Overshoot! Cette expression nous est désormais tristement connue. Elle est le symbole d’une société en overdose qui consomme plus rapidement les ressources naturelles qu’elles ne se renouvellent. Entre janvier et juin, la France a consommé tous les poissons que ses eaux peuvent produire en une année. Plus précisément : si la France ne pouvait compter que sur sa propre production de poisson, il n’y en aurait plus dans les étalages depuis le 30 mai. En conséquence, le déficit écologique est de plus en plus important et nous devenons de plus en plus dépendants des autres pays pour nous alimenter. Retour sur un triste record.
L’information, révélée par le think-thank britannique News Economic Foundation a tout pour marquer. Elle indique en effet, à quel point notre régime alimentaire est insoutenable. Si la consommation de poissons était rapportée à l’année, fin mai, la France n’était déjà plus autosuffisante : c’est le Fish Dependence Day. Une date symbolique qui nous oblige à mieux prendre conscience des conséquences de nos comportements sur le mode de vie de personnes vivant autour du monde entier. En effet, comme les français mangent du poisson toute l’année, ces données signifient que pour pouvoir assurer une consommation continue, nous devons puiser dans les réserves des autres pays qui, parfois, peinent eux-mêmes à assurer la sécurité alimentaire de leur population.
Le courrier international s’est penché sur la question dans un dossier spécial datant de de 2015. Il y pointe notamment du doigt « Comment l’Europe épuise les mers africaines », là où pourtant, la famine peut parfois être bien réelle. Malgré les tentatives de développer une réglementation plus protectrice des ressources halieutiques, la France reste, tout comme ses voisins européens et de manière plus générale la majorité des pays du monde entier un mauvais élève en la matière. L’hexagone a d’ailleurs déjà été sanctionnée par l’Union Européenne, mais les quotas autorisés restent trop élevés pour pouvoir espérer une lutte efficace contre la surpêche.
Auteur : Nicolas Jacquette via lecrapaud.fr
Un problème mondial
Au niveau mondial, la consommation de poisson a presque doublé en 50 ans. De 9 kilos par personne et par an en 1960 à 17,1 kilos par personne et par an en 2007. Et les européens sont particulièrement mal placés : en moyenne, chacun consomme 22,1 kilos par an ! Bien plus que la moyenne mondiale. Doucement mais sûrement, nous nous approchons des standards américains dont nous connaissons pourtant l’insoutenabilité écologique. Les chiffres sont sans appel : la consommation de poisson doit diminuer et les pratiques de pêches doivent être mieux contrôlées.
Pourtant, la préservation des milieux marins reste un problème de premier ordre. En effet, leur équilibre (notamment en matière de microbiologie) contribue à réguler le climat. Et la préservation du climat est, depuis la COP21, censé être un objectif central des politiques nationales des pays signataires dont la France. Or ces milieux sont attaqués de toute part par les activités humaines – activités touristique, surpêche ou encore la pollution due à divers rejets – se traduisant par des émissions de gaz à effet de serre de plus en plus importantes.
Un mode de vie non soutenable
Au niveau mondial et au regard de l’ensemble des ressources consommées, les chiffres ne sont pas plus glorieux. Le Global Footprint Network indique que le jour de dépassement (toutes ressources confondues) a lieu actuellement vers le 15 Août. D’année en année, nous accumulons une dette écologique croissante ce qui abouti une destruction accélérée des écosystèmes et un recul de l’indépendance alimentaire. Le groupe de recherche explique: « Le fait que l’on consomme les ressource naturelles plus rapidement que la Terre n’est capable de les renouveler est équivalent à avoir des dépenses qui sont en permanence plus élevées que le revenu. » Et qu’advient-il quand il n’est plus possible de rembourser ses dettes ?
La conclusion à tirer de l’ensemble de ces données est assez claire : nous devons repenser notre manière de consommer la nourriture ainsi que les circuits de production alimentaires.
Sources : consoglobe.com / globalfootprint.org / ouest-france.fr / slowfood.com