Danit Peleg est une jeune étudiante en design ayant pour volonté de démontrer tout le potentiel de l’impression 3D. Pour son examen de fin d’année, elle a décidé d’aller à contre-courant de ses camarades en créant des vêtements 100% imprimés en 3D à la maison, sans véritable connaissance dans le domaine. Véritable succès, le projet questionne plus que jamais l’industrie de la mode qui exploite en masse les ouvriers des pays émergents. Doit-on s’attendre à une révolution dans le domaine ?

Danit Peleg ne connaissait absolument rien à l’impression 3D il y a encore peu de temps. Lorsqu’elle a proposé à ses professeurs de l’Université Shenkar d’Ingénierie et de Design de créer une collection innovante de prêt-à-porter 100% imprimée en 3D chez elle, autant dire qu’ils furent quelque peu sceptiques. Pourtant, son projet va s’avérer être une véritable réussite.

Bien qu’elle n’ait pas remporté le prix Shenkar du meilleur projet de l’année, la vidéo présentant ses 5 créations a attisé la curiosité de plus d’un million de spectateurs et des médias partout à travers le monde, s’émerveillant devant ces pièces de vêtement faites maison et nettoyables au lave-vaisselle. Une chose est certaine, l’impression 3D questionne la jeune génération.

En effet, le projet de cette étudiante n’a fait que révéler la faisabilité de créer une collection de prêt-à-porter entièrement conçue avec des imprimantes 3D de maisons, achetées simplement dans le commerce, plutôt qu’avec des imprimantes industrielles. Et c’est là toute l’importance de son projet. Il n’est plus nécessaire d’investir des sommes colossales d’argent pour créer des vêtements et le processus est moins cher d’année en année. En pratique, ceci signifie que l’industrie lourde va indéniablement se réformer dans les années à venir, alors que les citoyens auront de plus en plus le choix de devenir eux-mêmes des producteurs avec toutes les conséquences positives et/ou négatives qu’on imagine.

Pour concrétiser la chose, 5 mannequins ont défilé sur un podium afin de présenter au public l’ouvrage de la jeune étudiante. Des créations allant des vêtements aux chaussures jusqu’aux sacs à main, le tout fabriqué par impression 3D. Le style de cette collection ne manque pas de rappeler les créations modernes et avant-gardistes de Paco Rabanne, qui déjà à l’époque était en quête de matières « hors mode », mais également les formes géométrique des années 60/70.

Il aura tout de même fallu près de 2000 heures de travail pour aboutir à ce résultat avec l’aide d’imprimantes 3D relativement basiques et du logiciel informatique Blender. De quoi créer des morceaux de textile en dimension A4, la dimension maximale pour une petite imprimante maison, assemblés ensuite pour former vêtements et accessoires.

Danit Peleg a passé beaucoup de temps à imaginer comment utiliser une imprimante 3D pour ses besoins, comment trouver la matière adéquate et comment concevoir les éléments et motifs. Elle s’est rapidement rendue compte que pratiquement personne n’imprime des vêtements en 3D car la matière employée était du plastique, ce qui rend les vêtements inconfortables à porter. À force de recherches, la jeune fille va découvrir le FilaFlex, un filament élastique thermoplastique à base de polyuréthane doux, confortable, flexible et plus durable que la plupart des autres matières. Elle va alors s’associer à la marque de cette matière étonnante pour concrétiser son projet.

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A l’aide de sa propre imprimante 3D Witbox, au sein de ce qu’elle nomme son « laboratoire de geeks », et avec le soutien d’une communauté d’innovateurs en créations 3D, l’étudiante a élaboré plusieurs schémas permettant de concevoir sa collection de la tête aux pieds.

Afin d’encourager les autres designers de mode à utiliser l’impression 3D, Danit Peleg a partagé gratuitement l’ensemble de son procédé de création, étape par étape, sur le site internet Reddit. Elle avoue s’être inspirée de la créatrice de mode néerlandaise Iris Van Herpen, à l’origine de nombreuses pièces 3D mais à l’aide de machines industrielles. La jeune fille préfère cependant proposer une alternative abordable, locale et à quasi-artisanale en la matière.

La jeune femme explique : « Je pense que nous verrons de plus en plus de créateurs de mode utiliser l’impression 3D. D’ici quelques décennies, des fichiers d’impression seront disponibles à l’achat en ligne, cela deviendra normal pour les gens d’imprimer leurs propres vêtements. Les designers n’auront plus besoin d’aller en Chine pour produire des vêtements. Il leur suffira de créer un design et de poster le fichier en ligne. Je ne pense pas qu’il soit pratique pour les gens de porter du caoutchouc au quotidien, ma collection est très conceptuelle. Mais je suis sûre que ces pièces seront bien plus sympas à porter si nous pouvons les fabriquer avec du coton. Dans quelques années, la matière que nous utiliserons dans les machines sera peut-être le polyester, ce sera bien plus agréable à porter. Les choses vont aller de plus en plus vite, nous aurons des machines bien plus pratiques à utiliser. Le changement va être énorme dans le monde de la mode. »

Si pour l’instant la matière première plastique n’est pas la plus saine pour l’environnement, balbutiements de la technologie oblige, les alternatives pointent doucement le bout de leur nez et on imagine déjà la possibilité d’imprimer en un caoutchouc à base de plante et biodégradable comme il en existe déjà. En dehors de cet aspect écologique, c’est la réappropriation de l’outil par le citoyen qui semble être l’enjeu le plus important de l’impression 3D. En effet, si le capitalisme se fonde sur l’accaparement de l’outil productif par le capital, réduisant le citoyen à un simple consommateur / travailleur, l’imprimante 3D réconcilie le citoyen à l’outil productif. Ainsi, on observe que les communautés autonomes, artisans, créatifs culturels et généralement ceux qui aspirent à une certaine liberté, sont parmi les premiers à faire de l’impression 3D un outil de leur indépendance. Parallèlement, on peut craindre qu’un effet de mode pousse des consommateurs à produire une masse d’objets inutiles et polluants. À suivre…


Sources: danitpeleg.com / timesofisrael.com

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