Malgré son processus de dé-marginalisation et son ancienneté probante, l’habitat dit « léger » ou « alternatif » reste peu connu du grand public. Devenu un phénomène de société né dans l’ombre d’une Europe qui cherchait une réponse pertinente à la crise immobilière, il s’impose aujourd’hui comme un véritable choix de vie assumé et écologiquement responsable. Que ce soit de la tiny-house à l’habitat auto-construit en passant par le bio-climatique, les exemples sont nombreux. Par le biais d’un reportage sobrement intitulé « Le Poids du Léger » diffusé en septembre dernier dans le cadre de « l’Habitat Léger en Fête », la RBDL (Réseau Brabançon pour le Droit au Logement) nous invite à percer les secrets d’un mouvement citoyen pas comme les autres.

Bien moins austère qu’un immeuble de quatre ou cinq étages, l’habitat léger est le fruit d’une expérimentation collective, d’une nécessité de revenir aux éléments constitutifs et essentiels d’une vie. Un résident installé depuis près de trois ans au village de yourtes à Lathuy en Belgique nous développe le caractère profondément engagé de ce mode de vie non seulement social mais également de nature écologique. Choisir ce mode de vie, c’est aussi casser le schéma classique et figé de l’éternel mariage-achat d’une maison individuelle sur laquelle on restera pendant vingt-ans sans jamais se déplacer. Avec une avancée plus forte en matière de nomadisme moderne, l’Europe de l’Ouest (Belgique, Pays-Bas & Luxembourg) fait figure d’exemple à l’heure où la moitié de la population mondiale s’avère complètement sédentarisée.

Le documentaire : « Le Poids du Léger »

Contrairement aux idées reçues, cette nouvelle façon de se loger est en phase de se normaliser et concerne toutes les catégories de population : aussi bien les jeunes que les familles et les retraités même si les motivations peuvent varier selon la situation ou l’âge de l’individu. Les adeptes de cette conception de l’existence espèrent que l’Administration n’aura d’autre choix que de s’adapter à une demande en forte progression pour ce mode de vie à la fois libre et totalement atypique. Toutefois, on voit bien que le phénomène tend à dépasser les frontières précédemment citées. En France, par exemple, avec les compagnons d’Emmaüs Lescar-Pau qui ouvrent la voie à l’auto-construction via des conférences et un partenariat avec la caravane Halem (Habitants de Logements Ephémères ou Mobiles) ou avec des événements tels que la Rencontre Internationale sur les droits des Gens du Voyage et en particulier du mode de vie en Europe Occidentale encadré par l’OHCHR ou encore avec la programmation d’un film-documentaire (« Vivre Autrement ») par le collectif Alternatiba du Havre.

En France, après une seconde publication de la loi Loppsi en 2011 rendant les habitations légères illicites, le texte ALUR (Loi pour l’Accès au Logement et un Urbanisme Rénové) mis en place par Cécile Duflot en 2014 et revu par la ministre du Logement Sylvia Pinel, propose une amélioration intéressante en matière légale et juridique. En pratique, il est désormais possible, selon l’aménagement d’un terrain dans une zone préalablement définie, d’installer des résidences mobiles ou démontables par le biais d’un régime de déclaration ou d’un permis d’emménager. Voilà qui devrait au moins faire entendre la voix de ceux qui ont choisi l’habitat léger comme l’alternative possible entre la maison individuelle, les logements sociaux et la liste d’attente.

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Loin des préoccupations quotidiennes qui agitent désormais les villes, une proximité toute nouvelle s’est donc installée entre l’habitant et l’habitat qui tente de vivre au rythme des saisons et en osmose avec le milieu environnemental dans lequel il est installé. C’est évidemment une tentative, car le niveau d’engagement de ce mode de vie dépend toujours du comportement global de l’individu. Il n’y a pas de règle établie. Yourtes, tipis, roulottes, mobil-homes, caravanes; l’habitat alternatif peut revêtir différentes formes et s’associer à l’idée d’une projection systémique à long terme de son mode de vie. La génération Y fourmille d’idées et l’habitat alternatif est bien le reflet de son incroyable capacité à vouloir retourner à un mode de vie plus paisible, heureux et libre.


Sources : la-loi-alur.org / rbdl.be / halemfrance.org / depechestsiganes.fr / Photographie à la une : Yurtao

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