Une nouvelle initiative locale de « transport » malin va voir le jour à Grenoble. Impliquant à la fois les usagers (conducteurs et passagers) et établissements locaux (enseignes commerçantes, établissements de loisir ou universités), OpenCar propose son nouveau modèle du covoiturage… où la gratuité sera garantie !

Exemplaire, le covoiturage s’est imposé dans les années 2000 comme une alternative conviviale et économique aux transports en commun devenus coûteux, en particulier le train. D’abord gratuit et reposant sur la confiance (assez rarement trompée, du reste), le modèle a perdu du prestige moral de sa gratuité lorsque Covoiturage.fr s’est converti au payant pour se rebaptiser Blablacar. Face à cet accaparement des plateformes collaboratives par le « Capital » et le monde marchand, des alternatives ont émergé sans vraiment pouvoir concurrencer le monstre, mais en offrant des alternatives fidèles au modèle initial : gratuit et convivial reposant sur la confiance. Lancé d’abord sur Grenoble, OpenCar fait partie de ces alternatives gratuites.

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Contre la financiarisation des plateformes collectives ?

Le 12 avril, la métropole grenobloise verra donc naître la première plateforme libre de covoiturage local et gratuit : OpenCar. Un site véritablement collaboratif imaginé par trois étudiants grenoblois de l’IAE pour remplacer la « déception Covoiturage.fr » quand celui-ci fut racheté par une grande entreprise aux desseins marchands, le groupe d’investissement ISAI. Le groupe avait rapidement trahi l’esprit de la plateforme collaborative pour faire payer au passage une commission sur chaque réservation. L’esprit de convivialité et de gratuité du service qui y prévalait s’est vu alors réduit à néant, intégrant le giron économiste du « profit avant tout ». Pour beaucoup d’usagers de la première époque, domine le sentiment de s’être fait « voler le covoiturage » français.

Il faut dire que Covoiturage.fr (devenu Blablacar depuis lors) bénéficiait, pour réussir son passage au payant, de son ancienneté et d’un nombre d’abonnés colossal qui le plaçaient en situation quasi-monopolistique en France. Des initiatives telles que MyEcocar.fr, Vadrouille-Covoiturage.com ou encore Covoiturage-libre.fr, entre bien d’autres, sont bien en peine de venir concurrencer le monstre. Le fait de payer son trajet semblait offrir une assurance, au moins psychologique, aux parties afin que celles-ci remplissent bien leurs obligations. Et pourtant, comme les créateurs d’OpenCar, beaucoup s’interrogent : « pourquoi est-il devenu si cher ? » À n’en pas douter, les investisseurs profitent allégrement du manque de concurrence et de la fidélité des consommateurs.

Photo OpenCar

Restaurer la convivialité, promouvoir la sécurité et la gratuité

Avec l’ambition de promouvoir la sécurité routière, l’écologie, l’économie locale et la convivialité, tout en proposant un service gratuit, l’initiative d’OpenCar présente un modèle susceptible de duplication. Le concept est simple et bien pensé. Il intègre trois types d’« acteurs » : les passagers, les conducteurs et les partenaires locaux. Les premiers sont ceux qui ont simplement besoin de se déplacer et pour lesquels le covoiturage peut être une alternative gratuite aux transports en commun et une solution pour les trajets nocturnes ou en cas d’éloignement des stations de transport. Les seconds sont les conducteurs, qui seront notés par les usagers (selon le modèle de Covoiturage.fr) et dont les services qu’ils rendent sont récompensés par divers « cadeaux » dans les établissements partenaires. Ces derniers sont donc le troisième « acteur » de l’initiative : il s’agit aussi bien des universités que des salles de sports, lieux de loisirs ou de spectacles, restaurants, bars et discothèques, etc.

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L’intérêt des usagers est évidemment de pouvoir se déplacer gratuitement pour des trajets partagés et spécifiques, le modèle du covoiturage étant très différent d’un service de déplacement comme Uber. La convivialité est au cœur des logiques de covoiturage favorisant des rencontres amicales dans le monde réel autour de valeurs communes. Pour les établissements, la plateforme permettra de promouvoir leurs événements auprès d’un public ciblé : les usagers grenoblois du covoiturage, donc un public qui sort – et, en particulier, une cible jeune. « Nous croyons à la bonne volonté de notre population pour faire changer les choses au sein de notre métropole : pour un bassin grenoblois plus accessible pour tous, plus conviviale et moins dangereux de jour comme de nuit » exprime François Fantin, le tout jeune président d’OpenCar.

La promotion du covoiturage va aussi dans le sens d’une réduction des usages solitaires de véhicules pour se rendre au travail ou sur des lieux de loisirs. À défaut de rendre les voitures propres, l’idée d’un partage de ressources est d’amoindrir l’empreinte carbone individuelle en déplaçant plusieurs personnes pour le prix d’un. L’effet est aussi économique pour les usagers : on économise sur les tickets de transport ou l’essence. Les conducteurs y gagnent en générant des points échangeables chez les partenaires commerciaux d’OpenCar, par exemple en bénéficiant de remises commerciales. S’il est déjà possible de s’inscrire, l’initiative sera officiellement lancée ce 12 avril sur Grenoble et espère faire des petits partout en France.


Sources : Dossier de presse OpenCar / Facebook OpenCar Grenoble / OpenCar-Grenoble.fr

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