Belgique – Est-ce une petite révolution à laquelle on assiste ? En tous cas, ça donne la frite ! Ce semestre, les étudiant.e.s en agronomie de la Haute école de la Province de Liège (HELP) ont pu bénéficier d’une formation certifiante en permaculture, aussi fréquemment appelée Permaculture Design Course (PDC). Si ce cours, qui se déroule classiquement sur 72 heures, était optionnel, il n’en reste pas moins que son intégration officielle auprès des formations témoigne d’un changement de perspective. Les modes de production alternatifs se font une place au sein de l’enseignement supérieur belge et les étudiant.e.s se voient offrir la chance de sortir des chemins tout tracés. Nous avons échangé avec Jonathan Leruth, chargé de la formation, ainsi que trois de ses élèves.
Le PDC, Permaculture Design Course, offre aux étudiants une première approche de la permaculture et de ses principes. La particularité de la formation, c’est d’insister sur la dimension holistique de la permaculture, qui intègre aussi bien des aspects propres à la culture de fruits et de légumes que des outils pour analyser les interactions sociales, le tout autour de l’idée de partage et de commun(s). En trame de fond se trouve toujours la nécessité de réduire au maximum l’empreinte écologique des individus et des sociétés, de se rendre indépendant des énergies fossiles et de bâtir une résilience locale pour une plus grande autonomie. Des valeurs et logiques élémentaires qu’on serait tenté d’enseigner dès l’école primaire.
Une première en Belgique !
La formation certifiante, unique dans une Haute école en Belgique, s’est déroulée de mars à mai 2017. Le public cible de ce cours était les élèves de deuxième année, mais la formation était ouverte à tous les autres étudiant.e.s. Pour le moment, ces formations PDC, reconnues internationalement, sont données hors cursus scolaires. Alternant théorie et pratique, cette formation vise à permettre aux étudiants de créer les liens entre les cours qu’ils reçoivent pendant leur cursus tout en leur offrant plus de connaissances ainsi que des outils méthologiques.
Jonathan Leruth, l’enseignant chargé de ce cours, dispose lui-même d’un bachelier en agronomie à la Haute Ecole de la Province de Liège. En 2015, il a suivi une formation certifiante en ligne (Permaculture Design Course PDC) proposée par Geoff Lawton. Par la suite, il a travaillé comme assistant lors d’un PDC dispensé par l’asbl Cense equi’voc fondée par Fabienne Delcorps, une des pionnières des formations en permaculture en Belgique francophone. C’est d’ailleurs en partenariat avec cette association que le nouveau cours dont il espère qu’il sera « un atout pour les étudiants à la sortie des études, tant sur le plan personnel que professionnel » a vu le jour.
Les étudiant.e.s convaincus
En effet, pour l’enseignant, il semblait logique que la permaculture face son entrée à la Haute école, afin que les étudiant.e.s puissent se former aux solutions du futur. Alors que le modèle économique contemporain est régulièrement mis en question du fait de ses limites sociales et écologiques, « tout l’enjeu des formations académiques agronomiques sera de former des professionnels qui pourront proposer à nos sociétés des solutions pour anticiper ces chocs afin d’atténuer les effets sur nos vies. Autrement dit, les écoles font face à un besoin de former des professionnels qui pourront construire rapidement de la résilience. Une formation en permaculture offre cette vision holistique aux étudiants. » Aussi, Jonathan Leruth ne manque pas de s’enthousiasmer du fait que « la permaculture [soit] de plus en plus reconnue ».
Delphine, étudiante en agronomie en 2ème année option « agro-industrie et biotechnologie » a eu l’occasion de suivre cette formation. Elle nous explique que ce cours « ouvre l’esprit », tout en apportant des connaissances concrètes, notamment celle de « réaliser un potager très riche sur une très petite parcelle« . Bastien, un jeune étudiant de 19 ans qui se dit « passionné par les alternatives à notre société » a lui aussi été convaincu : cette formation offre « un autre regard sur le monde et sur les possibilités d’avenir ». Même Simon, qui était quelque peu sceptique au début, a su se laisser entraîner et c’est finalement avec beaucoup d’entrain qu’il parle de ces 72 heures : « C’est une expérience inoubliable à de nombreux niveaux, qui selon moi change notre façon de voir le monde. Car la permaculture s’applique à tous les domaines… que ce soit la production de légumes, l’économie, l’habitation ou les relations humaines. »
Et si la permaculture a encore un long chemin à faire pour être intégrée comme mode de pensée dans le monde agricole, le pari de Jonathan Leruth de « proposer une nouvelle vision à des étudiants […] pour directement diriger des futures professionnels vers un vision holistique et des solutions environnementales réellement durables » y contribuera certainement.
Source : Propos recueillis par l Ȏquipe de Mr Mondialisation
Pour en savoir plus à propos de la formation : permareid.wordpress.com