Une grande manifestation regroupant de nombreuses associations aura lieu le 12 juillet devant le Marineland d’Antibes pour protester contre la détention des delphinidés (dauphins, orques), mais surtout afin de sensibiliser un vaste public à cette cause. Seront notamment présents Richard O’Barry (Ric O’Barry), ancien dresseur de dauphins pour la série Flipper et fondateur du Dolphin Project (Ric O’Barry est également au coeur du film The Cove), mais aussi John Hargrove, un ancien dresseur de dauphins ayant travaillé pour SeaWorld et pour le Marineland d’Antibes, pour ne citer qu’eux.
Depuis quelques temps, force est de constater que la captivité des cétacés dans les parcs zoologiques interroge de plus en plus les citoyens. Certains médias généralistes commencent également à s’intéresser sérieusement à la question et le débat gagne du terrain. Les actions et les manifestations se multiplient en faveur d’un nouveau regard sur ces mammifères marins au mode de vie d’une complexité rare. Des associations spécialisées ainsi que de simples activistes demandent l’arrêt des spectacles de delphinidés dans les parcs, ainsi que la fin de l’industrie de la captivité.
Motivations et objectifs de la manifestation
La manifestation du 12 juillet est organisée par plusieurs associations différentes. Elle aura globalement pour but de conscientiser un maximum de personnes, dans le respect et le pacifisme. Un programme complet est prévu : distribution de DVD, tracts, discours et débats afin d’impacter le plus de monde possible.
La vie en captivité semblerait inadaptée aux delphinidés, ces grands prédateurs habitués aux longues distances et aux grandes profondeurs. Ces derniers sont également habitués à parcourir de nombreux kilomètres chaque jour afin de combler leurs besoins vitaux. La soumission à l’Homme passant par le dressage serait fatal pour ces animaux sur le long terme (rappelons que la moyenne d’âge en captivité est très inférieure à celle en liberté), allant jusqu’à en rendre certains psychotiques. Le cas de Tilikum est en lui-même assez parlant (trois décès à son actif), mais les attaques d’orques ne sont pas un fait rare dans cette industrie, en témoigne le célèbre film Blackfish / L’orque tueuse). Les associations dénoncent également le fait que les parcs administrent des tranquillisants à leurs animaux et pratiquent l’insémination artificielle, ce qui a donné lieu à des naissances consanguines. Les familles (groupes) recréées en bassins sont ainsi factices.
Un dauphin (Tursiop truncatus) se jetant sur les rebords de son bassin – Credit : blog-les-dauphins.com
Si tous les dauphins ne peuvent pas être réhabilités et relâchés en pleine mer du jour au lendemain, des baies en milieu naturel peuvent quant à elles voir le jour. Certains delphinidés (orques et dauphins confondus) pourraient être réhabilités à reprendre le large après un processus de remise en condition de longue durée. Les différentes associations et intervenants spécialisés parlent de cas par cas, selon les individus, le tout strictement encadré. Une des solutions apportées est également la création de baies en pleine mer (refuges) où les dauphins et orques pourraient vivre en semi liberté, sans être contraints aux « shows » du divertissement et à ses composantes commerciales (différence entre refuge et cirque). Tous ne pourront cependant pas être remis en liberté, surtout ceux qui sont atteints de troubles psychologiques, mais des solutions plus éthiques existent.
Ric O’Barry, expert travaillant depuis des années sur la question, établit peu à peu, au gré de ses voyages, son projet de création d’un sanctuaire pour recueillir les cétacés qui ne pourront pas se réhabiliter à la vie sauvage. « Il y a des sanctuaires pour les éléphants, pour les félins ou encore pour les chimpanzés, mais il n’en existe aucun pour les dauphins, et je rentre tout juste de Grèce où il y a un mouvement pour construire un tel refuge. » (Discours de la manifestation européenne du 28 juin 2014, à Bruxelles devant l’Atomium)
[youtube=https://www.youtube.com/watch?v=8bXdfOEJQzQ]
Un dauphin (pseudorque) se jetant complètement en dehors de son bassin
Le programme complet de la manifestation :
− 9H30 : Distribution de DVD «The Cove, la Baie de la Honte» et Blackfish, l’Orque Tueuse
− 10H00 : Discours d’ouverture d’Arthur, 10 ans, porte parole de la jeune génération
− 10H15 : Discours d’Ilaria Ferri. 11H00 – Discours de Pierre Robert de Latour
− 11H30 : Minute de silence a la mémoire de Freya (décédée en juin 2015)
− 14H00 : Discours de John Hargrove
− 14H30 : Signature de la banderole Watch Blackfish
− 15H00 : Photo géante de groupe
− 16H00 : Discours de Ric O’Barry. Les discours des VIP seront tous suivis de 15 mn de questions/réponses
Tout au long de la journée, des brochures d’information seront diffusées et des activités ludiques seront proposées aux enfants.
Associations organisatrices :
− C’est Assez : Site / Facebook
− Back to the Sea, agir contre les delphinariums : Site / Facebook
− Réseau Cétacés : Site
− La Dolphin Connection : Site / Facebook
Associations participantes :
− Dauphins Libres et Dauphins Captifs : Site / Facebook
− Orques sans Frontières : Site / Facebook
− Réseau Animavie : Site
− Collectif Animalier du 06 : Site
− Animus Cause Animale : Site / Facebook
− Dignité animale
− 269life France : Site / Facebook
− Association pour la Protection des Animaux Sauvages : Site / Facebook
− La Fondation Brigitte Bardot : Site / Facebook
− L214 Ethique & Animaux : Site / Facebook
− Marine Connection
− L’Association Végétarienne de France : Site / Facebook
Et avec l’aide du Restaurant Bijou Plage à Antibes
Les invités d’honneur de la manifestation
À noter qu’une seconde manifestation aura lieu le 15 août devant le Marineland d’Antibes, organisé par Les Sans voix Paca : Lien de l’événement
Les delphinidés sont-ils des « personnes » non-humaines ?
Les dauphins (comprenant l’orque : le plus grand des dauphins) sont reconnus comme étant une espèce très intelligente et sociable, à laquelle on reconnaît également une grande curiosité et le sens de la collectivité. D’un point de vue scientifique, certaines études ont rapporté que les dauphins utilisent des modes de communication proches de ceux des Hommes. Ils montrent également une capacité à apprendre de nouvelles choses et à les transmettre, ils seraient ainsi considérés comme des animaux « culturels » partiellement. On sait aussi qu’ils utilisent un système d’écholocalisation et très probablement un langage spécifique à travers lui. (source) Face à ces évidences, l’Inde a reconnu les dauphins comme des personnes en 2013 et de nombreux pays ont banni les delphinariums de leur territoire.
Un exemple d’entraide chez les dauphins :
[youtube=https://www.youtube.com/watch?v=urkiGF0G5_I]
Une interaction stupéfiante entre un dauphin et un être humain. On peut voir un dauphin qui demande de l’aide à un plongeur :
[youtube=https://www.youtube.com/watch?v=qx1UFWl9jKY]
Les interactions des dauphins avec l’être humain sont nombreuses et ont souvent été rapportées comme quelque chose de très particulier. Les cétacés sont généralement appréciés et assez respectés dans l’opinion. Les dauphins (tout comme les baleines) possèdent en effet un grand « capital sympathie » auprès du public. Une sympathie exploitée par les parcs marins qui prétendent les protéger alors qu’il s’agit d’un business évident.
L’imaginaire collectif évolue indéniablement sur la question de la captivité animale. Faut-il libérer ces êtres majestueux, qui, rappelons-le, ne font pas partie des animaux en danger dans leur milieu naturel ? (les cétacés sont tout de même considérés comme vulnérables par la CITES en raison des menaces qui pèsent sur eux : pollution chimique et sonore, destruction de leur environnement, raréfaction des ressources, etc.)
À titre informatif et en compléments d’informations :
Avant Blackfish, il y eu également The Cove, la baie de la honte, qui documente les tueries de dauphins dans la baie de Taiji une fois par an, de septembre à mars. Selon The Cove, et son interlocuteur principal, Richard O’Barry, ces tueries sont directement connectées au business de la captivité. Lors de la saison de chasse, à Taiji, beaucoup de dauphins sont capturés et envoyés dans les parcs zoologiques. Si la destination des futurs captifs est difficilement traçable, les associations et ONG spécialisées sur le sujet pensent qu’ils partent principalement et généralement à destination des bassins asiatiques. En effet l’Association japonaise des zoos et aquariums (JAZA) se procurait des dauphins en provenance de Taiji. La JAZA a cependant annoncé en mai de cette année qu’elle ne se procurerait plus de dauphins venant des tueries de Taiji, à l’avenir. L’association japonaise reste ainsi membre de l’Association mondiale des zoos et aquariums (WAZA) qui interdit à ses membres le commerce de dauphins capturés à Taiji. (source)
Notons que le Marineland d’Antibes n’importe pas de dauphins de Taiji, ce qui ne l’a pas empêché de détenir une orque capturée en milieu naturel, à savoir Freya. Cette orque femelle de 32 ans, qui vient d’ailleurs de décéder, avait été capturée dans les eaux islandaises. En milieu naturel, elle aurait pu vivre deux à trois fois plus longtemps.
Sources : freedolphinsbelgium.wordpress.com / seashepherd.fr / reseaucetaces.fr / blog-les-dauphins.com : 1 . 2 . 3 . 4
