À chaque Noël, anniversaire ou toute occasion de s’offrir un cadeau, le même travers se répète : acheter un emballage jetable qui terminera à la poubelle en l’espace de quelques secondes. Il existe pourtant une autre possibilité issue de la tradition japonaise : le furoshiki. Présentation.
N’avez-vous jamais ressenti un terrible sentiment de gâchis durant les fêtes quelques minutes après l’ouverture des cadeaux alors qu’un monceau de papiers froissés jonche le sol et atterrira inexorablement aux ordures ? En finir avec cette absurdité, grâce au furoshiki.
La folie consumériste
Si les fêtes de fin d’année sont avant tout une occasion de se rassembler avec nos proches, elles sont aussi malheureusement largement instrumentalisées par le système capitaliste qui s’en sert pour perpétuer la folie consumériste de notre époque.
Et ce fléau sait nous prendre par les sentiments, notamment via les jouets industriels dédiés aux enfants, un secteur particulièrement polluant. Il en est de même avec cette habitude récemment adoptée par les humains sur l’échelle de leur histoire : les emballages jetables.
En france, Noël représente une consommation de 20 000 tonnes de papiers cadeaux.
Chaque année dans le monde, ce ne sont pas moins de 707 millions de présents qui sont offerts à Noël. En France, cette fête représente à elle seule 20 000 tonnes de papiers destinés à envelopper nos cadeaux. Et pourtant, ces déchets pourraient très facilement être évités.
Une solution venue du Japon
Pour faire face à ce défi, il existe au Japon une technique connue depuis longtemps, celle du furoshiki. Inventée au 8e siècle de notre ère dans les milieux nippons bourgeois pour protéger leurs richesses, cette méthode est popularisée sous son nom actuel depuis le 15e et consiste depuis à emballer des vêtements pour les voyages ou des objets de toute sorte, notamment à offrir, dans des tissus noués.
Avec les années, elle fut aussi employée par des marchands pour valoriser leurs produits, les étoffes décoratives servant de véritables supports publicitaires. Quelque peu tombé en désuétude depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et l’avènement du plastique, le furoshiki revient à la mode dans un souci environnemental. De ce fait, cette tradition s’exporte aujourd’hui à travers le globe pour remplacer le papier cadeau jetable.
Élégant et réutilisable
En plus d’être réutilisable chaque année, le textile existe évidemment en plusieurs formats et peut être noué de nombreuses manières différentes, ce qui donne un aspect original à chacun de vos cadeaux. Et là aussi, il vous appartiendra d’opter pour le tissu le plus éthique et écologique possible, en fonction de ses moyens, sachant que les chutes de tissu de seconde-main peuvent tout à fait convenir !
Comme pour le papier jetable classique, on peut également choisir une multitude de motifs. La plupart du temps de forme carrée, mais originellement triangulaire, il se plie et s’attache assez facilement, pourvu que l’on observe attentivement la façon de faire.
En ce sens, le ministère de l’environnement japonais a même partagé un tutoriel des différents pliages traditionnels du furoshiki dont voici la liste :
• Otsukai Tsutsumi : « l’emballage basique »
• Yotsu Musubi : « l’emballage à 4 nœuds »
• Suika Tsutsumi : « l’emballage pour transporter des melons »
• Katake Fukuro : « l’emballage besace »
• Entou Tsutsumi : « l’emballage de longs objets »
• Hira Tsutsumi : « l’emballage d’objets plats »
• Tesage Bukuro : « l’emballage sac à main »
• Kousa Tsutsumi : « l’emballage d’objets fins »
• Hon Tsutsumi : « l’emballage pour 2 livres »
• Futatsu Tsutsumi : « l’emballage à 2 nœuds »
• Kakushi Tsutsumi : « l’emballage à nœud caché »
• Bin Tsutsumi 1 : « l’emballage 1 bouteille »
• Bin Tsutsumi 2 : « l’emballage 2 bouteilles »
• Sao Tsutsumi : « l’emballage rembourré »
Un changement d’habitude pour changer les mœurs
Évidemment, il faudra sans doute un moment avant que ce procédé n’intègre les mœurs des Occidentaux du monde entier. Et les industriels ne feront probablement rien pour que cela advienne : les produits jetables rapporteront toujours plus, puisque par définition, ils doivent être renouvelés chaque année.
Et si les pouvoirs publics semblent pour l’instant bien loin de légiférer sur une telle question (combien de temps leur aura-t-il été nécessaire pour interdire les pailles en plastique ?), il reste en attendant aux défenseurs de la planète de faire connaître cette méthode qui a tout pour séduire.
– Simon Verdière
Photo d’entête : ON-GOING | FUROSHIKI PARIS / Parvis de l’Hôtel de Ville de Paris. Exposition du Metropolitan Government of Tokyo sous la direction artistique de l’architecte Tsuyoshi Tane. @DUC/Flickr