La population de gorilles diminue, pendant que notre consommation de smartphones explose. De prime abord, pas lien. Et pourtant… Une série de vidéos ludiques proposée par le service public belge rappelle utilement les conséquences environnementales de nos consommations, encourageant les citoyens à se tourner vers des producteurs et industriels qui développent des alternatives éthiques, mais aussi à réduire nos déchets inutiles.
Alors que la période des fêtes de fin d’année est entamée, La DG Environnement du Service Public Fédéral belge Santé Publique lance une campagne de courts clips vidéos diffusés sur YouTube et accompagnés du hashtag #BeBiodiversity. Le message ne manque pas de faire écho à la frénésie consumériste qui s’annonce. L’objectif est de faire le lien entre le productivisme économique et la perte de biodiversité au niveau mondial. Plutôt osé de voir une institution gouvernementale aller sur ce terrain. Les auteurs des vidéos entendent par ailleurs sensibiliser aux services écosystémiques rendus par la nature.
Quelques exemples chiffrés offrent une meilleure image du défi qui se présente à nous. Selon l’INRA, la valeur économique de la pollinisation par les insectes (principalement les abeilles) s’élèverait à 153 milliards d’euros. Pourtant, nos indicateurs de richesse collective ne prennent pas en compte ce don de la nature à l’humanité. Autre chiffre, entre 1990 et 2010, au moins 3,5 millions d’hectares de forêts naturelles ont été transformées en plantations à huile de palme, selon la DG environnement. Enfin, selon le Jane Godall Institute, 700.000 chimpanzés ont disparu depuis le début du 20ème siècle, dont la plus importante part dans les dernières décennies.
La perte de biodiversité, conséquence directe de nos consommations
Avec cette campagne, La DG Environnement du Service Public Fédéral belge Santé Publique espère encourager les individus à interroger leurs consommations et à se tourner vers des produits plus éthiques. L’objectif est également de rappeler qu’il ne suffit plus de s’indigner devant des images tragiques d’animaux mourants, chacun ayant un rôle à jouer pour réduire l’empreinte écologique globale. Ne se suffisant pas également d’en rester à l’échelle individuelle, #BeBiodiversity entend également adresser un message aux représentants politiques et aux industriels en leur demandant de mettre en place des mécanismes pour favoriser des consommations plus responsables. « Lancée le 21 avril 2017, la campagne de communication et de sensibilisation #BeBiodiversity a pour but de faire comprendre à tous les acteurs de la société l’urgence de la situation et de rassembler les citoyen-consommateurs, entreprises et pouvoir publics autour d’un même objectif : la préservation de la biodiversité », explique l’organisme.
La première vidéo diffusée prend l’exemple du gorille, espèce menacée de disparaître dans plusieurs endroits de la planète, comme au Congo par exemple, pays dans lequel la déforestation est importante pour satisfaire nos besoins en ressources. Le petit dessin animé « établit le lien entre la production de nos électroniques nécessitant de grandes quantités de minerais (lithium, or, nickel) et la destruction des habitats naturels par les exploitations minières. Les espèces dépendant des forêts détruites, telles que les gorilles, en sont fortement affaiblies. » En effet, les exploitations minières sont la cause de dégâts environnementaux considérables. Aujourd’hui, en France, le projet de « La montagne d’or » en Guyane illustre les controverses sociales et environnementales qu’il existe à propos de l’extraction des minerais. Des éléments qui poussent à réfléchir, alors que les belges changent de téléphone tous les 11 mois en moyenne et qu’en France la moyenne serait de 22 mois environ.
Des corrélations qui ne sont pas toujours évidentes
Il n’est pas toujours simple de faire la relation entre nos consommations et les conséquences environnementales qu’elles peuvent avoir. Parfois elles sont invisibles et difficiles à s’imaginer de manière concrète (par exemple pour internet). Dans d’autres cas, les répercussions sont tellement éloignées géographiquement – comme c’est le cas pour la destruction des forêts tropicales pour la production d’huile de palme – que nous ne nous sentons que peu concernés. Souvent, les deux phénomènes se cumulent.
Par ailleurs, dans le modèle économique actuel, les externalités négatives se répercutant sur les populations et l’environnement, pas sur le prix de nos consommations, ce sont les biens industriels à fort impact qui inondent le marché, car leur prix défie toute concurrence. Les alternatives éthiques ont bien du mal à se faire une place. Leur lente progression ne repose que sur l’engagement de certains, trop rares, mais bien décidés de faire de leurs consommations un levier pour construire un autre monde.
L’entreprise Fairphone s’est désormais faite une petite place dans un secteur de l’électronique qui se distinguait par une empreinte environnementale et sociale élevée. Un cahier des charges rigoureux a été établi pour que les composants du téléphones puissent être suivis de leur conception à leur destruction. L’entreprise s’engage pour que les matériaux soient produits dans des conditions saines et en réduisant les externalités négatives. D’autres suivent désormais, comme la coopérative Commown qui souhaite promouvoir des objets électroniques plus éthiques avec un modèle particulier, celui de la location. Il n’est plus possible de dire qu’il n’existe pas de solutions.
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