Grèce : après la victoire éclatante de Syriza, le nouveau gouvernement est composé. Parmi les bonnes surprises : plusieurs activistes des droits humains et sociaux, un élu Vert, des professeurs, un procureur anti-corruption et une juriste féministe nommée à la tête du Parlement. Premières mesures annoncées : la fin des privatisations des biens communs grecs et la renégociation de la dette. Des idées qui pourraient se propager ailleurs en Europe.
Nouveau gouvernement
Le journal Basta! a détaillé la composition du « gouvernement Tsipras », composé de membres de Syriza bien sûr, mais qui inclut aussi trois autres formations politiques : les Verts, la Gauche démocratique et les Grecs indépendants. Parmi les profils qui ont retenu notre attention :
– Tassia Christodoulopoulou, sous-ministre chargée de l’immigration et défenseuse des droits des immigrés.
– Yannis Tsironis, sous-ministre de l’environnement et membre des Verts.
– Panayotis Nikoloudis, sous-ministre chargé de la lutte contre la corruption et ancien procureur à la tête de l’Autorité contre la corruption.
– Nikos Voutsis, ministre de l’intérieur et manifestant régulier.
– Nikos Paraskevopoulos, ministre de la justice et professeur engagé dans la défense des droits de l’homme et des droits des prisonniers.
– Zoé Κonstantopoulou, Présidente du Parlement, juriste et féministe convaincue.
Pour les autres ministres et sous-ministres : des professeurs et quelques profils plus ‘classiques’ dont Panos Kammenos, de droite souverainiste chrétienne, nommé à la Défense. Une composition qui nous montre la priorité pour le nouveau 1er Ministre : les problèmes sociaux-économiques. Le peuple grec a en effet été plongé, à cause de l’austérité, dans une misère qu’il n’avait pas connue depuis la junte militaire des années 70. Les mesures sociétales et écologiques seront sûrement, dans un premier temps, mises de côté au profit des mesures sociales et de la question (fondamentale) de la dette, que Syriza entend renégocier et en partie annuler.
Premières mesures
Parmi les premières mesures annoncées : l’annulation des privatisations de la société publique de production d’énergie et du port de Pirée, un symbole Athénien que l’ancien gouvernement voulait brader aux Chinois au détriment des dockers. A terme, s’il respecte ses promesses, M. Tsipras fermera purement et simplement le très critiqué « Fonds de valorisation des biens publics », organisme mis en place par l’ancien gouvernement pour brader au privé les services publics et le patrimoine grec (aéroports, ports, plages, littoraux, parcs, monuments, entreprises publiques…)
Les autres priorités porteront sur la renégociation de la dette grecque (jugée en partie « illégitime ») avec ses créanciers (FMI, UE, banques françaises, allemandes…), la rehausse des minimas sociaux et la fin du plan d’austérité, mesures qui font trembler les milieux financiers.
Réactions houleuses de la finance, enthousiasme des peuples
Suite aux élections et aux premières annonces, les réactions du monde des affaires et de la finance n’ont pas tardé. La bourse d’Athènes a encore chuté (-31% depuis le 8 décembre), tout particulièrement les banques qui ont perdu un quart de leur valeur. Faut-il les plaindre ? Quant à Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne qui avait commis une ingérence historique en soutenant publiquement le candidat conservateur pro-austérité, il a déclaré dans un entretien au Figaro le 29 janvier : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ». Ce même Jean-Claude Juncker qui a organisé l’évasion fiscale de 340 multinationales quand il était Premier ministre du Luxembourg (scandale du « LuxLeaks »). Pas de démocratie ? Alors quoi ?
Bien évidemment, de très nombreux témoignages de soutien et d’encouragement ont aussi eu lieu dans toute l’Europe, où les peuples semblent en avoir assez de l’austérité qui ne profitent qu’aux milieux d’affaires et aux plus riches, saccageant au passage les acquis sociaux et les biens publics. De nombreux collectifs, journaux, associations, syndicats et partis de gauche ont salué l’élection de M. Tsipras. La « vague Syriza » pourrait bien se propager en Espagne où Podemos, le parti progressiste issu des Indignés, fête ses un an et affole les sondages – mais surtout, redonne de l’espoir aux Espagnols, lassés de la corruption et des mesures autoritaires et réactionnaires du Parti Populaire de Mariano Rajoy.
Ce vent populaire, progressiste et anti-austérité se propagera-t-il jusqu’en France et en Belgique ? A suivre.
Sources : Basta ! / Le Monde / L’humanité