partie de ces films que l’on aime regarder en période des fêtes, mais force est de reconnaître qu’il manque de reconnaissance. Peut être mérite t-il d’être davantage connu, tant son message universel brille d’une beauté rare.

Georges Bailey, un Humaniste au service des autres

La Vie est Belle (It’s a Wonderful Life) nous amène dans les pas de Georges Bailey, un homme généreux au service du bien, qui vit dans la ville de Bedford Falls (État de New York), depuis son enfance. Alors qu’il attend cet évènement depuis des années et qu’il s’apprête à réaliser son rêve d’enfant, faire le tour du monde tel un explorateur puis ensuite entamer des études d’architecture, son père décède et Georges se voit contraint de reprendre l’entreprise familiale. Une association de construction et de prêts qu’il se refuse d’abandonner car elle permet aux foyers les plus modestes de trouver un logement, et de devenir propriétaires. S’il part, il laissera le marché à l’avide banquier M. Potter uniquement motivé par le profit et l’amoncellement de richesses. Dès cet instant, la vie de Georges, déjà grandement tournée vers les autres, va devenir une succession de sacrifices qui se fera malheureusement au détriment de son moral. Son bon caractère, son courage et son altruisme qui s’étaient déjà exprimés lors du sauvetage de son petit frère plus jeune, vont devenir le leitmotiv de son existence.

« Tu n’aimes pas les noix de coco ?! Tu sais d’où elle viennent ? De Tahiti, les Îles Fidji, la mer de Corail. J’ai été nominé pour être membre de la National Geographic Society, je vais partir explorer le monde un jour, tu verras. Attends de voir. »

VB1Georges Bailey jeune. Capture d’écran. Copyright © 1947 Liberty Films / Courtesy Pyxurz

La non réalisation de son rêve d’exploration du monde et le manque d’argent vont entraîner Georges Bailey dans une spirale infernale et destructrice de frustration, de colère et de tristesse. Trois venins qu’il devient difficile d’éradiquer dès lorsqu’ils commencent à se nourrir du cœur et de l’âme d’un être humain déjà fatigué. Un soir aux abords d’un pont, accumulant les ennuis matériels et les insatisfactions, Georges va vouloir en finir avec son existence, et ce malgré une vie de famille plutôt heureuse. C’est à ce moment précis qu’il fera la rencontre d’un curieux personnage l’invitant à regarder sa vie, l’impact considérablement positif de cette dernière, mais surtout la cruciale importance de sa présence sur Terre. Un curieux personnage rencontré au détour d’une dimension fantastique qui va montrer à Georges à quel point ce dernier a changé des vies, sans même en avoir conscience.

« C’est étrange n’est-ce pas ? La vie d’un Homme touche tant d’autres vies. Quand quelqu’un n’est pas là, il laisse un vide immense, n’est-ce pas ? »

Plusieurs lectures possibles 

- Pour une information libre ! -Soutenir Mr Japanization sur Tipeee

On peut apprécier La Vie est Belle comme un simple film racontant une jolie histoire aux accents féeriques propre à la « magie » de Noël, mais on peut aussi aller plus loin en y décelant un message fort, profond et puissant contre l’isolement, la pauvreté et l’indifférence. Si Georges Bailey incarne le bien et la générosité, le riche homme d’affaires de la ville M. Potter, incarne quant à lui tout l’opposé. En cela le personnage de Georges Bailey peut être vu comme une incarnation de l’esprit de résistance et de lutte sociale, face à un système financier écrasant tout sur son passage. Georges Bailey veut maintenir un accès au logement pour les familles les plus modestes, et cela même si cela lui en coûte personnellement, alors que M. Potter veut étendre son emprise sur la ville et augmenter ses richesses sur le dos des plus pauvres. Ce système oppressant qu’incarne M. Potter obligera même Georges Bailey à égratigner sa dignité, afin d’éviter un nouveau drame. C’est là tout le symbole du propos, l’anéantissement d’une des choses les plus précieuses, la dignité humaine, au profit de l’avidité.

WL2Georges Bailey (personnage principal). Capture d’écran. Copyright © 1947 Liberty Films / Courtesy Pyxurz

La Vie est belle apparaît comme un antidote à la morosité, une leçon de vie, mais surtout un formidable questionnement sur l’insatisfaction permanente des vies que l’on mène. Le film s’apparente davantage à un conte qui met en valeur le positif, et qui relaye au second plan la négativité qui peut facilement gagner et ronger le cœur des Hommes. La narration extérieure qui rythme le film accentue encore davantage cet esprit universaliste très prégnant. Critiqué par certains à sa sortie et encore aujourd’hui pour son aspect jugé lisse et « Amérique traditionnelle » , il se pourrait bien que le petit bijou de Capra n’ait pas été lu sous tous ses angles possibles, et ne soit pas toujours apprécié à sa juste valeur.

Le long métrage du réalisateur phare permet également la transmission de cette idée si chère au milieu militant et aux idéalistes, que chaque acte compte. Même les plus petits, même ceux qui peuvent nous sembler insignifiants, tous comptent. Une idée qui, semble t-il, ne doit pas être perdue de vue. Métaphoriquement, le film représente le triomphe du bien sur le mal qui s’incarne par le rejet de la précarité et de la solitude au bénéfice de la solidarité et de la justice sociale et humaine. La Vie est Belle c’est aussi la célébration des Hommes ordinaires, des héros du quotidien avec leurs défauts et leurs qualités qui en font des personnages uniques et complexes.

Plus tard, dans son autobiographie, Frank Capra décrira La Vie est belle en ces mots :

« La Vie est belle n’était fait ni pour les critiques blasés, ni pour les intellectuels fatigués. C’était mon type de film pour les gens que j’aime. Un film pour ceux qui se sentent la, abattus et découragés. Un film pour les alcooliques, les drogués et les prostituées, pour ceux qui sont derrière les murs d’une prison ou des rideaux de fer. Un film pour leur dire qu’aucun homme n’est un raté. »

Pour leur dire qu’aucun Homme n’est un raté.

Une Bande Annonce « Hommage » réalisé par un fan 

NB : On notera également que le film fut étiqueté  » propagande communiste  » par le FBI, dirigé par John Edgar Hoover à l’époque (source : lefigaro.fr).


Découvrir le film en version originale : LIEN

PS : Nous ne sommes pas responsables du contenu général du site hébergeant la vidéo du long métrage.


Sources : allocine.fr / wikipedia.org

Image / Photographie d’illustration : Copyright © 1947 Liberty Films / Courtesy Pyxurz

- Cet article gratuit et indépendant existe grâce à vous -
Donation