D’après une étude, plusieurs fabricants de pesticides auraient délibérément dissimulé des résultats défavorables de tests de toxicité de certains produits phytosanitaires aux autorités européennes. Ils savaient pourtant pertinemment leur rôle nuisible dans le développement du cerveau des enfants.
Les conclusions du rapport d’Environmental Health pourraient bien avoir l’effet d’une petite bombe dans le secteur de l’alimentation. Deux scientifiques suédois l’affirment haut et fort : plusieurs multinationales parmi lesquelles Bayer et Syngenta ont menti pour masquer la dangerosité de leurs pesticides, comme le révèle le Monde.
Une dangereuse habitude
Dans l’univers des géants industriels, les scandales se suivent et se ressemblent. La méthode est chaque fois la même : des multinationales fabriquent des produits qui rapportent énormément d’argent en se moquant des conséquences sur les êtres humains et l’environnement. Et pour maximiser les profits, ils prennent toujours soin de cacher la vérité au grand public, quitte à mentir éhontément.
On avait déjà assisté à ce type de comportement avec l’industrie du tabac, mais aussi du côté des pétroliers qui connaissaient les effets de leurs actions sur le climat depuis plus de 50 ans. Dans la même veine, Volkswagen avait également trompé les autorités sur la propreté de ses véhicules pour pouvoir gagner plus d’argent. Cette fois-ci, ce sont des magnats des pesticides qui sont mis en cause.
Une toxicité cachée par les fabricants ?
Selon l’étude susmentionnée, certains tests concernant la toxicité de produits phytosanitaires n’auraient tout simplement pas été transmis aux pouvoirs publics européens. Ceux-ci portaient sur neuf pesticides admis sur le continent : abamectine, éthoprophos, buprofézine, fénamidone, fénamiphos, fluaziname, glyphosate-trimésium, pymétrozine et pyridabène.
Des géants des pesticides qui cachent la toxicité de leurs produits sur le cerveau humain aux autorités européennes pendant des années : c’est ce qu’ont découvert deux scientifiques suédois : pic.twitter.com/Dh9d9wuzmz
— AJ+ français (@ajplusfrancais) June 4, 2023
Les deux experts à l’origine de la recherche avancent que parmi ces neuf produits, quatre d’entre eux auraient pu potentiellement être recalés et trois l’auraient été de manière quasi certaine. Ils ont pu détecter cette fraude en comparant les dossiers transmis aux autorités américaines et européennes et ont constaté de larges différences.
Les enfants premières victimes
L’histoire fait d’autant plus de bruit que la nocivité des produits incriminés concerne particulièrement les enfants. En effet, d’après les chercheurs l’absorption de certaines de ces substances parmi les plus jeunes, mais aussi chez les femmes enceintes pourrait favoriser les troubles du neurodéveloppement, comme l’autisme, ou un quotient intellectuel plus bas.
Et même si ce n’est sans doute pas le seul facteur, on peut rapprocher ce phénomène de la hausse constante de ces anomalies cérébrales dans le monde. Dans l’Hexagone, ce ne sont pas moins de 15 % des enfants qui sont touchés par ce fléau aujourd’hui. Et dans ce processus, les facteurs environnementaux jouent un rôle clef.
Une urgente nécessité de changement de modèle
Au-delà de cas précis, qui n’est que la partie émergée de l’iceberg, le sujet des pesticides et de notre modèle agricole en général pose évidemment question avec une agro-industrie qui met en péril notre souveraineté alimentaire. En plus de nuire à la santé humaine, ces produits ont également un effet dévastateur sur la biodiversité.
Or, en menaçant la faune et la flore, c’est le fragile équilibre de nos écosystèmes qui sont mis en danger. Et par là même, notre productivisme effréné va sans aucun doute entraîner notre chute si nous n’y mettons pas fin très rapidement. Ainsi, à force de courir après toujours plus de bénéfices, l’être humain finira par empêcher quoi que ce soit de pousser dans un sol rendu stérile. Pesticides ou pas.
– Simon Verdière
Photo de couverture de Christopher Luther sur Unsplash