Petit à petit, les villes se transforment. Contre la bétonisation, des citoyen.ne.s s’arment de pelles et de clous pour donner à leur quartier un nouveau visage, plus vert, plus fleuri. Le photographe rennais, Martin Bertrand, qui nous avait partagé auparavant les clichés réalisés à l’occasion d’un reportage à Cuba, met à l’honneur ces jardins partagés, dans une série réalisée pendant le printemps dernier à Rennes.
À peine âgé de 21 ans, Martin Bertrand, membre du studio Hans Lucas, a su faire de son appareil photo un outil de travail par l’intermédiaire duquel il raconte la société et les gens qui la compose. Dans une série photographique qui expose les jardins partagés de Rennes, il réussit à capter le caractère protéiforme de ces lieux urbains, qui tranchent avec les ternes pelouses auxquelles les pieds d’immeubles sont associés.
Pour réaliser cette série, il s’est rendu dans cinq jardins différents, pendant des ateliers animés par les habitant.e.s. Chaque jardin offre une atmosphère unique, ses propres odeurs et saveurs, et, souvent, de longues discussions. « Ça rigole beaucoup, se salue entre voisins », précise le photographe, qui « [s]intéresse à la ville et aux initiatives qui changent la vie des gens » et prépare un reportage sur le bord du Mékong, en Asie.
Au cœur des jardins rennais
Récemment, les jardins de Rennes ont connu un nouveau souffle, notamment sous l’impulsion donnée par la ville, qui promeut désormais des politiques visant à favoriser l’autonomie alimentaire. Les jardins partagés, qui questionnent l’usage de l’espace public tout en donnant aux citoyen.ne.s l’occasion d’agir localement, font partie intégrante de ce nouveau cap donné au territoire. À Rennes, rapporte Martin Bertrand, plusieurs associations comme « Vert le Jardin » accompagnent les jardins partagés dans leur développement, notamment en participant au partage et à la transmission des techniques de jardinage.
Tout en couleur, les jardins offrent aux habitants un espace de créativité et de convivialité. « Ces jardins créent du lien social », rapporte Martin Bertrand, « alors que dans ces quartiers les relations de voisinage son rares ». Un morceau de ville est rendu au habitants, qui trouvent dans ces espaces dont ils ont l’usage et la maîtrise collective un lieux où se rencontrer. Le sentiment de pouvoir créer le lieu renforce la dimension politique de la démarche, mais aussi la volonté de s’investir durablement.
Les jardins partagés, un mouvement en expansion
Né à New York et au Canada, le mouvement citoyen des jardins partagés propose aux habitants de produire eux-mêmes des fruits et légumes. Il s’étend aujourd’hui dans le monde entier comme à Rennes où une centaine de jardins ont fleuri dans les différents quartiers.
L’objectif n’est pas uniquement productif car, derrière ce mouvement, on retrouve un réel intérêt social et pédagogique. En effet, dans un monde où la population urbaine ne cesse de croitre, il s’avère nécessaire pour l’avenir de faire prendre conscience aux habitants des enjeux du foncier et de l’agriculture. Créer un lien à la terre en utilisant des techniques à la fois naturelles et modernes permet de se questionner sur nos modes de productions agricoles. D’où vient ma nourriture ? Que vais-je trouver dans mon assiette ?
Ce mouvement a également pour vocation de nouer des relations de voisinages parfois perdues. Pendant les moments de jardinage, on échange sur la vie du quartier et on se quitte rarement sans avoir partagé un goûter. Indéniablement, les jardins offrent de la fraîcheur aux villes.
Propos recueillis par l’équipe de Mr Mondialisation
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