L’alerte est lancée par le père de Julian Assange lui même jusqu’ici resté discret. La santé du fondateur de WikiLeaks décline rapidement dans la prison de haute sécurité de Belmarsh où il est détenu au Royaume-Uni depuis le 11 avril dernier. Le pays qui le retient travaille en accord avec les États-Unis qui veulent l’extrader sur leur sol en février 2020 et l’y juger pour ses révélations de WikiLeaks.
Ce sont ses proches qui ont alerté les médias. Début août, Julian Assange a reçu la visite de son frère qui l’a trouvé « émacié », dans un état de santé « qui laisse à désirer » et souffrant « d’anxiété » bien que sa combativité demeure perceptible. Un constat que, John Shipton, le père du lanceur d’alerte, a rapporté dans une interview accordée à la station de radio communautaire de Melbourne 3CR ce mois d’Août.
Depuis le 11 avril, le célèbre lanceur d’alerte est détenu dans une prison à sécurité maximale après avoir été sorti par les forces de police britanniques de l’ambassade londonienne de l’Équateur qui lui accordait l’asile politique depuis 2012. La police avait pu pénétrer dans l’ambassade au motif d’une « infraction mineure à la loi britannique sur la mise en liberté sous caution ». Une infraction qui résonne manifestement comme un prétexte contre l’homme qui a révélé et prouvé l’existence de crimes de guerre & contre l’humanité commis par les États-Unis en Irak, la corruption et les tactiques de déstabilisation envers des pays souverains par de grandes « démocraties » mondiales. Depuis, sa tête est mise à prix par les institutions américaines.
Le père de Julian Assange a détaillé les conditions de détention de son fils : « il est dans une cellule 20 heures par jour et a droit à deux visites sociales par mois. Les avocats sont autorisés à s’y rendre à d’autres moments. Les visites sociales peuvent toutefois être arbitrairement annulées ou leurs durées réduites ». Les visites sociales sont en outre utilisées par les médecins, empêchant donc ses proches de voir Julian Assange. Un coup dur pour son père qui fait le voyage d’Australie pour finalement ne pas pouvoir voir son fils, ou seulement le temps d’une visite réduite à une heure.
Pour John Shepton, ce traitement n’est pas le résultat d’une incompétence de l’établissement pénitentiaire : « On me dit que cela se fait souvent avec les prisonniers connus afin d’affirmer leur autorité sur eux et leurs visiteurs« . Julian Assange serait délibérément la cible d’une torture psychologique dont les effets sur sa santé sont manifestes. Des agissements qui respirent très peu la démocratie, d’autant plus contre un lanceur d’alerte qui n’a rien d’un terroriste ou d’un criminel.
John Shipton demande, sans grand espoir, la fin de l’incarcération de son fils au risque de le voir perdre la vie si ces sévices continuent. Un avertissement qui fait écho à celui du journaliste d’investigation John Pilger qui avait tweeté début août « N’oubliez pas Julian Assange. Ou vous le perdrez. Je l’ai vu à la prison de Belmarsh et sa santé s’est détériorée…« . De son côté, le frère de Julian Assange a envoyé une lettre à Scott Morrison, le premier Ministre australien, pour lui demander son aide devant les problèmes de santé de Julian Assange et les conditions de sa détention. L’Australie qui, depuis l’éclatement du scandale WikiLeaks, s’est toujours rangée du coté des États-Unis.
Mais si son pays d’origine n’agit pas pour protéger Julian Assange, ce dernier peut compter sur le soutien de ses concitoyens de plus en plus important. Depuis sa prison, Julian Assange avait écrit deux lettres pour remercier ses soutiens. Dans l’une d’elles, publiée par Ariyana Love le 16 août, il déclare : « Merci Mme Love, ce sont des gens comme vous, grands et petits, qui luttent pour sauver ma vie qui me font avancer. On peut gagner! Ne laissez pas ces salauds sacrifier la liberté d’expression, la démocratie européenne et ma vie sur l’autel du Brexit. »
Pour Julian Assange, dans un monde ou règne l’indifférence, les manifestations bien organisées peuvent avoir un puissant effet bien qu’on prétende le contraire. Il appelle ses partisans de sa libération à marquer leur présence physique devant les bureaux d’organisations « qui ne sont pas habituées à être la cible de protestations ou qui auraient des difficultés à se défendre idéologiquement contre elles ». En citant par exemple des médias comme la BBC et Le Monde. Pour cause, c’est également la liberté d’expression et de diffusion de l’information qui sont en jeu à travers l’affaire Assange.
Rappelons que s’il est jugé aux États-Unis, Julian Assange risque la prison à vie, au minimum ! Une condamnation pour l’exemple qui, si elle avait lieu, résonnerait comme un avertissement mondial de la puissance étasunienne envers tous les potentiels lanceurs d’alerte et marquerait un jour sombre pour le droit des citoyens à la liberté d’information, à la transparence de la gestion des États, à la démocratie et aux droits de l’Homme. Julian Assange a payé de sa liberté les informations révélées via WikiLeaks et à ce titre, avons-nous le droit de l’abandonner en tant que citoyens avertis, journalistes et lanceurs d’alerte ?
S. Barret
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