Assassinée en 2016 pour avoir été la représentante la plus active d’un groupe d’opposition à la construction d’un barrage au Honduras, Berta Cáceres aurait bien été tuée sur les ordres de l’entreprise concessionnaire, avec l’aide des autorités. Des agents de l’État hondurien seraient ainsi également impliqués, selon les premières révélations faîtes par les juges internationaux chargés de l’enquête. 

L’activiste, âgée de 43 ans au moment de son assassinat, était devenue célèbre dans son pays et au niveau international pour s’être fermement engagée contre un projet de barrage aux graves conséquences sociales environnementales. À la tête de la communauté lenca, elle clamait haut et fort, en dépit des pressions et au péril de sa vie, son opposition à un projet qui menaçait de nombreux habitants et leur manière de vivre. Son meurtre, qui a suscité l’émotion bien au delà des frontières, a été le point de départ d’une investigation délicate, au sein d’un pays où les personnes les plus puissantes restent largement protégées, note le New York Times.

L’entreprise concessionnaire et des agents de l’État en cause

Les premières révélations sont d’ordre à suggérer un assassinat minutieusement organisé. En effet, les preuves rassemblées jusqu’à présent laissent à penser qu’un complot malveillant avait été fomenté des mois en amont. Les documents analysés par les enquêteurs mènent désormais jusqu’à l’exécutif de Desarrollos Energéticos, l’entreprise hondurienne concessionnaire du projet du barrage, en cause. Le concessionnaire aurait par ailleurs commandité des personnes pour menacer l’activiste anticapitaliste et protectrice de l’environnement. Desarrollos Energéticos avait à l’époque affirmé à plusieurs reprises qu’elle n’avait aucun lien avec le meurtre de Berta Cáceres et qu’elle n’aurait exercé aucune pression sur les activistes.

Mais le scandale éclabousse également l’État, puisque l’enquête des juges vise aussi directement des agents de l’État hondurien, qui seraient liés à la planification, la mise en œuvre et la dissimulation des preuves du crime. Dans l’attente de publier l’ensemble de leur rapport, les juges chargés de l’enquête mettent en garde, craignant que les personnes impliquées ne soient jamais traduites en justice en dépit des évidences.

Depuis 2009, et après un coup d’État soutenu par les États-Unis, le Honduras s’est rapidement ouvert aux entreprises et multinationales, reléguant au second plan la défense des communautés autochtones pour marquer la priorité sur le développement économique.

Manifestación Berta Cáceres

Le Honduras, pays le plus dangereux au monde pour les activistes 

Berta Cáceres était une militante active, qui se battait pour les droits des peuples indigènes au Honduras, ainsi que pour la protection de l’environnement. Son engagement lui avait valu le prix Goldman pour l’environnement en 2015. Dirigeante du Conseil Citoyen des Organisations des Peuples Amérindiens du Honduras, elle fut assassinée par balles l’année passée, le 3 mars 2016, dans sa maison. L’assassinat de la militante intervenait alors que cette dernière s’opposait vivement à la construction d’un barrage hydroélectrique, qui mettait en péril l’approvisionnement en eau de centaines d’habitants dans le nord-ouest du Honduras. Le fleuve Gualcarque est la base de la vie culturelle et sociale de nombreuses communautés qui vivent à proximité.

Après le drame, au regard de son implication militante active, des doutes étaient survenus quant aux commanditaire de l’assassinat. Les proches de Berta Cáceres dénonçaient rapidement « un crime politique du gouvernement », dans un pays ou les entreprises hydrauliques et celle du secteur minier ont des relations privilégiées avec les administrations. Les mois précédents son assassinat, plusieurs menaces de morts sérieuses lui avaient été adressées. En 2013 et 2014, 4 membres du Conseil civique d’organisations indigènes et populaires du Honduras avaient par ailleurs été également tués dans des conditions tout aussi troubles.

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Au Honduras, les personnes engagés pour les Droits de l’Homme restent particulièrement vulnérables. Entre 2010 et 2015, 109 personnes ont été assassinées dans le pays, faisant de cet État le plus dangereux au monde pour les activistes.


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Sources : nytimes.com / humanite.fr / reporterre.net

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