À la veille d’un G7 qui se tient sous haute sécurité à Biarritz, des militants de la cause écologiste ont décidé de bloquer l’accès d’une usine Monsanto ce 23 août à Peyrehorade. Une action directe pour « dénoncer l’inaction complice des États face à la toute-puissance et l’impunité dont jouissent les multinationales et exiger un plan de sortie des pesticides » explique Attac France.

Une centaine de personnes a répondu à l’appel lancé par Attac France, l’association des Amis de la Terre, du LAB, des syndicats agricoles de la Confédération Paysanne et de Bizi !. Alors que notre époque connaît des urgences climatique, écologique et agricole sans précédents, les grandes puissances étatiques brillent par leur inaction en dépit de leurs discours. Des citoyens engagés se sont donc retrouvés devant une usine Bayer-Monsanto, multinationale devenue un symbole de l’empoisonnement systémique de l’environnement au nom du profit, pour faire passer un message ferme aux grands décideurs du monde réunis pour le G7 à Biarritz.

Pour barrer l’entrée du site, les militants ont cadenassé les portes de l’usine. Puis, ils ont déversé des bottes de foin et de la terre qu’ils ont aménagées en jardin agrémenté de salades, de poireaux et de plants de maïs. Une manière originale de montrer que la terre n’a besoin de rien – et surtout pas de produits pétrochimiques – pour être cultivée et maintenue en bonne santé à long terme. Outre l’artificialisation des sols, le recours systématique aux pesticides conduit généralement à un appauvrissement des sols qui condamne paradoxalement les agriculteurs à perpétuer ce système écologiquement insoutenable. Le FAO estime ainsi qu’un tiers des sols cultivables sont déjà dégradés dans le monde, et le phénomène s’intensifie : érosion, imperméabilisation, salinisation, diminution de la matière organique, épuisement des nutriments, acidification ou pollutions directes, sont autant de phénomènes causés par des pratiques de gestion non-durables des terres. De quoi faire peser la menace d’une famine mondiale à moyen terme, dans un contexte d’explosion démographique.

Autour de ce jardin improvisé, des banderoles « vos profits, nos cancers » ont été déployées. Une référence au lien entre le développement de cancers attribué à certains pesticides synthétiques & autres produits agricoles toxiques. Un « cancer » pourtant loin de s’arrêter au seul cas de la santé humaine. Pour les militants, c’est également une façon d’accuser les États de protéger les intérêts des multinationales au dépens des équilibres environnementaux dans une logique de croissance de la productivité de court terme.

Le mouvement indépendant Bizi ! et Attac France s’expriment conjointement sur ce sujet : « Bayer – Monsanto est responsable de désastres sanitaires et environnementaux. Le lien entre l’utilisation massive de pesticides et la multiplication de maladies est de plus en plus évident. Les produits de Bayer – Monsanto empoisonnent les paysan·ne·s, les champs et nos assiettes. Les semences que produit et commercialise Bayer-Monsanto contraignent les paysan·e·s à un système massivement dépendant aux intrants chimiques. »

Aussi dans la ligne de mire des militants, on retrouvera forcément le glyphosate au sujet duquel le président Emmanuel Macron a reporté à plusieurs reprises sa promesse d’interdiction. Un porte-parole de Bizi !, Aitor, affirme : « D’un côté, on a Monsanto qui empoisonne les consommateurs et surtout les agriculteurs. De l’autre, Bayer nous vend des médicaments. On ne peut plus rester dans cette spirale de maladies. Il faut interdire le glyphosate.« . Il conviendrait cependant de préciser qu’il est loin d’être le seul produit phytosanitaire à poser des questions environnementales aujourd’hui.

Pour aider les agriculteurs à sortir de la dépendance aux pesticides, les organisations appellent à leur accompagnement pour les mener vers une agriculture responsable et respectueuse de la nature & des êtres humains. Seuls, les citoyens ne peuvent pas renverser le cours des choses. Mais à travers leur mobilisation, ils peuvent espérer peser sur les États afin de les obliger à protéger l’environnement à grande échelle.

« Dans l’intérêt de l’ensemble de la population, nous demandons l’interdiction de ces produits toxiques et l’arrêt de leur production.« 

Pour éviter d’être interpellés, les militants n’ont maintenu le blocage qu’une petite heure. Puis, ils se sont rendus au contre-sommet G7 d’Hendaye pour perpétuer la mobilisation. Ils ont laissé sur place leur potager et les portes cadenassées.

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Cette mobilisation ne sera probablement pas la dernière, sur les sites d’Attac France et de Bizi ! on annonce d’ores et déjà la suite du programme : « Tant que les États ne seront pas à la hauteur des enjeux, les citoyen·ne·s multiplieront les actions pour mettre des multinationales comme Bayer – Monsanto hors d’état de nuire. »

À bon entendeur…

Crédit image : Confédération Paysanne

S. Barret


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