Depuis 1880, le niveau moyen global des mers et des océans a augmenté de 21 à 24 centimètres. Environ un tiers de cette élévation a eu lieu au cours des deux dernières décennies. En 2020, ce niveau était supérieur de 91,3 millimètres par rapport à la moyenne annuelle enregistrée en 1993. La même année, outre ce record d’élévation du niveau de la mer, le World Economic Forum avertissait que 190 millions de personnes étaient déjà touchés par ce phénomène principalement induit par les effets du changement climatique. Parmi les pays les plus vulnérables, un rapport révèle que l’élévation du niveau de la mer en Nouvelle-Zélande interviendrait deux fois plus rapidement que prévu, contraignant le gouvernement à adopter un plan d’adaptation national pour faire face aux menaces climatiques. La course contre la montre pour maintenir la viabilité de notre planète a bel et bien commencé.
Chaque année, le changement climatique et l’augmentation des températures globales entrainent une élévation moyenne du niveau de la mer de 3,5 millimètres. Ce phénomène inquiétant est le résultat direct de l’expansion thermique de nos océans, de la fonte des glaciers et des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique. Particulièrement vulnérable à cette menace, les autorités néo-zélandaises ont financé un vaste programme de recherche pour mesurer les conséquences de l’élévation du niveau de la mer sur la préservation de cet État insulaire. Les conclusions sont sans équivoques. Également affectée par les mouvements ascendants et descendants des sols, la Nouvelle-Zélande et sa population risquent de faire face à des répercussions désastreuses très prochainement.
« Nous devons agir maintenant. Nous n’avons plus le temps de rester les bras croisés. Vous allez voir les impacts dommageables de l’élévation du niveau de la mer beaucoup plus tôt que nous le pensions. Les routes et les habitations seront inondées, et les communautés côtières devront être relocalisées », a averti Tim Naish, co-leader du programme scientifique.
Ces nouvelles projections sont accessibles via un nouvel outil d’analyse de données qui permet désormais aux néo-zélandais·es de prendre connaissance de l’ampleur du phénomène et de la vitesse à laquelle le niveau de la mer s’élèvera sur l’ensemble des zones côtières du pays.
Le mouvement vertical des terres
Située sur la ceinture de feu du Pacifique et à la frontière de deux plaques terrestres dynamiques, la Nouvelle-Zélande est en constant mouvement. Outre ce mouvement tectonique des plaques, les influences humaines telles que l’érosion des sols induite par le drainage des terres, l’extractions des eaux souterraines pour satisfaire les besoins de l’agriculture intensive, l’épuisement des réservoirs d’énergie fossile et le poids des villes, provoquent un enfoncement de ses bassins sédimentaires.
Non sans conséquences, ce phénomène d’affaissement de la surface de la croûte terrestre, autrement appelé « effet de subsidence », accélère les effets de l’élévation du niveau de la mer. En effet, avec un taux de subsidence compris entre 2 et 6 millimètres par an dans de nombreuses région du pays, le mouvement vertical des terres représente jusqu’à deux fois le taux d’élévation du niveau de la mer.
Résultat, alors que le niveau mondial de la mer devrait augmenter de 50 centimètres en moyenne d’ici 2100, de nombreuses zones côtières néo-zélandaises pourraient quant à elle connaitre une augmentation d’1 mètre. Inutile donc d’insister sur l’urgence du développement de mesures d’adaptation pour faire face à ces conséquences de la crise climatique.
Plusieurs millions de personnes concernées
Si les projections révèlent que le littoral sud-est de l’île du Nord sera le plus exposé, les villes côtières du nord, telles qu’Auckland et ses 1,7 millions d’habitant·es, ne seront malheureusement pas épargnées.
À Wellington, le niveau de la mer augmente actuellement d’environ 3 millimètres par an. Cependant, un modèle climatique développé par le conseil régional du Grand Wellington confirme également que l’élévation du niveau de la mer devrait s’accélérer dans un avenir très proche en raison de l’accélération des effets du changement climatique.
Ainsi, la capitale du pays devrait s’attendre à une élévation du niveau de la mer de 30 centimètres d’ici 2040, un niveau qui n’était pas prévu avant 2060.
Parmi les conséquences attendues, on retrouve évidemment l’augmentation des épisodes d’inondation de plus en plus extrêmes, la hausse du niveau des eaux souterraines, l’accélération de l’érosion des zones côtières et la salinisation des zones humides et des aquifères, déstabilisant davantage l’avenir de nombreux écosystèmes et des communautés humaines et naturelles.
Panique à bord du gouvernement
Face à ce constat alarmant et à la réalité de l’urgence climatique, le gouvernement a récemment adopté un projet de plan d’adaptation national pour limiter les risques climatiques et les conséquences de l’élévation du niveau des océans.
À cette fin, le plan d’adaptation énonce un certain nombre de mesures, dont notamment :
> La réforme des réglementations relatives au code des bâtiments et infrastructures afin de garantir la résilience des nouveaux logements aux impacts climatiques ;
> L’interdiction de construire les futurs logements publics à proximité des zones exposées aux risques climatiques ;
> L’obligation d’informer les acheteurs et promoteurs immobiliers des risques climatiques susceptibles de les affecter ;
> Une aide financière aux secteurs de l’énergie, des télécommunications, des transports, de la gestion de l’eau et des déchets pour développer des infrastructures résilientes et plus résistantes au changement climatique ;
> La relocalisation des communautés les plus vulnérables à l’élévation du niveau de la mer.
Par ailleurs, afin d’atténuer les effets du changement climatique, la Première ministre, Jacinda Ardern, a demandé à chaque citoyen·ne néo-zélandais·e de prendre toutes les mesures nécessaires pour réduire leur empreinte écologique et leurs émissions de CO2.
Une menace globale
Si la Nouvelle-Zélande est désormais lancée dans une course contre la montre, elle est loin d’être la seule région concernée. La Chine à elle seule ne compte pas moins de 145 millions de citoyen·nes vivant sur des zones vulnérables à l’élévation du niveau de la mer. Une augmentation de 4°C des températures globales, scénario de moins en moins évitable, causerait une augmentation du niveau des océans qui toucherait jusqu’à 760 millions de personnes dans le monde, causant la plus grande crise humanitaire de notre ère.
En août 2021, les expert·es du GIEC tiraient une nouvelle fois la sonnette d’alarme et rappelaient que depuis 1900, le niveau moyen des mers et des océans a augmenté plus rapidement qu’au cours de tout autre siècle précédent.Plus alarmant encore, d’ici les 20 prochaines années seulement, ce niveau moyen pourrait augmenter de 30 centimètres dans les zones les plus vulnérables, ce qui correspondrait à la hausse enregistrée au cours du dernier siècle.
L’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE) prévoit que le coût liés aux dommages causés par la hausse du niveau global des mers pourraient atteindre jusqu’à 5 500 milliards de dollars.
L’inflation des prix, les inondations et vagues de chaleurs répétitives, ou encore les crises migratoires paraissent catastrophiques ? Celles-ci ne sont toutes qu’un doux avant-goût du monde qui nous attend si nous ne refondons pas profondément nos modèles de société et n’agissons pas immédiatement pour réduire drastiquement nos émissions de CO2.
W.D.