En ce moment, on serait tentés de s’oublier entièrement dans le gouffre abyssal de nos écrans. L’hiver, le confinement et les petits commerces à l’agonie ne forment pas un tableau très réjouissant. Alors, comment réussir à occuper son temps autrement, avec subtilité et en soutenant, au passage, des créateurs locaux ? Une bande de costumiers un peu punk et très passionnée a trouvé sa propre solution. En plus de créer des tenues uniques, les Vertugadins proposent à présent d’apprendre à confectionner votre propre pièce de costume ancien grâce à des kits complets, livrés à la maison. Une activité manuelle originale en plus d’un voyage instructif à travers le temps et les savoir-faire oubliés… Découverte.

Costumiers depuis 2002, les Vertugadins fabriquent dans leur atelier français des centaines de silhouettes fantastiques et inspirantes et louent également de belles trouvailles rétro. La tisserande italienne ou le guerrier du chaos, proche du Nazgul, comme les Cosplay japonais ou médiévaux, sont autant de modèles aussi bien destinés au cinéma, au théâtre et à la photographie qu’aux particuliers avides de féerie ou sensibles aux ouvrages manuels. La devise de la maison ? « De belles choses pour de bonnes raisons ». Et pour y coller parfaitement, à tous les niveaux, les artistes se sont développés sous forme de S.C.O.P. (Société coopérative et participative). Ainsi, comme ils le décrivent : « tous les salariés sont amenés à devenir associés et les projets, les échecs, les réussites sont partagés ». Une organisation qui permet notamment aux employés de détenir minimum 51% du capital de l’entreprise et de représenter 65% des votes internes.


Aujourd’hui, pour faire face à la crise que vivent les petits commerces et la culture – leur principal client – les Vertugadins se réinventent et lancent une campagne Ulule autour d’une contrepartie créative : un kit complet de mercerie, tissus, patrons originaux et tutoriels vidéos pour confectionner un précieux corset 1880, étape par étape. Point très positif pour ce premier coffret : le modèle a été conçu pour s’adapter à toutes les morphologies ! D’autres kits devraient suivre, dont un gilet masculin prévu pour l’automne 2021. Parallèlement, l’atelier a exprimé une ambition claire et louable pour les prochains paliers : « travailler avec un imprimeur français et choisir du papier de haute qualité et recyclé pour tous les kits à venir ». Preuve qu’à échelle humaine, s’organiser pour une fabrication éthique est possible. 

Le premier kit Vertugadins : un corset 1880.

En cadeau de Noël qualitatif pour échapper à l’obsolescence d’Amazon et confrères, en passe-temps maison ou pour apprendre les bases de la costumerie, le colis permet surtout de réintroduire des principes de minutie et de soin au sein de notre modèle. Un pas de plus vers une revalorisation des gestes et de la matière vestimentaire, loin des surproductions textiles et en soutien à des initiatives positives et locales. Le faire soi-même, la réparation, la réutilisation et de la créativité. Tant de gestes oubliés.

Découvrons l’univers Vertugadins à travers 10 de leurs plus belles confections : 

L'italienne tricotant debout
Robe traditionnelle, 1880, réalisée dans le cadre d’un projet de reproduction de tableaux de Jean-Jacques Henner. Chemisier, jupon, corselet et tablier traditionnels, en laine et coton.

 

Robe Renaissance en brocard et guimpe perlée
Robe à l’anglaise XVIIIe siècle, composée d’un manteau de robe en indienne et d’une jupe de voile de coton.
Costume d’inspiration 1895 composé d’une veste à manches gigot, d’une jupe assortie, d’un chemisier et d’un jabot.
Costume Renaissance composée d’un pourpoint, d’une culotte et d’une chemise. Pourpoint ancien brodé de perles de jais.
Robe 1910 du soir en satin bleu, drapé en mousseline paon. Accessoires tel que ceinture, gants et bijoux disponibles.
Robe traditionnelle, 1880, réalisée dans le cadre d’un projet de reproduction de tableaux de Jean-Jacques Henner. Corset et jupon, veste et jupe en laine, châle et coiffe alsacienne.
Robe d’inspiration médiévale en velours. Coupe à la danoise, agrémentée de broderies aux rubans de soie. Les manches sont amovibles et lacées aux emmanchures.
Pourpoint en laine et galons anciens, culotte en velours. Fraise réalisée avec de la dentelle ancienne.
Le « vide ». Inspiration Médiévale.

 

D’autres costumes d’inspiration tant fantastique qu’historique vous attendent sur le site de l’atelier Vertugadins. A savoir toutefois : en naviguant dans la galerie, vous pourrez tomber sur des personnages peu recommandables comme « L’explorateur » qui arbore son casque de colon. Il faut alors se rappeler du rôle de ces costumes, à travers la culture cinématographique notamment, de représenter un passé que l’on souhaite révolu. Les opéras, pièces de théâtre, tournages et autres arts qui s’y fournissent ont parfois besoin d’exprimer des réalités à travers des archétypes dérangeants, anciens ou modernes. C’est de cette manière qu’ils peuvent appréhender la complexité du monde qui nous entoure et raconter les histoires de nos sociétés. Enfin, le talent des Vertugadins aussi indéniable soit-il, ne saurait rendre l’utilisation de la fourrure moins regrettable. Pour le reste, ce n’est que du plaisir : les kits, transmetteurs de savoir et d’expérience artisanales, semblent largement valoir le détour.

Sharon H.

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