On connaissait l’amour du président outre-Atlantique pour les problématiques environnementales et la méticulosité avec laquelle ce dernier s’attache à détricoter les (quelques) efforts fournis par l’administration de son prédécesseur pour tenter d’endiguer la catastrophe climatique qui nous attend. Cependant, les mesures climatosceptiques prises par le gouvernement américain font rarement la une de nos médias. Elles jouent pourtant un poids important à l’échelon mondial. Retour sur quelques mesures prises pendant l’été, à l’heure où les températures n’ont jamais été aussi élevées.

Le piétinement systématique des initiatives écologiques

Hormis le très médiatique retrait américain des accords de Paris sur le climat le 1er juin dernier -dont les conséquences sont, in fine, relativement limitées- les nouveaux locataires de la Maison-Blanche ont d’ores et déjà pris une série de décisions lourdes de sens pour les défenseurs du climat. Nous évoquions par exemple en Janvier dernier la relance des projets d’oléoducs géant Keystone XL et Dakota Access ou encore l’influence des fils Trump sur la politique mortifère de leur père quant au braconnage et à la (non)protection des espèces menacées. De la simple provocation symbolique à la décision économique aux répercussions mondiales, les mesures prises par Trump sont certes à géométrie variable mais abondent dans le même sens : le piétinement systématique des initiatives écologiques au profit des industries ayant aidé à faire élire ce dernier.

« Que déteste-t-il le plus ? Le vélo ou le partage ? »

La semaine dernière par exemple, le même site EcoWatch relevait la nouvelle lubie de l’administration Trump : la suppression des stations « Capital Bikeshare », l’équivalent des Vélib’ parisiens, au sein de la capitale, à commencer par celle utilisée par… les employés de la Maison-Blanche ! À l’heure où ces stations essaiment dans toutes les villes du globe et participent à la transition vers une mobilité plus douce, on peine à saisir l’intérêt d’une telle mesure qui va à l’encontre des efforts menés par les agglomérations pour réduire leur impact écologique et fournir à leurs habitants un cadre de vie plus agréable.

Et moins onéreux ! Comme le rapporte le site Raw Story, l’utilisation des vélos mis à disposition permettait une économie d’environ 630$ par utilisateur soit 5679$ de frais de transport en plus grâce à la suppression de la seule station de la Maison-Blanche. Que l’on se rassure, ces frais seront probablement épongés par l’argent public. Non-sens écologique et économique, Trump s’assoit donc une fois de plus sur les questions de santé publique, caché derrière une sempiternelle justification de « réduction des coûts » bien opaque.

Le retour des déchets plastiques dans les parcs nationaux

Autre décision symbolique, le président américain a également décidé d’abroger le « Water Bottle Ban » de 2011. En d’autres termes, Trump ré-autorise la vente des bouteilles en plastique jetables dans les parcs nationaux (avec les conséquences qu’on image sur l’environnement local). En effet, cette loi permettait aux parcs nationaux d’interdire la vente des bouteilles en plastique jetables qui menacent les écosystèmes. Adopté par 23 parcs américains parmi les plus connus comme le Grand Canyon, Zion ou les volcans de Hawaï, ce mémorandum mis en place sous Obama avait « simultanément participé à la réduction des déchets ainsi que des émissions de CO2 » rappelle l’association The Wilderness Society.

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Mais ces initiatives, économiquement contraignantes, étaient bien évidemment combattues par l’industrie de la boisson qui, au terme de campagnes de lobbying acharnées, a donc fini par obtenir gain de cause. On ne rappellera pas ici l’impact désastreux des déchets plastiques qui reviendront donc bientôt polluer ces parcs grandioses, souillés par les comportements inacceptables inhérents au tourisme de masse. À l’heure où le Costa Rica annonce l’éradication du plastique à usage unique sur son territoire d’ici 2021 ou encore la concrétisation, dès 2018, du projet fou de dépollution marine menée par Bojan Slat et sa fondation The Ocean Cleanup, comment ne pas s’insurger devant un énième rétropédalage de la première puissance mondiale fuyant ses responsabilités ?

https://www.youtube.com/watch?v=xOnempsmNmk

« Contredit par la NASA, il ne lui reste qu’à casser ce maudit thermomètre ! »

Si ses derniers faits d’armes, cités ci-dessus, peuvent paraître dérisoires, il convient de noter qu’ils s’inscrivent dans une stratégie de démantèlement systématique des actions de lutte contre le réchauffement climatique. À tous les niveaux, dans tous les secteurs, l’administration américaine s’attache à aller à contre-courant des pratiques vertueuses mises en place, des démonstrations scientifiques ou simplement du bon sens en négligeant l’impact de l’Homme et de la société de consommation sur l’environnement.

À défaut de pouvoir contrecarrer le consensus, y compris scientifique qui entérine cette triste conclusion, le businessman devenu président compte bien fausser le raisonnement à coup de réductions de subventions pour la recherche ou en plaçant ses sbires et lobbyistes aux postes stratégiques. En nommant le climatosceptique tristement célèbre, Scott Pruitt à la tête de l’EPA, l’Agence américaine de Protection de l’Environnement, on ne pouvait douter des intentions malfaisantes de Donald Trump. On peut cependant s’étonner de voir que même la NASA n’est pas épargnée. Dans un article publié sur le Blog du Monde, Sylvestre Huet, journaliste scientifique émérite affirme « Trump veut casser le thermomètre ». Comment ? En réduisant de 150 millions de dollars le budget de la NASA consacré à l’étude de la Terre. Ainsi sont donc supprimées les missions d’observation du taux de carbone dans l’atmosphère, des océans ou encore la population de plancton : ainsi, pas d’arguments scientifiques contredisant ses décisions si les études ne sont pas menées ! « Contredit par l’Agence spatiale des Etats-Unis, […] il ne lui reste qu’à casser ce maudit thermomètre ! » résume Sylvestre Huet.

Malheureusement, ces quelques exemples sont loin de constituer la liste exhaustive des exactions de Donald Trump et de son administration concernant l’urgence climatique. Trois ans, c’est le temps qu’il leur reste pour jouer avec le climat, c’est aussi le temps qu’il reste au monde pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre avant d’atteindre une situation catastrophique. Si le cas de Trump semble bien symptomatique d’une civilisation qui court à sa perte mais en redemande, il ne faudrait pas perdre de vue que nos propres gouvernements, tiraillés par les mêmes lobbies, sont encore bien loin d’être des exemples de vertus en matière de transition écologique. Cependant, on peut se réjouir des contestations qui s’élèvent continuellement contre ce(s) personnage(s) ubuesque(s) dont une masse indéfinie de citoyens, peut-être vous, qui luttent chaque jour pour faire émerger des alternatives à ce monde fiévreux. Certains ont même pour objectif de porter plainte contre le gouvernement américain (et d’autres) et il n’est pas trop tard pour les soutenir !

http://www.facebook.com/M.Mondialisation/videos/10155678262952458/

Sources : EcoWatch / Positivr / We demain

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