Dimitri Ferriere, alias Monsieur Bidouille, s’attaque à une idée répandue selon laquelle l’imprimante 3D présenterait un danger pour les industriels en généralisant la copie des objets. Dans une vidéo riche d’exemples, il traite cette problématique et propose quelques pistes de réflexion à creuser afin d’accueillir une innovation qui sera probablement présente très prochainement de manière quotidienne dans notre économie et nos vies individuelles. Voyage dans « la terreur du piratage » .
Chaque révolution technologique est accompagnée de peurs et de fantasmes. Parfois à tort, parfois à raison, une partie de la société refuse d’adopter des innovations qui provoquent des bouleversements. Ceux qui s’opposent en tête au progrès sont généralement ceux qui ont des intérêts économiques à conserver un ancien modèle. L’imprimante 3D ne pas fait exception à la règle et les avis à son sujet son partagés. Certains y voient un outil d’émancipation des peuples pendant que d’autres craignent que la machine soit utilisée à des fins illicites et ne mettent ainsi en péril l’économie (et le monopole de certains industriels). Accompagné d’une bonne dose ironie et d’un sarcasme maîtrisé, l’auteur de la vidéo se penche sur une innovation qui fait grincer bien des dents.
Dimitri Ferriere souhaite réagir à certaines prises de position et tribunes publiées ces derniers mois dans divers journaux et dans lesquelles leurs auteurs mettent en garde les industriels contre le développement des imprimantes 3D. Selon ces analyses, dont on peut douter de la neutralité, ces imprimantes pourraient engendrer des pertes importantes pour les entreprises, qui seraient alors abandonnées par les consommateurs car capable dorénavant de produire eux mêmes les objets dont ils ont besoin. Par ailleurs, cette nouvelle technologie pourrait devenir une source d’atteintes aux droits de propriété intellectuelle des marques. Afin d’étayer ces craintes, un article de La tribune – qui n’est qu’un exemple parmi d’autres – cite une étude qui chiffre à « 100 milliards de dollars en 2018 les pertes annuelles causées en matière de propriété intellectuelle par l’impression 3D » et évoque les « maker spaces » et « Fab Lab », source de « risques potentiels pour les marques ». Car, il est vrai, dans ces locaux autogérés on met « à la disposition des consommateurs des ateliers où ils peuvent dessiner leurs objets puis les faire imprimer sur place ». Plus grave encore, internet permet d’accéder à des instructions et des plans prêts à l’emploi pour imprimer directement des objets. Ni plus, ni moins.
Par une série d’argument auxquels il vaut la peine de prêter attention, Dimitri Ferriere replace le débat dans son contexte et montre que les dangers ne sont peut être pas là où l’on pense et qu’un grand nombre d’intérêts économiques obscurcissent le débat de fond. Car en réalité, les industriels ne comptent pas laisser s’échapper les imprimantes 3D qui présentent pour eux une occasion rêvée de faire baisser leurs propres coûts de production, encore faut-il en garder le contrôle. D’ailleurs, des industriels du monde entier envisagent déjà d’utiliser cette nouvelle technologie afin de réduire leurs dépenses. C’est particulièrement vrai dans l’industrie automobile : pour exemple, Local Motors, un constructeur automobile américain ou encore Divergent Technologies, une start-up basée à Los Angeles, étudient tous deux la possibilité de près.
Les industriels ont donc très largement la possibilité de profiter d’une innovation majeure, sans que soient pointées du doigt de nouvelles pratiques qui émergent au sein de la société civile. Et si c’était d’autre chose dont les grandes marques et puissants auraient vraiment peur ? Que des particuliers puissent accéder facilement à la réparation de leurs objets ? Ou qu’ils puissent contourner la pratique qui consiste à vendre certaines pièces détachées à des prix exorbitants ? Ou encore tout simplement rendre l’outil de production, spolié à la révolution industrielle, dans les mains des citoyens ? C’est en tout cas ce que suggère Monsieur Bidouille. Bien triste de constater que ce sont finalement des mouvements citoyens qui sont visés par les mises en garde, alors que les maker spaces et FabLab cités plus haut sont des lieux de partage de richesses, d’outils et de savoir, dans un esprit de convivialité et d’entraide.
Bien évidemment, rappelle Monsieur Bidouille, les imprimantes 3D, de part les possibilités qu’elles offrent, vont participer à faire évoluer les modes de production. Mais le processus d’adaptation auquel les industriels vont inévitablement devoir faire face n’a rien de nouveau : pas plus qu’avant, ils sont obligés d’innover et d’apporter des modifications à des produits qui existent déjà afin de faire face à la concurrence. Et pour ce qui est des objets du quotidien, premiers concernés par l’impression avec les machines accessibles au grand public, qui peut raisonnablement s’insurger de l’impression d’une fourchette ou « d’un presse citron » s’interroge Dimitri Ferriere.
Sources : monsieurbidouille.fr / Chaîne Youtube de Monsieur Bidouille