Écologistes et amoureux de l’environnement, scientifiques et habitants de Notre-Dame-des-Landes se réveillent avec le mal de crâne. La stratégie du gouvernement, à travers un référendum contesté au Conseil d’État, finira par payer. Le « Oui » à l’Aéroport de Notre-Dame-des-Landes l’emporte avec l’abstention de la moitié de la population. L’opposition se concerte.

Avec 49% d’abstention, c’est donc à peine un quart de la population, environ 26%, qui détermine dans les urnes le sort de la zone humide de Notre-Dame-des-Landes en validant le projet d’aéroport. Un vote particulièrement divisé selon les communes. Dans le bourg de Notre-Dame-des-Landes (2 138 habitants), les principaux concernés, où le taux de participation été particulièrement élevée, 73,6 % des votes étaient pour le « Non ». La commune de Treillières (plus de 8 000 habitants), proche du futur aéroport, a également voté « Non » à 57,5 %. Un constat clair est tiré par Le Monde, sauf exception, plus on s’en éloigne de la zone concernée, plus on votait « Oui ». À Nantes, le « Oui » l’a emporté avec 100 voix d’avance seulement. Et pourtant, on entend parler de victoire écrasante, de « Oui » massif, de défaite symbolique des écologistes et des valeurs qu’ils représentent.

En dépit d’un recours rejeté au Conseil d’État contre ce référendum, les associations, scientifiques et militants opposés au projet dénonçaient depuis plusieurs semaines une formulation trompeuse et confuse de la question posée aux citoyens, annonçant la victoire probable du « Oui » sous ces conditions. En effet, l’intitulé du référendum suggère un transfert pur et simple des infrastructures. Pourtant, ce n’est pas ce que prévoit le plan. L’aéroport actuel continuera de fonctionner à des fins industrielles autour de l’usine Airbus et de ses sous-traitants. Le géant des airs vient d’ailleurs d’investir 100 millions d’euros supplémentaires pour faire face à son planning de production en croissance. La société fonctionnant en réseau avec les autres usines européennes d’Airbus, les rotations incessantes des avions de transport Beluga continueront à l’aéroport actuel Nantes Atlantique. Ainsi, la manœuvre consistait à prétendre officiellement à un transfert, bien plus vendeur dans l’opinion qu’un simple dédoublement. Une approche qui permet astucieusement d’éviter les règles établies par le Grenelle de l’environnement qui interdisent toute nouvelle structure aéroportuaire en France.

De ce fait, les opposants ont signifié qu’ils ne comptaient pas baisser les bras : « Le cadre, le processus et le contenu de cette consultation étaient fondamentalement biaisés (…) Cette lutte se poursuit dès ce soir » estiment les représentants de la coordination des opposants qui sont largement majoritaires en terres de NDDL. Pour beaucoup, ce « Oui » est une victoire symbolique d’un modèle de société malade où tous les coups sont permis, de la manipulation des électeurs à la transgression politique des lois. Côté gouvernement, Manuel Valls a immédiatement prévenu que les derniers occupants devront dégager la zone. En attendant les buldozers, regardons en face ce que le béton s’apprête une nouvelle fois à remplacer… On rappellera à toutes fins utiles que la zone sur le point d’être détruite contient, sur les 1500 espèces inventoriées, quelques 130 espèces légalement protégées.


Source : blogs.mediapart.fr

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