Selon le scénario présenté ce 25 janvier par l’association négaWatt, il est rationnellement possible de rompre avec l’ère des énergies fossiles et du nucléaire : d’ici 2050, la France pourrait disposer d’un mix énergétique composé à 100% de renouvelables ! L’association détaille les principaux leviers politiques pour transformer le paysage énergétique de la France dans une étude dont la synthèse est disponible en ligne. Mais que dit cette étude exactement ?

De manière ambitieuse mais réaliste, négaWatt dresse un scénario énergétique pour répondre aux enjeux environnementaux contemporains : le changement climatique et l’épuisement des ressources. Ainsi, les auteurs du rapport estiment qu’« il est possible de couvrir la totalité des besoins énergétiques de la France par des sources renouvelables à l’horizon 2050 » tout en prenant soin à ce que « les émissions nettes de gaz à effet de serre, toutes sources confondues, deviennent nulles » (ou négligeables) à la même date. Pour négaWatt, ce scénario peut servir de feuille de route concrète s’il est accompagné d’une véritable volonté politique de le mettre en place.

Le scénario souligne les progrès réalisés depuis la publication des premieres analyses de négaWatt, tout en insistant sur l’« urgence à agir ». Ainsi, explique le rapport, « une volonté réelle d’agir doit se manifester clairement et à toutes les échelles, entre continuité des engagements et nouveaux trains de mesures. Le combat pour le climat n’est pas perdu, mais chaque année d’atermoiements obère notre avenir énergétique et climatique. »

Bannière 2017 de Mr Mondialisation / Robin Guinin

« Renouvelable, efficacité, sobriété »

Les 20 experts qui ont travaillé à la réalisation du scénario projettent à l’horizon 2050 une France qui bénéficierait d’un mix énergétique composé à 100% de renouvelables. Mais le scénario va plus loin puisqu’« il s’agit ainsi non seulement de décarboner l’énergie pour lutter contre le dérèglement climatique, mais plus fondamentalement de viser une diminution significative de l’ensemble des impacts environnementaux et des risques technologiques associés plus ou moins directement à notre système énergétique ». On parle donc de révolution autant politique qu’industrielle et même culturelle à travers l’évolution des modes de vie.

Les propositions de négaWatt sont articulées autour de trois axes : le développement des énergies renouvelables, le gain d’efficacité et enfin la sobriété. Les deux premiers piliers accordent une place importance au facteur technologique alors que le troisième rappelle la nécessité de réduire de manière globale les consommations par la simplicité volontaire (forme de décroissance). Ce n’est que si ces trois axes sont développés dans une politique globale qu’il sera possible de répondre à l’urgence climatique et énergétique qui s’impose à la société, estiment les auteurs du rapport.

Source : négaWatt

« Décarboniser » la production énergétique

Pour atteindre les objectifs visés, la consommation d’énergie doit être réduite de moitié d’ici 2050. 60% de cette réduction passerait par un changement des comportements individuels en matière de consommations, de travail et de déplacements. Les 40 % restants peuvent être atteints en gagnant en efficacité. Outre le domaine des transports, c’est celui du bâtiment qui devra évoluer, notamment par l’intermédiaire d’une rénovation énergétique de grande ampleur. Dans l’industrie, il conviendra de lutter contre le gaspillages et l’obsolescence systématique. Au total, l’éolien et le photovoltaïque seront les principales sources énergétiques de l’avenir, avec un prix de production toujours plus bas pour une efficacité écologique accrue chaque année. Ainsi, le secteur sera, selon cette projection optimiste, entièrement « décarbonisé » et indépendant d’autres sources énergétiques.

Au delà de l’aspect prospectif du scénario, il possède la vertu d’interroger de manière systémique l’organisation de la société. Ainsi, les auteurs ne se sont pas limités a une analyse strictement technique de la question énergétique mais ont également étudié les transformations sociales qu’impliquerait la mise en place de leur scénario. Ils rappellent notamment le rôle central que devra jouer l’agriculture à l’avenir : la conversion à l’agro-écologie soutient non seulement la réduction d’émissions d’éléments nocifs dans l’environnement mais est également à l’origine d’une multiplication de la biodiversité et des surfaces naturelles. Dans le même temps, les chercheurs estiment que la réduction de la consommation de viande est inévitable. La bonne nouvelle, c’est que la transition devrait entraîner de nombreux effets positifs : non seulement l’environnement devrait en bénéficier mais également l’économie, puisque le scénario mise sur la création de centaines de milliers d’emplois. De quoi convaincre les esprits les plus travaillistes dans une société qui peine à penser le « partage du travail ».

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