Présentes dans de très nombreux biens de consommation, les nanoparticules ont fait leur entrée dans nos assiettes au travers des pesticides, des emballages, mais aussi des conservateurs et autres additifs. Alors que les effets sur la physiologie humaine restent difficiles à quantifier, les scientifiques ont d’ores et déjà démontré leur existence, et la nécessité d’appliquer le principe de précaution. L’association Agir pour l’Environnement a dressé la liste des aliments présents dans nos supermarchés et susceptibles de contenir ces substances toxiques, et espère interpeller les industriels au travers de la mobilisation des citoyens.

209 produits testés

Présents sur les étalages et dans les rayons, ce sont plus de 200 produits qui ont d’ores et déjà été passés au crible par l’association Agir pour l’Environnement. Lancée en juin 2016, la campagne « Stop aux nanos » a pour but d’analyser différents produits de consommation courante afin d’identifier la présence de potentielles nanoparticules. Épaulée par le laboratoire national de métrologie et d’essais (LNE), l’association a permis l’identification de différentes nanoparticules dans au moins quatre produits alimentaires. Selon un rapport de l’OCDE, plus 1300 produits de consommation courante contiendraient ces nanoparticules.

Selon les premiers tests, des nanoparticules ont été identifiées dans les gâteaux Napolitains « Signature Chocolat » de la marque française LU, les chewing-gums Malabar et les Chewing-gums New’R goût menthe fraîche. Du reste, l’association suspecte la présence de ces nanoparticules dans une vaste gamme de produits dont les M&M’s Crispy, le Chocolat Milka « in colors », les Dosettes cappuccino Senseo ou encore plusieurs types de Bûche glacée Carte d’Or. La liste non-exhaustive est consultable en ligne. Les molécules identifiées, quant à elles, comprennent notamment du dioxyde de titane, présent dans l’additif et colorant E171 que l’on retrouve notamment sur les gâteaux Napolitains et dans les chewing-gums. Des additifs utilisés par les industriels pour fixer l’humidité et empêcher l’agglomération des poudres, blanchir les aliments ou modifier la teinte de leurs colorants.

Suite à l’identification de nanoparticules dans ces premiers échantillons, l’association a mis en place une plateforme permettant aux internautes de consulter les aliments où la présence de nanoparticules a été attestée, mais aussi ceux suspectés d’en contenir, et ceux qui n’en comportent plus. Plus de 200 produits sont ainsi suspectés de contenir des nanoparticules et attendent d’être soumis à de plus amples tests en laboratoires. La liste comprend de nombreux produits particulièrement appréciés des enfants (des biscuits, mais aussi des bonbons). Il est donc possible pour les industriels de changer leur méthode de production sans attendre pour apparaître en « vert » (sans nanoparticules) dans cette liste.

Une mobilisation en bonne marche

Premiers résultats de cette mobilisation citoyenne lancée il y a déjà plusieurs mois, certains produits ont été modifiés de façon à ne plus incorporer de nanoparticules. Ainsi, la marque William Saurin, dont la blanquette de veau en conserve présentait aussi des traces de dioxyde de titane, a affirmé qu’elle n’utilisera plus d’additifs susceptibles de contenir des nanoparticules dans ses produits. Elle a également annoncé sa volonté de ne plus employer de colorants sur la totalité de sa gamme, et la mise en place d’une politique particulière concernant la nature de ses emballages.

Éditée à plus de 25 000 exemplaires, la campagne « Stop aux nanos » d’Agir pour l’Environnement rencontre un certain succès auprès des internautes. Espérant pouvoir faire pression sur les Ministres de l’Écologie et de la Santé, mais aussi auprès de la Secrétaire d’État à la consommation, l’association a également mis en place un système de « cartes pétitions ». À l’heure actuelle, 47 916 internautes ont signé la pétition en ligne exigeant la garantie de l’absence de nanoparticules dans les produits alimentaires courants.

Des risques ?

Présentes dans de nombreux produits du quotidien, les nanoparticules se retrouvent aussi bien dans les pneus de nos voitures, que dans les raquettes de tennis, les emballages, les matériaux de construction, les vêtements ou encore les cosmétiques et les médicaments. Il n’y a donc pas de réponse simple face à la complexité du phénomène. Concernant l’alimentation, elles sont généralement la conséquence de l’utilisation de pesticides, de certains emballages alimentaires, et directement de l’utilisation d’additifs colorants et anti-agglomérants (dioxyde de titane et dioxyde de silice). On rappellera qu’il existe une obligation d’étiquetage imposée depuis fin 2014 par l’Union Européenne même si celle-ci reste peu lisible du consommateur. La France fut également le premier pays de l’UE à créer son propre registre R-Nano en 2013, dont le but est de recenser toutes les substances à l’état nano-particulaire importées, produites ou distribuées sur le territoire.

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Ces dernières années, divers instituts se sont donc penchés sur la question de l’incidence de telles substances sur la santé humaine. Dommages à l’ADN, retards de croissance, inflammations chroniques, hypersensibilité et allergies, affaiblissement du système immunitaire et effets cancérogènes sont quelques-uns des effets potentiels des nanoparticules sur l’organisme (voir documents de l’IRSST). Des effets renforcés par le fait que ces nanoparticules sont capables de traverser nos barrières physiologiques et de s’infiltrer dans les voies respiratoires, digestives et cutanées et ainsi s’accumuler dans les organes, les cellules, ou le sang. Mais à nouveau, tout dépend du type de particule et de l’utilisation que nous en faisons. L’OMS préconise donc depuis 2013 l’application du principe de précaution, lorsque l’ANSES allait jusqu’à conseiller l’interdiction totale des produits à l’origine des nanoparticules pour les applications grand public.

Enfin, les nanoparticules disséminées un peu partout dans l’environnement (depuis les décharges ou les incinérateurs par exemple), contribuent à la pollution des cours d’eau. L’eau usée des machines à laver participe également au travers des vêtements à la diffusion de ces particules, aussi présentes dans les crèmes solaires qui se diluent de la peau des baigneurs dans les mers et océans. Des effets sur le phytoplancton ont déjà été observés, suscitant l’inquiétude de la classe scientifique quant à l’avenir de la chaîne alimentaire des animaux marins.

La campagne « Stop aux nanos » ainsi que la pétition associée seront en ligne jusqu’au 14 juin prochain.


Sources : Infonano.agirpourlenvironnement.org / Rapport du laboratoire LNE / Agirpourlenvironnement.org / Assets.apeorg.com

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