Vous n’avez pas pu la rater, une vague de propos haineux emporte les débats sur les réseaux sociaux depuis quelques temps. La crise syrienne et les récents déplacements de population font ressurgir des idées sombres qu’on croyait enfuies dans les égouts de l’histoire. Et pourtant, les propos tenus ressemblent en tous points aux discours propagandistes, caricaturaux et simplistes d’avant guerre. Les internautes vont jusqu’à « liker » en masse des citations de la propagande nazie sans même le réaliser. Un journal anglais en a fait la triste expérience…

Oh qu’on aimerait tant que ces critiques ne soient que des « Points Godwin«  basés sur quelques craintes infondées. Et pourtant, ceux qui connaissent l’histoire savent qu’en temps de crise économique, le bruit des bottes n’est jamais bien loin. En pleine crise humanitaire, les idées les plus répugnantes refont surface et tous les sophismes semblent permis sur les réseaux sociaux, comme dans le privé, pour distiller la haine, la stigmatisation et le rejet de l’autre. Composante moderne, les sphères confusionnistes récupèrent la juste critique de la mondialisation comme nouveau passe droit à l’immoralité, à l’anti-humanisme et, naturellement, à un racisme naturellement enrobé du miel de la critique libre. Mais ce qui est encore plus inquiétant, c’est que les discours fascisants se retrouvent également dans la bouche de « monsieur tout le monde » de manière pratiquement banale et décomplexée.

C’est ainsi que le Dailymail, un grand média britannique, a voulu tester les lecteurs en publiant de faux commentaires inspirés du nazisme. Des citations d’Hitler et des extraits d’ouvrages de la propagande nazie (dont le fameux «Mein Kampf») furent publiés avec la particularité que le mot «juif» fut remplacé par «migrant». Le constat fut accablant. De très nombreux internautes vont se mettre spontanément à « liker » ces commentaires sans même réaliser la portée de leur signification. Il faut dire, la propagande nazie était particulièrement bien étudiée pour distiller discrètement la haine à l’aide d’arguments d’autorité tout en exacerbant le sentiment nationaliste. On connait déjà la fin de l’Histoire.

Les journalistes du Dailymail ont du tirer un triste constat de leur expérience. Nombre de lecteurs sont facilement manipulables à l’aide de slogans d’autorité simplistes éloignés de tout fait et de toute raison. En à peine quelques heures, une citation de Robert Ley, haut fonctionnaire du parti nazi, va récolter près de 200 « j’aime » contre à peine 6 « j’aime pas » (option disponible sur certains sites). En substance, cette fausse citation affirmait : « Cette lutte contre les migrants est évidente. Toute demi-mesure conduira à notre propre destruction. (…) Il n’y a pas d’autre choix que de mener un combat impitoyable contre les migrants sous toutes ses formes. » Une violence du discours qui, sur internet, semble plus que jamais banalisée. Il n’est d’ailleurs pas rare de retrouver ces propos sur les réseaux identitaires et xénophobes.

Le phénomène est heureusement connu depuis des décennies. Pour qu’une idéologie porteuse de haine puisse s’exprimer de manière publique, elle doit être en apparence intellectualisée notamment à travers des arguments d’autorité et autres sophismes manipulatoires. Le manque de recul des lecteurs sur l’histoire, couplée à la peur véhiculée par certains médias et idéologues d’extrême droite, pousse un grand nombre d’individus à se rallier spontanément à ces idéologies politiques dénuées de toute raison sans prendre le temps de réfléchir à la signification et aux conséquences des propos qu’ils sont en train d’approuver.

point-godwinNote : le « Point Godwin » ne s’utilise uniquement pour des débats n’ayant aucun rapport de fond avec le nazisme. Or, il sert désormais à certains de « joker » pour éviter les corrélations historiques.

Pour aller plus loin dans l’expérience, des citations d’Hitler furent ensuite utilisées mot pour mot sous les articles traitant de la crise des migrants. « Le Tout-Puissant n’a jamais aidé un homme paresseux. Il n’aide pas le lâche. Il ne vient pas en aide à un peuple qui ne peut pas s’aider lui-même. » pouvait-on lire. La citation a évidemment récolté de très nombreuses adhésions. On peut alors se questionner, les discours d’aujourd’hui sont-ils bien différents ? La crainte d’une nation envahie et détruite de l’intérieur;  la peur de la destruction des valeurs chrétiennes; la stigmatisation de l’étranger comme étant fainéant mais paradoxalement voleur de travail; la paranoïa du « grand remplacement » ou encore du métissage forcé, complot des élites mondialistes; on en trouve pour tous les goûts et de toutes les couleurs. Beaucoup imaginent que le régime nazi était ouvertement violent, mais aux yeux des allemands, leurs crimes furent pour la plupart découverts après guerre. Une manipulation efficace sait se faire discrète afin d’acquérir un grand nombre d’adhésions en vue d’acquérir le pouvoir.

Anecdote amusante, les modérateurs du site, n’étant eux-mêmes pas au courant de la supercherie, vont faire le choix de supprimer ces citations à la vue de la vague de haine que provoquaient les commentaires. En pratique, cette modération largement justifiée par le Droit engendre un sentiment de persécution chez ceux qui soutiennent ces idées, renforçant probablement leurs convictions en celles-ci. On est pas sorti de l’auberge.

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Source : francais.rt.com / huffingtonpost.co.uk

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