Ce sont les bélugas du Saint-Laurent qui risquent de ne pas apprécier la manœuvre. Les autorités québecoises déversent en ce moment près de 8 milliards de litres d’eaux usées dans le fleuve qui traverse Montréal.

Le chiffre peut suggérer une mauvaise farce, c’est pourtant bien ce qu’à annoncé Denis Coderre, le maire de Montréal. 8 milliards de litres d’eaux usées (sanitaires, égouts, déjections,..) sont rejetées en ce moment dans le Saint-Laurent qui relie les Grands Lacs de l’Amérique du Nord à l’océan Atlantique. En cause, de nécessaires réparations sur un tuyau d’évacuation de 30 kilomètres de long et de 5 mètres de large. Un intercepteur qui transportait les eaux usées des habitant de plusieurs villes vers la station d’épuration de Montréal.

Les eaux sales de 12 arrondissements et 7 villes (dont plusieurs établissements industriels) seront rejetées de manière brute, sans filtrage, dans l’ancien système des égouts de la région qui mène au fleuve. Le processus d’écoulement, qui a débuté le 11 novembre à minuit, heure locale, devrait se poursuivre durant près de 24 heures non-stop. Une fois terminé, les travailleurs pourront pénétrer dans le tuyau, en état avancé de détérioration, pour le remettre à niveau. Les experts mandatés par le ministère ont estimé qu’un déversement non planifié (suite à une rupture de conduite, par exemple) aurait pu avoir des conséquences bien plus catastrophiques.

Les autorités n’ont cependant pas évoqué la question des bélugas, ces baleines blanches qui peuplent le Saint-Laurent et qui subissent depuis de nombreuses années les rejets polluants « habituels » dans la région industrialisée. Ces animaux, dont il demeure moins de 1000 unités dans la région (10 000 au siècle dernier), sont déjà exposés à des composés hydrocarbures et des métaux lourds. Les scientifiques ont ainsi observé un déclin de 75% à 82% de l’espèce en à peine trois générations.

Le maire de Montréal a estimé que ce déversement était inévitable : « Sachez que cette décision, aussi impopulaire qu’elle soit, a été prise de manière responsable. » a-t-il exprimé aux médias. Un compromis nécessaire face à un choix de développement passé dont on récolte aujourd’hui les fruits ? Maigre initiative pour limiter la casse, il est demandé aux habitants de la région de ne pas jeter de produits polluants dans leurs toilettes durant la semaine. Une équipe de nettoyage sera prête à intervenir, même si la pollution risque rapidement de se répandre de manière incontrôlée. On ignore à ce jour l’impact de ces milliards de litres d’eaux usées sur l’environnement, les bélugas, mais également l’ensemble des espèces qui survivent dans le fleuve Saint-Laurent.


Source : radio-canada.ca / lapresse.ca / fr.euronews.com

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