C’est une première en France. La multinationale Monsanto vient d’être condamnée par la cour d’appel de Lyon. Les juges ont estimé qu’un herbicide de Monsanto était responsable de l’intoxication d’un agriculteur français. Ce dernier devrait donc être indemnisé bien que l’entreprise entend bien se pouvoir en cassation.
Pour une fois, le pot de terre semble l’emporter sur le pot de fer. Monsanto vient d’être jugé responsable, par la cour d’appel de Lyon, du préjudice subi par un producteur charentais ayant inhalé un de ses pesticides. La responsabilité de Monsanto avait déjà été retenue en 2012 par les juges, en première instance de cette bataille juridique. Une décision surprenante au regard de l’avocat de Monsanto qui met en avant des inexactitudes concernant la thèse de Paul François, victime d’une très lourde intoxication au Lasso, un puissant herbicide produit par la multinationale. Le céréalier charentais, aujourd’hui partiellement handicapé, souffrant toujours d’importantes séquelles, se réjouit que Monsanto ne soit pas au dessus des lois.
Mis en cause dans cette affaire, le monochlorobenzène, un solvant hautement toxique qui entre dans la composition du Lasso inhalé par le cultivateur. Plus de 50% de cet herbicide est constitué de monochlorobenzène ce qui en fait un produit dangereux, à utiliser avec une très grande précaution. En 2004, la vie de l’agriculteur bascule définitivement alors qu’il inspectait une cuve ayant contenu le fameux herbicide. Un composé toxique qu’il projetait innocemment sur son maïs depuis au moins quinze ans.
Après avoir inhalé des vapeurs toxiques, l’homme aura tout juste le temps de prévenir son épouse, épris de malaises et crachant du sang. Il ne se remettra jamais de cette journée. Après 5 semaines d’arrêt, absences, violents maux de tête et troubles cognitifs se succèdent. Fin 2004, il est retrouvé inconscient par sa famille. Malgré une longue période d’hospitalisation, où il frôlera la mort à plusieurs reprise, aucun lien n’est fait avec son exposition à l’herbicide par les médecins.
La France, deux décennies de retard
C’est à ses frais personnels que la famille entame une enquête sur le Lasso et son impact sur la santé. Souffrant d’une importante défaillance au niveau cérébral, Paul François se lance alors, avec sa famille, dans un long combat juridique. Il faudra d’abord 6 ans pour qu’on reconnaisse sa situation comme maladie professionnelle. Avec quelques décennies de retard, la France fait finalement interdire le Lasso fin 2007 alors que le Canada avait fait retirer l’herbicide du marché dès 1985. La Belgique et le Royaume-Uni, quant à eux, on fait interdire l’herbicide dès 1992. Pourtant, en mai dernier, Monsanto continuait d’affirmer que son produit était sans danger… Circulez, il n’y a rien à voir.
Les associations écologistes se réjouissent de cette décision de justice qui pourrait ouvrir la voie à un plus large mouvement d’indemnisation pour les victimes d’intoxication. Cependant, les observateurs s’attendent à voir Monsanto se pouvoir prochainement en cassation…
Source : rtl.be / lexpress.fr / lemonde.fr