De l’eau, on en consomme en permanence. 110 milliards de m3/an en France. C’est un liquide indispensable à tous les moments de notre vie. Notre eau courante vient pour l’écrasante majorité d’entre nous du réseau de distribution public ou privé. Cependant, il existe d’autres moyens de se pourvoir en eau, si on a la chance de vivre dans une maison. Parmi eux, ce don du ciel (littéralement !) qu’est l’eau de pluie.
Les multiples avantages de la récupération d’eau de pluie
Le premier bénéfice, c’est sa qualité ! : l’eau de pluie est naturellement douce, non « chargée » (il y en a, mais peu) en métaux lourds, en pesticides, en nitrates, en résidus médicamenteux. Correctement stockée en cuve enterrée, elle conserve une très bonne qualité dans le temps et stabilise son pH à quasi neutralité ou légèrement basique, on oublie donc le problème d’acidité naturelle de cette eau météorique.
L’eau de pluie, de manière générale, aurait un potentiel qualitatif valorisable bien plus intéressant que la plupart des eaux terrestres.
En dehors de ces considérations gustatives, récupérer l’eau de pluie apparait être un enjeu écologique. L’eau des nappes et des rivières (qui sont de plus en plus souvent polluées) est aujourd’hui soumise à de lourds procédés pour la pomper et à d’importants traitements pour la potabiliser, de plus en plus énergivores. Récupérer l’eau qui ruisselle d’un toit consomme concrètement moins d’énergie que de pomper l’eau en profondeur pour la traiter.
Est-il nécessaire d’utiliser de l’eau potable pour nettoyer sa voiture, arroser son jardin ou remplir sa chasse d’eau ? A l’évidence, non. Même en cas d’installation d’un filtre pour potabiliser votre eau de pluie, vous n’êtes pas obligés de potabiliser l’eau au niveau des sanitaires ou pour l’utilisation extérieure, ce qui évite de consommer inutilement de l’énergie.
L’utilisation de l’eau de pluie a également un impact économique important. Si le coût d’installation et d’entretien des systèmes de récupération et éventuellement de potabilistaion de l’eau de pluie peut se révéler onéreux (jusqu’à plusieurs milliers d’euros); l’eau de pluie, elle, est gratuite. D’un autre côté, l’eau courante de notre réseau de distribution voit son prix augmenter plus vite que l’inflation, ce qui peut devenir un problème pour les ménages modestes.
L’eau de pluie est douce (par opposition à une eau « dure », très minérale). Les appareils électroménagers, les robinets et les tuyaux ne seront pas attaqués par le tartre, ce qui influe indirectement sur la performance et la durabilité des matériels, et par conséquent sur le portefeuille. Un argument intimement lié à la question écologique car en consommant moins d’adoucissants, on réduit son empreinte écologique.
Image : wiki
Autre potentialité intéressante, et qui ne manque pas d’interesser l’objecteur de croissance : c’est l’autosuffisance. Dans une société où nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir vivre en autonomie vis à vis des institutions économiques, la question de l’eau, ressource fondamentale, se pose très vite. Si l’on vit dans un pays où l’eau de pluie est globalement abondante, c’est une possibilité qu’on aurait tort d’ignorer. On estime qu’il faut environ 60m2 de toit par personne pour être totalement autonome en eau. Ce qui n’empêche pas la récupération d’eau de pluie d’être un complément si votre surface ne suffit pas à vous affranchir totalement du réseau.
On pourrait citer d’autres avantages divers mais non négligeables, comme la plus grande efficacité des détergents dans une eau douce ou encore la rétention d’eau en cas d’orage (lutte contre les inondations causées par l’imperméabilisation des sols). Dans le cas d’une utilisation pour l’hygiène, elle est aussi plus agréable sur la peau car peu irritante. Et en cas de potabilisation, l’impact sur la santé par la consommation quotidienne d’une eau naturelle, très peu contaminée et non chlorée est aussi à prendre en compte (sous réserve d’une filtration adéquate).
Un slogan bien expliqué par « Pierre L’écoleau » dit : « Plus on va loin dans les usages, plus ça devient « rentable » ! », en considérant cette « rentabilité » sous ces 3 aspects : qualitatif, économique et écologique.
Dans l’absolu, on peut utiliser l’eau de pluie pour tous les usages classiques de l’eau. En pratique, il est très simple d’utiliser l’eau de pluie récoltée pour arroser son jardin ou laver sa voiture. Avec quelques précautions supplémentaires, on peut l’utiliser pour laver ses sols, alimenter les chasses d’eau. C’est parfois un peu plus complexe, à la fois techniquement et légalement en fonction des pays, mais l’eau de pluie peut-être suffisamment filtrée ou purifiée pour laver son linge, pour nettoyer la vaisselle, pour l’hygiène corporelle et même pour être bue !
À noter qu’en France, l’utilisation de l’eau de pluie est régie par l’arrêté du 21 août 2008 relatif à la récupération des eaux de pluie et à leur usage à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments, et il faut impérativement la potabiliser (elle ne sera alors plus considérée comme de l’eau de pluie et sortira du champ d’application de la réglementation) pour la douche, la vaisselle, et bien sûr la boisson.
Comment récupérer et utiliser son eau de pluie ?
L’obtention de l’eau de pluie nécessite trois étapes. Premièrement, la collecte. Elle va se faire la plupart du temps grâce au ruissellement sur le toit de votre maison et par les gouttières. Toutes les surfaces de toit ne permettent pas de récupérer le même taux d’eau (un toit incliné en tuiles sera évidemment plus efficace qu’un toit végétal). Ensuite, il faut prévoir une bonne pré-filtration avant stockage, très importante pour conserver une bonne qualité d’eau dans le temps. Puis il faut stocker l’eau, dans une cuve de récupération et pour finir, il faut la filtrer un minimum, même pour les usages extérieurs (pour les résidus macroscopiques).
Comme on l’a vu plus haut, une fois récupérée et stockée, l’eau de pluie est directement utilisable en usage extérieur pour l’arrosage ou le lavage de sa voiture, de son vélo, etc. Au niveau des usages intérieurs, tout dépend de ce que l’on veut faire.
Pour la douche par exemple, ou pour tout usage intérieur qui dépasse les sanitaires ou le lavage du sol, mais sans inclure la boisson, un système de filtration par Charbon Actif Granulé (GAC) s’avère indispensable pour toute eau devant être chauffée. En ajoutant un filtre UV, on s’assure qu’il n’y a aucun organisme vivant présent dans l’eau. Avec cette qualité, et selon Eautarcie, on peut utiliser l’eau pour tous les usages qui n’incluent pas la boisson, sans risque pour la santé.
Pour rendre l’eau de pluie vraiment potable, d’un point de vue sanitaire (et légal, en France tout du moins), il faut s’assurer que le ph de la cuve est stable. Ensuite, trois méthodes existent pour potabiliser l’eau de pluie : la microfiltration, l’ultra filtration et l’osmose inverse. Les trois systèmes ont leurs avantages et inconvénients, mais permettent d’obtenir une eau parfaitement potable.
Faut-il hésiter ?
La récupération et la consommation de l’eau de pluie est un enjeu écologique et économique à la portée de tous. Si les travaux et l’investissement nécessaires pour une utilisation « tous usages » de l’eau de pluie peuvent rebuter au début, rien n’empêche de commencer par une récupération simple avec une citerne non-enterrée pour arroser son potager, laver son vélo ou sa voiture. Si l’expérience est concluante, il sera toujours temps de passer à des travaux plus conséquents et/ou recourir à l’assistance de professionnels pour faire entrer le précieux liquide dans votre maison.
N’oubliez pas qu’en cas d’usages intérieurs poussés, votre production d’eau est entièrement sous votre responsabilité, et il va de soi que la plus grande discipline est requise pour l’entretien global de ce type d’installation, puisque la qualité de votre eau d’usage en dépend. C’est le prix de l’autonomie.
-Nanaki
Source : Ec-eau-logis / Eautarcie / Web-libre / Eco-Sapiens / pratique.fr