Cette initiative originale du magasin Ekoplaza BIO à Amsterdam, Pays-Bas, se présente comme une première mondiale. Tout un rayon alimentaire est désormais garantit sans plastique, en plus d’être biologique ! Un tout petit pas dans la bonne direction mais qui en promet d’autres.
L’initiative d’Ekoplaza : un petit pas pour les supermarchés, un grand pas pour la planète
“Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait” disait Mark Twain. Et c’est exactement ce que Ekoplaza, enseigne de supermarchés aux Pays-Bas, nous a démontré la semaine dernière. Le 28 février dernier, s’ouvrait ainsi au public le premier rayon alimentaire sans aucun plastique. Une première mondiale et peut-être un signal pour les autres magasins.
“Nous, nous sommes prêts pour le changement. Et vous ?”
Le rayon présente ainsi près de 700 produits alimentaires sans aucun emballage plastique. “Cela ressemble à du plastique, mais ce n’en est pas !” expliquait l’enseigne sous une photo Instagram. En effet, les sachets sont composés d’une sorte de biofilm fabriqué à partir d’algues, de plantes et d’écorce d’arbre. Cet emballage se décompose en 12 semaines dans un composteur classique afin d’être réutilisé dans la terre. Les autres produits sont pour la plupart proposés dans des bocaux en verre, des boîtes de métal réutilisables ou des cartons recyclables. Dans le rayon, on trouve tous les produits alimentaires de base : riz, pâtes, sauces, chocolat, yaourt, et bien sur des légumes frais et bio (l’initiative n’est pas végane).
Heureux de son succès, le magasin ne compte pas s’arrêter là. Et c’est tant mieux ! Ainsi l’enseigne Ekoplaza a déclaré vouloir étendre les rayons sans plastique dans l’ensemble des 74 supermarchés implantés aux Pays-Bas. D’après Erik Does, le directeur général d’Ekoplaza, “les allées sans plastique sont un tremplin pour un avenir meilleur pour la nourriture et les boissons.”
C’est l’association A Plastic Planet qui, avec Ekoplaza, fut l’initiateur du projet du rayon 0 plastique. « Il n’y a absolument aucune logique à emballer quelque chose d’aussi éphémère que la nourriture dans quelque chose d’aussi indestructible que le plastique », a déclaré Sian Sutherland, co-fondateur de A Plastic Planet. Il poursuit : « Les emballages d’aliments et de boissons en plastique sont utiles pendant quelques jours, mais ils restent une présence destructrice sur la terre pendant des siècles. »
Un projet donc qui s’inscrit dans la lutte de plusieurs organismes contre la pollution du plastique, qui est aujourd’hui un véritable cancer pour notre planète…
122 millions de sacs plastiques le long des littoraux français !
La catastrophe de plus en plus visible du plastique
D’après le site d’Ekoplaza, “partout dans le monde, les gens utilisent plus d’un million de bouteilles en plastique par minute, principalement pour l’eau potable, mais moins de 9% de ces bouteilles sont recyclées”. Ce n’est maintenant plus un secret, le plastique et tous les déchets plastiques (sacs, emballages…) sont une véritable catastrophe pour la planète. Bien que leur production et consommation tendent petit à petit à diminuer, comme le démontre cette initiative néerlandaise, il ne reste pas moins de centaines de millions de sacs plastiques actuellement dans la nature.
Rien qu’en France, on compte près de 122 millions de sacs plastiques le long des littoraux. Sachant qu’un sac plastique met entre 100 et 400 ans à se décomposer, et que plus de 80% d’entre eux ne sont ni triés, ni recyclés, on a tant fait de notre planète “bleue” une immense poubelle.
Et, au risque de se répéter, un véritable « continent » de plastique s’est ainsi créé dans le pacifique nord, entre la Californie et Hawaï. Ce « septième continent » représente selon les scientifiques et chercheurs environ un tiers de la superficie des États-Unis. Le plastique, poussé par les courants marins, s’accumule et forme un amas à la surface et sur près de 30 mètres de profondeur. De fait, la surproduction de plastique et les comportements irresponsables qui en découlent sont les facteurs à l’origine d’une véritable catastrophe environnementale.
Les déchets plastiques sont donc un désastre par leur pollution dans la nature, mais également par le danger direct qu’ils ont sur la faune et la flore. Selon Laurence Maurice, de l’Institut français de recherche pour le développement, “le plastique tue plus de 1,5 million d’animaux par an.” Alors que le continent flottant de plastique croît actuellement d’un peu plus de 80 000 km2 par an, les conséquences de la pollution marine par le plastique sur les animaux sont désastreuses. « Dans le Pacifique Nord, 30% des poissons ont ingéré du plastique durant leur cycle de vie », a expliqué Laurence Maurice durant un forum de sensibilisation organisé à Quito, en Equateur, il y a déjà 4 ans. La pollution plastique touche toutes les espèces, des plus petites aux plus grandes à travers la chaine alimentaire. Pour beaucoup, elles confondent le plastique avec de la nourriture, ce qui leur est généralement fatal. “Un jeune albatros a été découvert mort, l’estomac rempli de plastiques car ses parents avaient confondu des bouchons de bouteilles avec des aliments”.
En Europe, seulement 30% en moyenne des déchets plastiques sont recyclés, contre 31% d’entre eux qui finissent en décharge. Et ces décharges ne se trouvent pas toujours sur notre continent, pour les plus immenses d’entre elles. Non : elles sont en réalité en Chine, au Cambodge, ou en Inde suite à l’exportation intensive de nos déchets. Bien loin des yeux. Surconsommation, surproduction, gaspillage et pollution… des comportements à l’image d’une société consumériste qui a complètement perdu le sens des mesures. Mais, comme Ekoplaza, des mouvements et des actions responsables se multiplient pour tenter de faire contrepoids dans la balance.
Un petit pas de plus dans la mobilisation zéro déchet
Comme Ekoplaza, il existe actuellement quelques organismes qui luttent pour le diminution de la consommation de plastique et sa pollution. Par exemple, l’association ZeroWaste France multiplie les campagnes de sensibilisation dans notre pays.
Magasins de vente en vrac, marchés, jardins partagés… les astuces ne manquent plus pour réduire également sa consommation personnelle de plastique. Déjà, au début de cette année, Mr Mondialisation vous donnait quelques astuces pour faire toute la différence. Il est également possible de trouver encore plus d’idées dans des ouvrages comme “Zéro Plastique, Zéro Toxique” de Aline Gubri.
À l’image d’Aline et beaucoup d’autres, les citoyens prennent de plus en plus conscience de leur responsabilité individuelle et tendent à changer leur comportement. Ce changement dans les habitudes individuelles ne fait que mettre davantage en lumière l’inaction des gouvernements et des grandes entreprises qui continuent d’entretenir un système malsain mais probablement économiquement profitable. Pour l’instant ?
En tout cas, ce qu’on espère tous c’est que nos grandes enseignes s’inspireront de cette initiative. Ensemble, nous pouvons construire un avenir serein.
Moro
Sources : Positivr / Ekoplaza.nl / The Washington Post / Article gratuit, rédigé de manière 100% indépendante, sans subvention ni partenaires privés. Soutenez-nous aujourd’hui en nous offrant un café. ?