Au vu de la crise planétaire actuelle marquée d’une panoplie de désastres écologiques d’origine anthropique, de nombreux scientifiques parlent aujourd’hui d’une sixième extinction de masse. Cependant, pour Justin McBrien, doctorant en histoire de l’environnement à l’Université de Virginie aux Etats-Unis, ce terme n’est qu’un euphémisme assez trompeur. Selon lui, les faits sont limpides ; il s’agit là du « premier évènement d’extermination ». Force est de constater que l’effondrement de la biodiversité et la disparition des écosystèmes ne constituent en aucun cas un phénomène naturel cyclique. Nous assistons ici à un massacre pur et simple, une destruction organisée du vivant, sciemment perpétrée par l’Homme, ou du moins par une fraction de l’humanité et un modèle de société totalement dépassé. (Image par Steve Cutts).
Contrairement à ce qui s’est passé durant la dernière extinction de masse, ce n’est pas l’impact d’un astéroïde géant – accompagné d’une série de processus naturels – qui est train de détruire la vie sur Terre. Peut-on réellement parler d’ « extinction » aujourd’hui alors que nous assistons à des évènements qui s’apparentent plutôt à une éradication dont la minorité la plus influente de l’humanité est à l’origine en toute connaissance de cause ? Les données scientifiques sont bel et bien là, à la portée de tous et ce, depuis plusieurs dizaines d’années. Pourtant, rien de radicalement concret n’est fait pour mettre fin à ce massacre.
Dans son article intitulé « Ceci n’est pas la sixième extinction. C’est le premier évènement d’extermination », Justin McBrien écrit que l’horreur écologique que l’on peut voir à travers le monde « n’a pas d’analogue géologique: l’appeler le « sixième événement d’extinction », c’est faire en sorte que l’éradication active et organisée ait l’air d’une sorte d’accident passif. » La cause de cette atrocité ? Selon les éléments factuels présentés par le doctorant, il s’agit du capitalisme industriel et de son appétit vorace des ressources naturelles qu’il engouffre sans pitié au fur et à mesure qu’il se répand.
Le capitalisme, qu’est-ce que c’est ? Un régime économique prédateur qui s’est insidieusement popularisé lors de la révolution industrielle. Ses supporters prônent notamment la privatisation des moyens de production dont la mise en œuvre est régentée par l’accumulation de capital. On retrouve ainsi une classe dominante et privilégiée qui détient ces moyens de production et exploite ceux qui les mettent en œuvre (ceux qui ne détiennent ni capital, ni moyens de production, n’ont pas d’autre choix que de travailler en tant que salariés), le but étant de faire toujours plus de profit. Il existe plusieurs formes de capitalisme. Par exemple, le capitalisme libéral ne permet pas à l’Etat d’intervenir directement dans l’économie, laissant les individus prendre eux-mêmes les décisions dans ce domaine. Le capitalisme de connivence, quant à lui, fait référence à une économie où l’Etat entretient des relations étroites et ambiguës avec les personnes issues du monde des affaires, donnant lieu notamment, à des subventions, des exonérations d’impôts et plus globalement, du favoritisme sous des formes diverses. Comme un air de déjà vu ?
On retrouve également le capitalisme d’Etat où le gouvernement a la mainmise sur l’économie et détient les moyens de production, agissant de manière similaire à une grande entreprise. Dans tous les cas, qui dit capitalisme, dit classe dominante qui contrôle le système et, par opposition, classe dominée qui subit le système. Certains experts soutiennent que la République populaire de Chine pratique un capitalisme d’Etat[1],[2],[3],[4], de même que l’Union soviétique à son époque[5],[6],[7],[8] portant alors le masque du socialisme. (Rappelons que l’idée du socialisme repose, entre autres, sur la propriété collective des moyens de production qui ne devraient donc pas être accaparés par une oligarchie.) Dans tous les cas, le capitalisme a besoin de croissance pour exister. Il se nourrit de l’augmentation perpétuelle des productions.
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Chaos du capitalisme débridé : la « source du mal » ?
Le capitalisme repose sur des piliers tels que l’accumulation de capital, la croissance des productions, la quête des profits et la mise en concurrence totale. Ce système économique mondialisé creuse graduellement les inégalités tout en prétendant les résorber, de telle sorte qu’aujourd’hui, alors que la pauvreté ne cesse de gagner du terrain, les 1 % les plus riches détiennent plus de deux fois la richesse de 90 % de la population mondiale, selon le rapport 2020 d’Oxfam. Le patrimoine des milliardaires augmente avec une rapidité époustouflante mais évidemment, la rémunération des travailleurs ne suit pas.
Cette même minorité qui accule l’humanité au bord du gouffre est bien entendu la plus influente, que ce soit au niveau de la politique[1],[2] par un lobbying agressif, ou de la presse. Aujourd’hui, la plupart des Etats se plient sans sourciller au dogme néolibéral, cet avatar du capitalisme qui, non content d’accroître les inégalités sociales, participe activement à la déprédation de notre environnement. On peut comprendre pourquoi Albert Einstein avait qualifié en 1949 cette « anarchie économique de la société capitaliste » de « source du mal ».
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Selon, Andreas Malm, auteur du livre « L’Anthropocène contre l’histoire » et enseignant d’écologie humaine à l’Université de Lund en Suède, le capitalisme constitue le principal responsable des déséquilibres environnementaux que nous connaissons. Alors que le terme « Anthropocène » – l’Age de l’Homme – est utilisé par beaucoup de scientifiques pour qualifier notre ère, Malm promeut le concept du « Capitalocène » – l’Age du capital. Bien que les deux idées soient similaires, le Capitalocène se distingue en mettant en avant l’idée que ce n’est pas simplement l’activité humaine qui met gravement en péril notre planète mais avant tout l’activité humaine liée aux modes de production capitalistes. Ceci déplace la source du problème : l’Humain en tant que créature biologique n’est pas responsable par nature et peut s’inscrire dans un cercle vertueux s’il le souhaite. Justin McBrien, quant à lui, va encore plus loin et propose l’introduction d’un nouveau concept : le « Nécrocène ». Il s’agirait-là d’un moment bio-géologique fondamental de notre ère : la nouvelle mort nécrotique, processus initié par le capital. Selon le doctorant, le capitalisme est la « transmutation réciproque de la vie en mort et de la mort en capital ».
Dans son essai intitulé « Accumulating Extinction : Planetary Catastrophism in the Necrocene », le jeune homme évoque non seulement l’extinction des espèces qui n’est en aucun cas naturelle, mais également la destruction des cultures et des langues, l’extermination des peuples et des sociétés (par le travail ou par meurtre délibéré), le pillage acharné de la Terre et de ses ressources, la déforestation, la désertification, la fonte des glaces, l’acidification et la désoxygénation des océans, la grande zone d’ordures du Pacifique, l’enterrement des déchets nucléaires… Le doctorant n’oublie pas de mettre en cause l’influence de multinationales telles que Bayer ou McDonald’s dont l’activité ne consiste pas juste à produire mais aussi à conserver les structures de la société qui les font exister.
La mort par le capital
Pourquoi le chercheur cite-t-il Monsanto, entreprise rachetée depuis par Bayer qui concentre toutes les critiques depuis des années ? Car c’est, avec Apple et bien d’autres encore, un des emblèmes majeurs du capitalisme débridé dont les pratiques écocides sont aujourd’hui connues du grand public. Cet organe de Bayer, géant de l’industrie pharmaceutique au chiffre d’affaires qui ne cesse de croître, capte notamment près d’un tiers du marché mondial des OGM agricoles. Il commercialise également le désherbant « Roundup » contenant un herbicide chimique largement controversé quant à son impact sanitaire et pourtant le plus vendu à l’échelle planétaire. De nombreuses analyses ont pu montrer l’omniprésence de ce dernier dans notre environnement. On retrouve aujourd’hui cette molécule de synthèse dans l’air, l’eau de pluie, les eaux marines, les eaux de surface, les nappes phréatiques, les sols, l’alimentation, les boissons, mais aussi l’urine et le sang humains [3],[4],[5],[6],[7],[8],[9].
Si beaucoup tentent de réduire le débat à une question de santé publique, cet agent de mort est doté du pouvoir d’ubiquité et ce n’est pas sans conséquences sur notre environnement et les espèces vivantes. Alors que pendant longtemps il a été considéré comme étant inoffensif pour la vie, plusieurs études démontrent aujourd’hui son impact écologique désastreux qui affecte la faune et la flore, aussi bien terrestre qu’aquatique. Par exemple, une étude datant de 2018 a montré que tout comme d’autres substances chimiques, le glyphosate est complice de l’éradication des abeilles, qui, rappelons-le, jouent un rôle primordial dans de nombreux écosystèmes en étant les actrices principales de la pollinisation des plantes à fleurs et des plantes cultivées (phénomène nécessaire à près d’un tiers de notre alimentation). Le phénomène d’effondrement des populations d’abeilles est une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes, une extermination qui permet pourtant de nourrir l’avidité d’industriels qui tentent par ailleurs de mener à la baguette les gouvernements et de discréditer toute opposition. Il faut également ajouter que Monsanto fait partie des quelques sociétés qui détiennent le monopole du marché mondial des semences, décidant ainsi de ce qu’ont le droit de semer les paysans, de la manière de le faire et du prix que cela leur coûtera. En alliant semences et agrochimie (engrais et pesticides), Monsanto impose non seulement son empreinte colossale et délétère sur l’environnement, mais bloque également toute concurrence loyale et la possibilité de développer une agriculture saine bien moins compétitive. Mais ce serait une erreur de réduire la problématique à cette seule entreprise, tant elle symbolise un modèle largement partagé par la concurrence.
Autre symbole criant du capitalisme évoqué par Justin McBrien : McDonald’s – la plus grande chaîne de malbouffe au monde, qui dévore la planète et nous mène tout droit vers un scénario d’écophagie mondiale. Cette enseigne fait partie des principaux responsables de la déforestation illégale en Indonésie selon une étude de l’ONG Rainforest Action Network. Tout comme d’autres marques telles que Nestlé, PepsiCo, Kellog’s ou Mars, McDonald’s s’était engagé à ne pas contribuer à la déforestation liée à la production d’huile de palme utilisée pour leurs produits. Mais il ne faut pas se leurrer, pour ces géants de l’agroalimentaire les bénéfices passent avant l’environnement. Cette déforestation dans le but de planter des palmiers à huile est pourtant le plus souvent interdite étant donné qu’il s’agit d’une zone abritant des espèces menacées d’extinction dont l’orang-outan, l’éléphant de Sumatra et le tigre de Sumatra. D’autre part, McDonald’s participe également, bien qu’indirectement, à la déforestation en Amazonie qui, rappelons-le, sert majoritairement à planter du soja qui nourrira les animaux des élevages et ce, exporté dans de nombreux pays. La santé des consommateurs n’est pas en reste avec d’innombrables substances nocives présentes dans les produits dont 17 additifs alimentaires rien que dans les frites, mais aussi 13 additifs douteux rien que dans le fameux Big Mac sans compter l’apport calorique démesuré de ce dernier. Ajoutons à cela que la production d’un seul hamburger nécessite 2393L d’eau (toutes productions incluses). Aberrant au vu du contexte de raréfaction dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui. McDonalds, c’est également des tonnes de déchets plastiques, des élevages intensifs dont la cruauté n’est plus à démontrer. Et comme pour toute multinationale qui favorise par-dessus tout sa propre croissance, c’est une véritable championne de « l’optimisation » fiscale.
Ces deux géants ne sont que deux exemples parmi tant d’autres exposant la barbarie capitaliste. Dans la série des fléaux écologiques et sociaux, enfants d’un système économique débridé, on retrouve également Amazon, Nestlé, L’Oréal, Danone, ExxonMobil, Total, Coca-Cola, Lactalis et bien d’autres encore… Des atrocités environnementales à la chaîne qui s’observent dans de nombreux pays dont les politiques sont régies par la croissance du PIB : destruction accélérée de la forêt amazonienne (le plus grand réservoir de biodiversité au monde) encouragée par le président brésilien dans le but de satisfaire un système principalement productiviste, soutien incontestable du gouvernement australien à l’extrêmement polluante industrie du charbon, en dépit des récents incendies monumentaux (aggravés par le réchauffement climatique) qui ont jusqu’ici coûté la vie à un million de milliards d’animaux… Le capitalisme, c’est aussi des systèmes agricoles synonymes de gaspillages monstrueux d’eau et d’autres ressources limitées de notre monde telles que le phosphore, pourtant essentiel à la vie terrestre (pour plus d’informations sur le sujet, nous vous invitons à relire notre article « Pénurie de phosphore : il sera question d’éviter une famine mondiale« ). C’est également la bétonisation croissante et destructrice de milieux naturels, dans un seul et unique but de profit. Des exemples, parmi tant d’autres malheureusement, représentatifs de cette folie sans limite. C’est aux alentours des années 1950, marquées par l’explosion du PIB mondial, que la destruction de l’environnement par l’être humain s’est accélérée de manière affolante et ce, sur tous les plans. L’exploitation des ressources naturelles a connu un véritable boom, mettant gravement en péril leur durabilité, 60 % des populations d’animaux sauvages ont disparu entre 1970 et 2014 et le réchauffement climatique a adopté une vitesse pour le moins inquiétante. C’est ainsi que des équilibres écosystémiques qui ont mis des milliers d’années à se former, de même que de nombreux cycles naturels, ont été perturbés, voire rompus en un simple claquement de doigts. Tout ceci en faveur de la sainte croissance, point cardinal d’une économie capitaliste.
Un système global marqué d’illogismes dévastateurs
C’est ainsi, qu’en parfaite connaissance de la situation actuelle et des conséquences de leurs actes, une poignée de personnes perpètrent activement l’extermination massive de la vie sur Terre. Pas toujours en pleine conscience, la complexité des structures permettant à chacun de se déresponsabiliser individuellement, de se fondre dans la masse, voire même de développer des résistances intellectuelles pour rendre tolérables ses choix illogiques. C’est de cette manière que se propage et croît le capitalisme, grâce à des structures sans morale, dont le seul et unique but est d’accumuler toujours plus de richesses, activées par des individus passifs.
Pour la journaliste canadienne Naomi Klein, le réchauffement climatique, au-delà de sa simple origine anthropique, est aussi une catastrophe imputable au système capitaliste, un modèle économique qui poursuit depuis bien trop longtemps une guerre infernale et sans répit contre le vivant. Cette soif démesurée de rentabilité, cet appétit insatiable de profit, mène aujourd’hui l’humanité à sa perte, emportant tout sur son passage. Le journal d’information britannique « The Guardian » a récemment révélé la liste de vingt entreprises pétrolières ou gazières responsables, à elles seules, d’un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre depuis 1965. Sans grande surprise, on retrouve parmi elles le géant pétrolier français Total. Les conséquences d’un surplus de carbone dans l’atmosphère sont pourtant connues depuis plusieurs dizaines d’années, c’est donc sciemment et sans sourciller que ces entreprises participent allègrement à la destruction de la vie sur notre planète. Les émissions de gaz à effet de serre ont connu un véritable boom durant ces dernières décennies, avec une augmentation de 55 % entre le début de ce siècle et aujourd’hui. Rappelons ici que parmi ses nombreux méfaits, le réchauffement climatique, ajouté à la pollution des eaux industrielles, met en péril la vie océanique, de laquelle dépend pourtant étroitement la survie des espèces terrestres. Reste-t-il encore un doute sur le fait que nous assistons à une extermination massive destinée à nourrir l’appétit du capital d’un faible nombre ?
Osons l’affirmer. Le problème, ce ne sont pas les personnes qui trient mal leurs déchets ou oublient de fermer le robinet en se brossant les dents. Le problème, ce sont ces structures humaines – et ceux qui les défendent – qui imposent notre dépendance à la croissance. Pourtant, il ne s’agit là que d’une piètre chimère, un « conte de fées de croissance économique éternelle » comme l’a si bien dit Greta Thunberg au sommet de l’ONU pour le climat en septembre 2019. Malheureusement, remettre en cause le système économique dominant n’est pas si simple et peut engendrer des ripostes violentes, comme le montre l’exemple de cette adolescente qui subit de violentes vagues de critiques haineuses depuis sa médiatisation, en particulier de la sphère réactionnaire qui nie autant la réalité de la crise écologique que la nécessité de changer de modèle. La réalité factuelle, nous la connaissons pourtant déjà toutes et tous. Les ressources de la Terre sont loin d’être infinies, la véritable richesse de notre planète est en baisse exponentielle. L’argent, quant à lui, n’est qu’une illusion fondée sur l’abondance perçue. Il n’a que la valeur que l’on décide de lui octroyer à un instant T. Continuer à parler aujourd’hui de « croissance », c’est demeurer obstinément dans un déni dangereux car il s’agit-là de défendre de manière récalcitrante un dogme baignant dans une absurdité sinistre.
Tous égaux face à l’extermination ?
Notre léthargie collective est ponctuée par un mythe bien confortable. Celui que l’effondrement rabattrait miraculeusement le jeu de cartes et nous placerait de nouveau à égalité. On en oublie que la souffrance du modèle s’exerce maintenant et ne frappe que les plus faibles de ce monde. « Se concentrer sur un avenir dystopique permet aux privilégiés d’ignorer l’horreur dystopique qui existe déjà aujourd’hui pour un grand nombre de personnes sur cette planète. » – Justin McBrien
« Le livre noir du capitalisme », ouvrage publié en 1998, dénonce de nombreux crimes étant imputables à ce modèle économique, incluant notamment le commerce des esclaves, mais aussi les guerres et les répressions coloniales. Il est important de ne pas oublier que les peuples autochtones vivent depuis longtemps dans le monde cauchemardesque qui semble être un avenir probable pour les populations occidentales. En effet, le génocide de ces premières nations et la destruction de leur environnement ne date pas d’hier. Pour ces peuples, les systèmes d’oppression incluent aussi bien le colonialisme que le capitalisme, les deux étant intrinsèquement liés. Pourtant, les indigènes n’ont de cesse de se battre contre le pillage et la destruction de leur environnement. En effet, alors qu’ils représentent moins de 5 % de la population mondiale, ce sont les gardiens les plus dévoués de la nature, protégeant jusqu’à 80 % de la biodiversité globale. Tandis que tout pousse à préserver ces populations et à faire respecter leurs droits, elles sont aujourd’hui plus menacées que jamais. Entre déforestation au profit d’un agro-business à son apogée et acculturation source d’inégalités auparavant inexistantes, les peuples autochtones sont dans une position des plus fragiles. Les femmes sont particulièrement persécutées.
La dynamique fondamentalement écocide du capitalisme est source d’inégalités profondes qui ne cessent de se creuser à l’avenir. Non, contrairement aux promesses des différents présidents de ces dernières années, le capitalisme ne sera jamais moralisé. Il écrasera les plus faibles et permettra aux plus riches de survivre à l’effondrement. Comme l’écrit Justin McBrien : « Le spectre de la Première Extermination pourrait tous nous hanter mais il le fait avec de grandes disparités. ». En effet, nous ne sommes pas tous égaux face aux catastrophes naturelles et aux famines qui touchent avant tout les pays les plus défavorisés. Tandis que certains – puisque la crise ne les touche pas encore personnellement – font preuve d’un désintérêt révoltant quant aux souffrances incommensurables vécues en ce moment-même par de nombreux êtres vivants, d’autres attendent avec impatience la fin de l’humanité, répétant à tour de bras que « la Terre ne s’en portera que mieux sans nous ». Se rendent-ils compte que l’être humain n’est pas prêt de disparaître et qu’à l’approche de sa fin, les formes de vie restantes sur notre planète risquent de se faire très rares, se mesurant probablement à l’échelle de la bactérie ? Comment peut-on sérieusement s’en réjouir ? Si nous avons une certitude, c’est qu’en se détruisant elle-même, « l’humanité » risque fort d’emporter la quasi-totalité de la vie sur son passage, causant des changements irréversibles (c’est déjà le cas d’ailleurs) et l’impossibilité de revoir l’évolution reprendre le même schéma.
D’autres encore n’hésitent plus à s’immerger dans l’éco-fascisme, un concept abject qui se base sur la diminution, par divers procédés, de la population mondiale pour « sauver l’humanité » sans jamais questionner le modèle de société. Après tout, quoi de plus facile que de fermer les yeux sur de telles atrocités si cela permet de maintenir son confort personnel ? Cependant, ceux qui affirment que la population mondiale grandissante est responsable de la sixième extinction de masse omettent également de mentionner que l’acteur principal de la crise écologique actuelle est le système économique dominé par une oligarchie issue de luttes des classes dont la bourgeoisie est sortie victorieuse. Notons ici l’émergence du capitalisme « vert », de la croissance « verte », du développement « durable »… ces arnaques insidieuses qui apparaissent aujourd’hui sous le masque du sauveur alors que ce ne sont que des formes substitutives d’éradication dans le but de laisser quelques personnes accumuler toujours plus dans la nécrose, profitant du désespoir collectif actuel. Peut-on réellement continuer à penser aujourd’hui que c’est l’argent qui va nous sauver alors que c’est exactement ce qui nous tue ? Aujourd’hui, il semblerait qu’un choix existentiel s’impose à l’humanité tout entière et que c’est de ce choix que dépendra l’avenir de la vie sur notre planète. Et si l’on choisissait d’être plutôt que d’avoir ?
– Elena M.