Il y a neuf mois, « Ma Ferme » nous contactait pour partager son projet fou : racheter une ferme sur le point de fermer, afin d’en faire une ferme coopérative innovante. Aujourd’hui, ils sont déjà plus de 1000 porteurs de projets agricoles et ruraux. Une initiative inspirante à découvrir.

Nous avons besoin de nouveaux récits. D’imaginer et de rêver des voies alternatives de vivre-ensemble. De se projeter. Pour se raccrocher, pour avancer, pour lutter. Mais, au-delà du rêve, nous avons besoin de voir du concret. De voir des projets tangibles se monter devant nos yeux. De s’inspirer. Pour inspirer à son tour. Sur Mr Mondialisation, nous ne cessons de partager des initiatives et projets de ce type. Car nous croyons fermement que, si dénoncer est nécessaire, apporter des solutions l’est tout autant.

Quand « Ma Ferme » nous a contactés à ses débuts, il y a neuf mois, nous étions déjà impressionnés de l’ampleur que prenait le projet. La coopérative nous a donné de ses nouvelles il y a peu. Et autant dire que nous ne nous attendions pas à de si belles nouvelles ! Récit d’une initiative positive.

Crédits photo : page facebook de Ma Ferme

Racheter une ferme sur le point de fermer, c’est possible ? 

Quelle question ! En janvier 2021, « Ma Ferme » s’était lancé comme pari de collecter 1.000.000 d’euros en six semaines, sur un budget total (travaux inclus) de 2.500.000 euros. En à peine un mois et grâce au soutien de centaines de coopérateurs, quand il nous a contactés pour la première fois, le collectif avait déjà récolté 850.000 euros. 

A l’époque, Stephan De Brabandere, l’un des initiateurs du projet, nous confiait :

« c’est naturellement très encourageant ! Mais au-delà de ce premier objectif financier, que nous sommes proches d’atteindre, ce qui est avant tout encourageant, c’est de constater l’enthousiasme autour de cette aventure, qui ne cesse de se développer. »

Cette aventure ? Racheter la ferme dite “Courte-au-Bois” implantée entre Enghien et Silly dans le hameau de Labliau en Belgique, menacée de fermer, pour la transformer en une véritable ferme coopérative. Les valeurs de ce collectif, guidé par l’urgence de construire un monde plus durable et inclusif, ont rencontré la sensibilité de l’ancien propriétaire des lieux, qui leur donnait jusque fin janvier pour signer l’acte d’achat de sa ferme. 

Crédits photo : page facebook de Ma Ferme

Cette idée, née de plusieurs mois de réflexion pendant la crise sanitaire, rassemble des profils variés. À l’origine de « Ma Ferme », on retrouve en effet un épicier, une journaliste, une ergothérapeute, un enseignant, un comptable ou encore une maraîchère. Si le groupe est porté par des motivations variées, il aspirait déjà à concrétiser plusieurs objectifs communs.

« Cela passe non seulement par la création de synergies entre des entrepreneurs qui débutent, mais également par la production d’aliments à travers l’élevage et le maraîchage ou encore par l’organisation d’événements et l’installation de petits hébergements. », expliquait Stephan De Brabandere. Ce n’est pas tout : une petite école inclusive pourrait aussi y voir le jour. Bref, les idées ne manquaient pas ! 

Et maintenant ? 

« Ma Ferme » a réuni plus de 1000 coopérateurs ! Ce sont donc plus de 1000 personnes qui souhaitent investir dans cette coopérative pour développer des projets agricoles et ruraux à visée tant écologique que sociale. Depuis la mi-août, le collectif est propriétaire effectif de la ferme : ses premiers habitants, producteurs et artisans s’installent progressivement.

Crédits photo : page facebook de Ma Ferme

Ce 9 octobre, il a voulu fêter cela en organisant une foire festive et rurale. L’objectif ? Rassembler, le temps d’une journée, tous ses coopérateurs actuels ou en devenir, ainsi que toute personne curieuse de cette initiative. Tout était méticuleusement pensé : aucune vaisselle jetable, de la récup’, du don, du prêt temporaire gratuitement mais aussi des visites et promenades, mini-conférences et ateliers pratiques, marché des producteurs, jardin découverte pour les enfants, exposition d’artistes, conteurs, concerts, repas et boissons locaux et de saison.

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Finalement, ce sont plus de 2000 personnes qui sont venues … pour un seul sac poubelle ! Même si les efforts individuels ne constituent qu’une faible part du changement (à ce sujet, lire le rapport Carbone 4 intitulé “Faire sa part”), il est important de les relever. Car faire des efforts sur le plan individuel, c’est aussi incarner et réaliser ses propres valeurs. C’est une manière positive et constructive comme une autre de faire face à l’éco-anxiété grandissante, et d’autant plus quand ces actes sont partagés à plusieurs. 

A présent, les efforts vont à l’investissement dans les infrastructures partagées pour mieux accueillir et développer les différentes activités. Les 20% restants du budget initial y sont destinés, financés par les nouveaux coopérateurs rejoignant « Ma Ferme » cet automne.

Si vous souhaitez aussi devenir coopérateur ou même seulement comprendre le fonctionnement, nous vous invitons à cliquer ici.

Crédits photo : page facebook de Ma Ferme

La coopérative insiste bien sur le fait que tout le monde peut devenir coopérateur et s’installer, tant qu’ il s’engage à respecter et suivre les valeurs prônées sur le site « Pour pouvoir s’installer sur Ma Ferme, les producteurs indépendants devront s’inscrire dans une démarche de circuit-court et être ouvert à des synergies entre producteurs. Les activités de la coopérative Ma Ferme, principalement le maraîchage, respecteront le cahier des charges de l’alimentation biologique.» Pour voir évoluer la coopérative au quotidien, n’hésitez pas à suivre la coopérative sur ses réseaux ! Et c’est par ici, si le fonctionnement vous questionne.

– Camille Bouko-levy

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