Clermont-Ferrand – À l’Université de Clermont-Auvergne, les étudiants se mobilisent contre la fermeture annoncée du jeune Master Communication et Démocratie Participative. À l’image d’autres campus en France, la colère monte contre les décisions gouvernementales chez les étudiants et les étudiantes, premières victimes des restrictions budgétaires et de la pression croissante sur les universités pour qu’elles soient « compétitives ».

La décision a été annoncée le 7 mars dernier en plein cours, sans préavis, sans discussion préalable : l’avenir définitif du Master Communication et Démocratie Participative de l’Université Clermont-Auvergne se jouera lors d’une réunion ce vendredi 23 mars. Ce Master avait pour objet d’enseigner, d’appliquer et d’encourager le développement de nouveaux outils de participation citoyenne, que ce soit au niveau communal ou dans le champ de l’ESS. Des études qui répondent donc à un souhait citoyen de plus en plus palpable depuis quelques années.

Les étudiants mobilisés

Maruschka, jeune étudiante originaire de Bretagne qui a intégré la formation en M2 cette année, digère toujours difficilement la nouvelle. Car pour elle, la formation est unique : « Nous y apprenons les différents leviers pour recentrer le débat au niveau des citoyens et des citoyennes pour qu’ils puissent à nouveau participer aux politiques de la ville mais aussi les méthodes pour dynamiser les acteurs de l’ESS » résume-t-elle. « Ce qui est innovant, c’est qu’il ne s’agit pas de marketing, mais de véritablement penser l’intégration de tous les acteurs aux prises de position » nous précise t-elle encore. Le Master, qui n’a qu’une année d’existence, subit à la fois les restrictions budgétaires mais aussi la faiblesse de ses effectifs. En effet, à ce jour, il y a respectivement 6 et 3 élèves dans le M1 et le M2. Cependant, estime Maruschka, les prochaines promotions promettaient d’être bien plus remplies avec de nombreuses candidatures reçues ces dernières semaines.

Les étudiants du campus se sont immédiatement mobilisés pour préserver le cursus, notamment via une pétition papier qui a récolté 400 signatures en quelques jours. Une pétition en ligne a quant a elle été signée par près de 1000 personnes. Selon eux, la formation dispensée est essentielle au regard du développement rapide des programmes de participation citoyenne au niveau des villes, mais aussi de la forte croissance de l’ESS. « On a besoin de nous au niveau territorial », se défend Maruschka, également persuadée que ce type de formation répond au besoin des jeunes de « trouver un travail en adéquation avec leurs valeurs et d’avoir un impact positif sur la société ». Comble pour les élèves, la formation, encore rare en France, serait remplacée par un « Master numérique », en dépit du fait qu’il existe d’ores et déjà « plus de 300 formations numériques en région Auvergne Rhône-Alpes » et que ce genre de formation est très coûteuse en raison du matériel informatique nécessaire.

Partout en France, les universités sous pression

Le cas du Master Communication et Démocratie Participative de l’Université de Clermont-Auvergne n’est pas isolé. Partout en France, Masters et autres formations universitaires sont menacés, souvent dans le domaine de la culture des arts ou encore des langues. Ces dernières années, les manifestation étudiantes se sont multipliées pour maintenir leurs formations. Dans la majorité des cas, ce sont les cursus dans lesquels les effectifs sont les moins nombreux qui sont visées les premiers.

En ce moment même, à Toulouse, c’est un véritable bras de fer qui se joue entre une partie des étudiants de l’Université Jean Jaurès et de son personnel d’une part et l’Etat d’autre part, sur fond d’adoption de deux réformes, un projet d’initiative d’excellence (Idex) et la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE). En d’autres termes, il s’agit de soumettre, encore un peu plus la recherche et la formation à la compétitivité dans l’objectif de faire jeu égal avec des universités à l’international, une injonction qui concerne en réalité tous les campus de France.

Que ce soit pour des raisons financières ou de rayonnement international, se pose désormais la question de savoir si les universités ont véritablement vocation à uniquement proposer des cursus « rentables » ou s’il n’est pas de leur responsabilité de maintenir et de développer des filières qui puissent répondre aux défis de demain et qui ne s’inscrivent pas toujours dans la réalité économique d’aujourd’hui qui est notamment celle de la numérisation. Par ailleurs, la compétition ne risque t-elle de se faire au prix du rôle social des universités qui ont vocation à intégrer le plus largement possible les étudiants dans un soucis d’égalité ? Ces questions, n’interrogent pas seulement l’opportunité des réformes et difficultés croissantes des universités auxquelles nous assistons, mais du modèle de société que nous voulons.

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