La nouvelle application BuyOrNot, développée par la plateforme française I-Boycott axée sur le boycott citoyen, doit permettre de guider les consommateurs en recherche d’aliments sains et éthiques tout en mettant en avant les alternatives. Depuis quelques jours, I-boycott expose directement les pertes virtuelles et estimées en euros du boycott de ses utilisateurs. De quoi donner une vision concrète de ces actions de masse.

De plus en plus d’individus cherchent à changer leurs habitudes quotidiennes afin de s’engager pour un monde plus juste. Bien qu’un changement structurel soit fondamental, faire évoluer ses propres consommations peut être un premier pas pour prendre conscience des enjeux sociaux et environnementaux contemporains tout en favorisant des produits plus éthiques. L’application BuyOrNot peut donc servir à ceux qui auraient du mal à s’y retrouver parmi les milliers de produits qui leur sont proposés dans les différents magasins.

Une application pour dévoiler les multinationales derrière les produits

Selon, Levent Acar, chef de projet en informatique et co-fondateur de la plateforme I-Boycott, « plateforme citoyenne pour faire évoluer les multinationales à travers notre consommation », l’ambition est « d’amener les acteurs économiques à mettre en place des pratiques plus durables et éthiques grâce aux conseils des consommateurs responsables ». Il espère que l’application puisse permettre de montrer « l’envers du décor des produits », c’est-à-dire leur qualité nutritionnelle réelle, mais aussi les conditions dans lesquelles ils ont été fabriqués.

Après avoir scanné le code-barre, l’utilisateur aura accès à une fiche (via Open Food Facts) sur laquelle il pourra consulter « l’impact santé » du produit grâce au nutri-score, à l’indicateur NOVA et à des précisions concernant l’impact des additifs. Ces trois indicateurs permettent respectivement de fournir des informations simplifiées à propos de la composition nutritionnelle du produit, son degré de transformation et les additifs alimentaires qu’il peut contenir. En cas de doute, le consommateur saura ainsi s’il a à faire à un produit sain ou non. Il sera également fait mention des éventuelles campagnes de boycott en cours (par exemple, si le produit appartient à Nestlé, la personne sera alertée), ainsi que des alternatives alimentaires existantes. Au total, 550.000 produits sont recensés sur Open Food Facts, « soit 95 % de ce que l’on trouve sur le marché », selon Levent Acar.

Nouveauté, depuis avril 2019, le site internet d’I-boycott affiche pour certaines campagnes de boycott en cours le calcul du manque à gagner annuel de chaque entreprise concernée (pour un exemple avec Starbucks, ici).  Cette somme « correspond donc à l’argent que l’entreprise ne touchera plus chaque année grâce à la campagne de boycott en cours contre ses pratiques ». Le montant est calculé sur la base d’une estimation faite à partir des déclarations de chaque boycottant pour estimer à quelle fréquence ils consommaient les produits visés. I-boycott espère ainsi mieux mettre en lumière l’incidence du boycott, non seulement pour les participants, mais aussi pour les entreprises. « On veut montrer que nos campagnes de boycott ont un impact sur le chiffre d’affaires », précise Levent Acar, qui pense que les multinationales seront plus promptes à répondre aux revendications si elles peuvent estimer leurs pertes.

Un premier pas vers une consommation écologique ?

Le débat fait rage. Infléchir les comportements des consommateurs au niveau individuel suffira-t-il à changer le monde ? « Le colibri fait sa part, mais il sait pertinemment qu’il ne va pas éteindre le feu », développe Levent Acar, selon qui « le boycott ne doit pas servir à apaiser les consciences personnelles ». Il faut donc « combattre les pyromanes, ceux qui mettent le feu », poursuit-il. Et pour cause, on peine aujourd’hui à imaginer une sortie de crise écologique sans grands changements institutionnels, c’est-à-dire, changer les règles qui font société. Néanmoins, le boycott à large échelle livrerait un message clair des volontés de la population.

Selon lui, le Boycott est donc un moyen de pointer du doigt les entreprises les plus polluantes ainsi que celles qui exploitent les travailleurs. Ainsi, certaines problématiques telles que les pollutions générées par les entreprises où les conditions de travail des employés peuvent se trouver propulsées dans le débat public de cette manière. Le fondateur y voit également un moyen collectif « puissant » pour obliger les entreprises à répondre aux exigences des consommateurs. Enfin, avance-t-il, malgré l’urgence de la situation, il est vrai que tout le monde ne s’intéresse pas aux enjeux sociaux et à l’environnement. Aussi espère-t-il que le boycott puisse être un levier pour atteindre ces individus qui ne pensent avoir aucune marge de manœuvre, ceux-là mêmes « qui sont la cible des multinationales ». Les géants de la distribution seront-ils contraints de changer ?

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L’application est déjà disponible sur Android et le sera d’ici quelques semaines sur iPhone ! Rappelons également que le boycott global des grandes surfaces reste une alternative encore plus radicale : soutenir directement les producteurs locaux, AMAP, échoppes, magasins en vrac,…


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