L’Everest est le point culminant notre planète du haut de ses 8 848 mètres. De loin on admire ses pentes sauvages perpétuellement couvertes de neige éternelle qui attirent chaque année des dizaines d’alpinistes. Mais au fil des ans, les déchets laissés par chaque expédition se sont accumulés au point qu’on estime leur poids à 4 ou 5 tonnes. Le projet Everest Green compte en redescendre un maximum et sensibiliser le public à travers un film documentaire relatant son expédition.
L’association humanitaire française à but non lucratif à l’origine de ce projet se nomme Montagne et Partage. Né début 2010, elle se présente ainsi : « Quelques passionnés de montagne, issus d’horizons divers, forts de leur expérience privilégiée de la région himalayenne qu’ils ont pratiquée lors de treks ou d’expéditions se sont dit que les belles images ou les émotions personnelles ne suffisaient plus face à la réalité d’un monde en souffrance. Une réalité qu’ils ont pu approcher au Tibet, en Inde, au Pakistan ou au Népal, au fond des vallées les plus reculées, dans des villages coupés du reste du monde, auprès de villageois luttant pour leur survie, auprès de réfugiés tibétains ayant tout abandonné, au contact d’enfants souriants privés de toute éducation, où dans l’effervescence de villes grouillantes et polluées, porteuses de tant de rêves déçus. Avec le voyage, la montagne représente une des plus belles écoles de la vie, celle de l’humilité et du partage, celle de la fraternité universelle ? C’est ainsi qu’est née l’Association «Montagne et Partage». »
Elle se donne pour but de « fournir toute forme d’aide humanitaire aux populations nécessiteuses des zones de montagne, dans le domaine de l’éducation, de la santé, de l’environnement, du développement économique, ou dans tout autre domaine relevant d’une intervention humanitaire dûment constatée. L’Association « Montagne et partage » pourra intervenir directement ou indirectement, en France comme à l’étranger, entre autres dans la zone himalayenne. «
À son actif, l’association compte la construction et l’équipement de plusieurs écoles au Népal dont la reconstruction du groupe scolaire de Salyantar, complètement détruit par les séismes du 25 avril et du 17 mai 2015 et dont elle entend pérenniser l’enseignement. Ainsi, elle a ouvert un orphelinat accueillant 32 enfants à Sauraha dans la province de Chitwan et parrainé des enfants népalais en finançant des bourses d’éducation. Elle a aussi contribué à la formation de sherpas d’altitude à la sécurité et aux techniques alpines.
Son dernier projet en cours, Everest Green, entreprend le nettoyage de l’Everest de la montagne de détritus abandonnés par les 4000 alpinistes qui ont gravi la montagne depuis 1953 et leur recyclage. Puis la production d’un film relatant le déroulement de cette mission. Un défi de taille pour les bénévoles du projet.
Le ramassage et le traitement des déchets de haute voltige
Les premiers français sont partis ce 5 avril et jusqu’à la mi-mai, pendant 5 semaines, avec le concours de sherpas, ils récupéreront les déchets localisés entre le camp de base et le camp 4 situé à près de 8000 mètres d’altitude. Une distance de plusieurs kilomètres dans une région dangereuse où les membres de cette expédition franco-népalaise prendront d’importants risques au nom de l’environnement. Il est possible de suivre l’expédition au quotidien sur le blog qui lui est dédié et sur la page facebook d’Everest Green.
Dans des sacs de jute, dix sherpas collecteront des déchets variés : bouteilles d’oxygène, cordes, tentes, cartouches de gaz, piles, restes de nourriture, canettes, conserves, vêtements, plastique, etc. Rien des résidus de la civilisation industrielle ne manque à l’appel. Ils les redescendront ensuite au camp de base où ils seront triés et serviront à sensibiliser les expéditions présentes à l’impact de leur passage. Puis, ils seront acheminés à dos de yaks à Namche Bazar. Une partie non recyclable sera incinérée au pied de la montagne et le reste, envoyé à Katmandou, sera partagé entre l’Inde et la France. L’Inde s’occupera de traiter et de recycler les objets en métal et en plastique tandis que la France rapatriera les piles dans des conteneurs étanches.
« Contrairement à de précédentes opérations de collecte sur l’Everest, nous voulons nous assurer que les déchets ne vont pas finir dans la plus grosse décharge du pays, près de Katmandou », insiste Gérard Clermidy, le président de l’association. Celle-ci rappelle au passage que Katmandou est l’une des villes les plus polluées au monde et met en lumière le manque de moyens du Népal dans le traitement des déchets, ce que la pauvreté du pays aggrave. Tout en débarrassant l’Everest de sa pollution, Montagne et Partage veut déclencher une prise de conscience environnementale tant chez les touristes qu’auprès de la population locale. Et pour cela, elle compte aussi sur la réalisation d’un documentaire.
Après la collecte, un film pour sensibiliser et responsabiliser
Une équipe de tournage sera présente sur place pendant 54 jours pour suivre l’avancée de l’expédition, subissant les mêmes conditions de vie extrêmes que ses membres. Elle retranscrira l’aventure à travers les yeux d’un sherpa.
« Si on peut le faire là-haut, rien ne semble impossible en bas ! Il était pour nous impossible de passer à côté de l’opportunité de diffuser largement ce message de sensibilisation en utilisant le monument naturel le plus connu du monde pour attirer l’attention » expliquent les producteurs du film à Block 8 Production, l’agence qui réalise le documentaire.
Le problème de la pollution de l’Everest et l’enjeu de la sensibilisation du public a déjà été entendu par le Népal d’autant plus que l’ascension de la montagne génère des revenus non négligeables pour ce pays parmi les plus pauvres du monde. Depuis trois ans, les autorités obligent les alpinistes qui gravissent le toit du monde à redescendre leurs déchets ainsi que 8 kilos d’ordures supplémentaires contre le versement d’une caution de 4000 dollars (soit 3700€). Faute de quoi les alpinistes encourent des poursuites judiciaires.
A terme l’espoir est permis de changer définitivement les mentalités et de débarrasser une des plus belles montagnes du monde de la pollution que l’inconscience et l’ignorance de certains hommes y ont laissé s’installer.
Soutenir Everest Green
Malgré toute sa bonne volonté, l’association manque de fonds et a lancé deux crowfounding pour permettre à qui le souhaite de soutenir Everest Green (les dons sont déductibles des impôts) : le premier pour financer l’expédition, augmenter le nombre de sherpas pour récolter une tonne de déchets supplémentaires et le second pour financer le film et sa post-production.
S. Barret
Source : Communiqué de presse du 6 avril / leparisien.fr / actualites.reponse-conso.fr / Toutes photographies fournies par Everest Green.