À maintes reprises pendant la campagne présidentielle et depuis son investiture à la Maison blanche, Donald Trump a fait savoir le peu de crédit qu’il accordait à la cause environnementale, défendant une posture négationniste et climato-sceptique. Dans le même temps, il s’est entouré de personnes proches des lobbies pétroliers. Pour inaugurer sa présidence, la page consacrée au climat disparaissait du site internet de la Maison blanche et les deux projets pétroliers les plus controversés du pays viennent d’être autorisés. Surpris ?

Confirmant les pires craintes des défenseurs de l’environnement, il n’aura pas fallu attendre une semaine avant que le nouveau Président des États-Unis relance les projets tant controversés de pipeline Keystone XL et Dakota Access. Sous la pression de la société civile, Barack Obama avait pourtant mis un frein à leur construction pour calmer le jeu, alors que les populations amérindiennes manifestaient leur mécontentement depuis plusieurs semaines.

Image : Thomas Michael Gillaspy / Flickr

Feu vert pour Keystone XL et Dakota Access

Ces derniers mois, les deux pipelines avaient fait l’objet d’une importante bataille politique qui opposait les défenseurs de l’environnement aux industriels du pétrole. Ces pipelines, auxquels s’était tardivement opposé Obama étaient devenus des symboles de la lutte contre l’industrie pétrolière américaine et plus largement le changement climatique. Par ailleurs, dans le Dakota, le refus des populations locales amérindiennes de voir construire un oléoduc sur les terres (et sources) sur lesquelles elles habitent s’était transformé en un combat pour la reconnaissance de leurs droits.

Le feu vert donné par Donald Trump à ces projets est un soufflet en pleine face de ces populations locales et un message fort en soutien à l’industrie du pétrole dans laquelle il possède lui même des investissements privés. Par cette décision, le Président américain manifeste donc sa volonté de relancer la course aux énergies fossiles, faisant fi de toutes considérations environnementales et humaines, ainsi que les maigres progrès effectués au pays de l’Oncle Sam en la matière. Il s’agit enfin d’un geste en faveur du développement du pétrole extrait des sables bitumeux, une industrie pourtant particulièrement polluante et très controversée.

Image : Joe Brusky / Flickr

Trump et le pétrole

Il n’y là rien de bien surprenant à cette décision rapide : Donald Trump est le défenseur d’un « capitalisme du pétrole » comme il l’a toujours défendu. Celui-ci alimente le rêve d’une Amérique des années d’après guerre – Make America great again – pendant lesquelles le succès de l’industrie pétrolière soutenait le développement rapide du reste de l’économie. Un Golden Age à l’origine d’une large part de nos problèmes environnementaux aujourd’hui. Dans les années 1960 et 1970, l’énergie fossile présente en abondance et à moindre frais participait à l’hégémonie des États-Unis et de sa culture, notamment caractérisée par la généralisation de l’usage de la voiture personnelle et l’avènement de la société de la consommation. Pour relancer la croissance et l’économie nationale, fer de lance de son programme, les sources non-conventionnelles de gaz et de pétrole sont donc essentielles dans l’esprit du récent président.

Il n’est donc pas étonnant de voir le Président américain tirer à tout va sur tout ce qui pourrait représenter de près ou de loin une entrave à la relance de l’industrie de l’or noir. Les Accords sur le climat de Paris, dont il a promis la révision pendant sa campagne présidentielle, sont en première ligne de mire. Suivent toutes les restrictions à la mise en place de nouvelles exploitations, comme nous venons de le voir. Enfin, Trump envisage de s’attaquer à des réglementations sectorielles, telles celles qui s’appliquent aux moteurs des voitures et aux émissions maximales autorisées pour les véhicules. Même les programmes en faveur du développement des énergies renouvelables lancés par l’administration précédente pourraient être arrêtés.

L’arnaque de « l’anti-système »

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Malgré l’acharnement de Donald Trump à pointer du doigt les connivences de Hilary Clinton avec les industriels, la finance et les acteurs du monde économique (bien réelle), difficile de ne pas voir que le candidat de « l’anti-système » est profondément lié à l’argent, à l’industrie et aux lobbies, tout comme nos candidats « l’anti-système » en France. Ainsi, il s’est entouré de ministres très proches du secteur pétrolier et de la finance et envisage de nommer Rix Tillerson en tant que nouveau chef de la diplomatie américaine. L’ancien PDG d’Exxon-Mobile, n’a pas moins de 41 années d’expérience dans le pétrole.

Depuis l’investiture de Trump, de nombreuses manifestations ont lieu pour s’opposer à ses décrets réactionnaires qui s’enchainent et repoussent chaque fois un peu plus le niveau du dégoût. Après s’être attaqué au corps des femmes, c’est au tour des scientifiques de s’organiser pour exprimer leurs craintes. Effrayés, ils ont jugé bon de protéger une partie de leurs données scientifiques. En effet, les premières mesures signées par Trump, notamment sur le climat, vont à l’encontre de l’état de connaissance scientifique actuel si bien que certains parlent de réalité alternative où les croyances et les intérets économiques ont remplacé les faits et la raison. Par ailleurs, le nouveau Président s’est directement attaqué à la communauté scientifique de son pays en essayant de lui imposer le silence. Pour dénoncer ce comportement, les chercheurs envisagent d’organiser prochainement une manifestation à Washington.

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