Avec sa nouvelle saison qui débute, Koh Lanta crée cette année une polémique nouvelle qui touche les défenseurs des mammifères marins. En cause, le tout nouveau sponsor de l’émission…
Koh Lanta, émission très populaire diffusée en période estivale, vient tout juste de reprendre sur une chaîne populaire de télévision. Adapté du show américain Survivor, ce programme met en scène des candidats participant à toutes sortes d’épreuves sportives, agrémentées de jeux d’esprit. On pourrait critiquer des règles poussant les individus à la compétition en exacerbant les individualités et l’élimination systématique du faible (libéralisme oblige), mais la pratique n’a rien d’exceptionnelle au regard de toutes les émissions populaires qui titillent nos instincts primaires pour rendre nos cerveaux plus disponibles aux pages publicitaires…
Cette année Koh Lanta crée une polémique tout autre en raison de l’un de ses partenariats. Pour cette nouvelle saison, l’émission de télé réalité s’est liée au groupe de parcs aquatiques Marineland, l’équivalent français de SeaWorld aux États-Unis. Ces parcs aquatiques détiennent des animaux marins, dont certains mammifères tel que les orques, ou encore de grands dauphins, mais aussi des otaries.
De manière générale, et notamment depuis le « buzz » de Blackfish, on observe de plus en plus régulièrement une remise en cause de la captivité des animaux, mais cette remise en question est encore plus forte en ce qui concerne les mammifères marins. Ce mouvement de contestation pousse notamment certains fans à rejeter Koh Lanta 2015 pour plusieurs raisons…
L’effet Blackfish (L’orque tueuse)
En 2013, le film Blackfish déferle sur les écrans américains et remporte un franc succès. Au-delà de l’audimat, un véritable mouvement contre la captivité des cétacés se crée spontanément aux États-Unis. Incontrôlable, le mouvement de protestation a depuis traversé l’Atlantique, mais la mobilisation est bien moins importante en Europe. Blackfish est un documentaire qui raconte l’histoire de Tilikum, une orque mâle capturée dans les eaux glacées islandaises à l’âge d’environ deux ans. Séparé de son groupe familial (pod) et placé en captivité, Tilikum a depuis tué trois personnes, et le dernier accident en date qui eu lieu à Seaworld Orlando a fait la une de tous les journaux. Le 24 février 2010, Tilikum a en effet tué sa dresseuse Dawn Brancheau, en l’entraînant par le fond. Ce tragique accident avait déjà créé la stupéfaction et l’effroi auprès du public, mais la diffusion de Blackfish a fini de ternir l’image des parcs zoologiques marins.
Et pour cause, on y découvre des animaux stressés, frustrés, des petits épaulards séparés de leur mère à un très jeune âge, des tensions entre individus et des conditions de captivité pas du tout adaptées à ces animaux. La population a également pu se rendre compte de la très grande dangerosité à faire interagir des êtres humains avec des orques, ces grands prédateurs des mers. La mobilisation contre leur captivité s’est installée assez durablement pour permettre un changement des mentalités aux États-Unis. Dernièrement, le groupe Seaworld a d’ailleurs connu une chute de sa valeur en bourse. L’entreprise a en effet vu son chiffre d’affaires plonger de 5 % sur les six premiers mois de 2014, et a également perdu 30 % de sa valeur le mercredi 13 août de la même année.
Blackfish, renommé L’orque tueuse pour le public francophone, a été diffusé sur Arte en juin 2014. La chaîne a frôlé le million de téléspectateurs. Cependant, Marineland, de son côté, a continué à enregistrer des records d’entrées en août 2014.
Les cétacés des animaux complexes au mode de vie très développé ?
Scientifiques, biologistes et éthologues spécialistes des mammifères marins, s’accordent à dire que les cétacés sont des êtres complexes et sensibles, fonctionnant en collectivité familiale et liés par des liens très forts les uns avec les autres. Tous s’accordent également à dire que ces animaux, qui parcourent de nombreux kilomètres par jour, ont besoin de grands espaces et de richesses naturelles que la captivité ne peut leur offrir.
Doit-on maintenir ces animaux en captivité pour le seul plaisir humain, et pour servir les intérêts d’entreprises qui s’apparentent à de véritables industries du divertissement ? Une émission comme Koh Lanta a-t-elle une responsabilité éthique à la vue du nombre de spectateurs ? Beaucoup de personnes ont déjà manifesté leur opposition à ce partenariat en appelant au boycott de l’émission, en espérant une réaction des organisateurs.
Le parc Marineland : des installations critiquées …
Marineland est aussi critiqué par des activistes en ce qui concerne les installations dans lesquelles vivent les animaux. Des installations parfois jugées insuffisantes par les observateurs en terme d’espace et de richesse d’environnement. Parallèlement, le groupe investit dans la construction d’un nouvel hôtel très luxueux composé de 5 bâtiments au total. Complètement à contre courant de l’affaire Dawn Brancheau, Marineland va également bientôt permettre aux visiteurs de « nager avec les dauphins » avec l’extension d’un nouveau lagon. Rappelons tout de même que les grands dauphins demeurent des animaux très massifs et à l’instinct sauvage. (plus d’informations concernant le nouvel hôtel ici)
En juin 2014, une jeune activiste a rapporté de nombreuses images du parc Marineland, montant un dossier photographique assez complet des conditions de vie des animaux du parc. Des aspects que le grand public ne voit pas forcément. Pour conclure cet article, voici quelques unes des photographies de l’investigation, qu’il conviendra à chacun d’interpréter librement : (toutes les photographies sont estampillées d’un « For Freedom, no captivity » car l’auteur ne veut pas qu’elles soient utilisées dans un but autre que celui de la dénonciation)
1. L’orque wikie blessée et n’ayant quasiment plus de dents
(l’ennui semble pousser les orques à ronger les bords des enclos)
2. L’orque prénommé Inouk avec une plaie sous l’œil
3. L’orque Valentin ayant sa dorsale affaissée
(typique des orques mâles en captivité, dans la nature l’affaissement de la dorsale des orques mâles est de l’ordre de – d’1 %)
4. Encore l’orque Inouk apparemment complètement dépourvue de dents
5. L’orque Freya entrain de gratter / mordre les rebords du bassin
Au tour de l’orque Wikie d’en faire de même …
6. Un dauphin femelle adulte avec son petit séparés des autres et confinés dans un très petit bassin
Même mère et son petit dans le très petit bassin aux contours sales
7. Deux Grands dauphins (espèce Tursiops) ayant la peau très marquée
(Les dauphins dans la nature peuvent également avoir la peau marquée, cependant dans le cas de cette photographie, cela est souvent du au fait que les dauphins s’attaquent entres eux en raison de la promiscuité.)
8. Grand dauphin Tursiops au rostre abîmé
9. Grand dauphin Tursiops montrant des signes d’épuisement
10. Grand Dauphin Tursiops (multiples cicatrices)
11. Un manchot dans son enclos
12. Les manchots dans leur espace (assez réduit)
13. L’enclos des ours polaires (un petit ourson y vit depuis également)
(pas de véritable bassin, pas de reconstitution de banquise, espace très réduit)
Un ours polaire dans son enclos …
Le parc donnant ses explications au sujet de la présence des ours polaires
(leur présence avait suscité des interrogations et une certaine indignation)
14. Enclos des manchots de l’extérieur (avec installations vieilissantes)
15. Plaques de plastique au milieu de l’enclos des manchots
16. Un manchot qui semble haleter
Même manchot …
17. Bassin des Otarie de Steller (Lion de mer de Steller) disposant ici d’un très petit espace de vie
L’Otarie de Steller est la plus grande espèce d’otarie au monde
Les Otaries de Steller ne disposent pas ici d’un espace de vie suffisant et correspondant à leurs besoins vitaux
Un mâle (Otarie de Steller) isolé dans un petit espace, probablement pour cause de tensions en raison de la proximité
18. Autre espèce d’otarie dans leur espace de vie toujours aussi vétuste (zone maternité)
Otaries dans la « zone maternité »
Matelas usagé dans la « Zone de maternité » des otaries
Bébé otarie…
19. Petit bassin où sont maintenues un temps les otaries avant de rejoindre le « bassin spectacle »
20. Les eaux usées observables derrière la clôture du parc
Sources : blog-les-dauphins.com : 1 – 2 / lemonde.fr / nicematin.com / metronews.fr