Face au désastre environnemental en cours, les riches se préparent déjà à en affronter les conséquences. Bon nombre d’entre eux mettent ainsi sur pied des projets pharaoniques pour assurer leurs arrières. Et tant pis pour les autres.
Plutôt que renoncer à un mode de vie incompatible avec les biens communs, basé sur une consommation folle et un capitalisme effréné, les plus fortunés de la planète pensent pouvoir tout arranger avec leur argent. Si certains croient sincèrement que la technologie pourra nous sauver, d’autres songent surtout à protéger leur propre personne.
Un égoïsme sans bornes
Lorsque l’on voit le cataclysme qui s’annonce pour la planète, on peine à croire que les plus privilégiés d’entre nous ne se soucient pas du tout du problème. Et pourtant, leurs comportements semblent bien aller dans ce sens.
Cependant, certains d’entre eux ont bien compris que la vie sur terre risquait de basculer à jamais dans les prochaines années. Mais plutôt qu’œuvrer au bien commun en se modérant, certains ont, au contraire, décidé de continuer comme si de rien n’était tout en assurant leurs arrières. Mr Mondialisation vous présente quatre moyens complètement délirants utilisés par les milliardaires pour échapper à la « fin du monde ».
1. Le manoir de Mark Zuckerberg à Hawaï
Le patron de Facebook tenait à garder le projet secret, mais les informations ont fini par fuiter dans la presse. Le milliardaire fait en effet bâtir un bunker à plus de 250 millions de dollars sur l’île d’Hawaï.
Sur 566 hectares, il a ainsi entreprit la construction deux manoirs avec piscines, saunas, salles de sports, cour de tennis et même des maisons dans les arbres reliées par des réseaux de ponts suspendus… Sous terre, un gigantesque abri autosuffisant en eau et en électricité est censé le protéger de la « fin du monde ». Le plus ironique réside sans doute dans le fait que le projet aura évidemment eu un coût écologique important et dénoncé par les locaux.
2. Les bunkers de la Silicon Valley en Nouvelle-Zélande
Désigné comme l’un des États les plus sûrs en cas de « fin du monde », la Nouvelle-Zélande est une destination privilégiée pour les riches pour bâtir des bunkers dans l’éventualité d’un coup de dur. D’après Reid Hoffman, fondateur de LinkedIn, « plus de 50 % des milliardaires de la Silicon Valley » posséderait de telles installations dans le pays.
L’insularité du territoire, sa capacité d’autosuffisance, son éloignement des grands continents tout en offrant un climat « occidental » serait particulièrement séduisant aux yeux des survivalistes américains qui verraient dans cette solution une véritable « assurance » contre l’apocalypse.
3. Les terres vierges de Patagonie
En Argentine, la Patagonie est aussi extrêmement prisée par les plus riches. Sur place, de nombreuses personnalités du monde entier ont acheté plusieurs hectares de terre. C’est le cas par exemple du fondateur de CNN Ted Turner, du chanteur Florent Pagny, du financier Georges Soros ou encore de l’acteur Sylvester Stallone.
Il faut dire que cette zone du globe est, pour l’instant, largement préservée par les dégâts environnementaux causés par les plus riches eux-mêmes, et notamment du réchauffement climatique. Une illusion qui pourrait bien s’effondrer à terme, puisque c’est l’ensemble de la planète qui sera touchée par le désastre.
4. La colonisation de Mars d’Elon Musk
Ce projet n’a pas encore abouti, mais il est le rêve ultime du plus que controversé Elon Musk. Pointé du doigt pour ses positions très proches de l’extrême droite, le milliardaire sud-africain d’origine est aussi un adepte du techno-solutionnisme.
Et plutôt qu’essayer de sauver les conditions de vie sur Terre, le nouveau patron de X (ex-Twitter) alimente les fantasmes de la terraformation de Mars (c’est-à-dire la création d’une atmosphère sur la planète rouge). Un souhait qui est pourtant largement critiqué par les scientifiques et décrit comme irréalisable.
Déni de réalité
L’ensemble de ces projets met évidemment en lumière l’hubris insensée des plus grandes fortunes et rappelle à quel point l’argent peut faire perdre la tête. Mais il démontre aussi qu’il faut arrêter de vouer un culte aux plus aisés de ce monde et se souvenir qu’ils privilégieront toujours leurs idées délirantes au bien commun.
Ce constat prouve également que le partage des ressources est un point essentiel pour lutter contre le désastre écologique. Car si une poignée d’êtres humains réussit miraculeusement à se protéger de ce qui se prépare (rien ne garantit d’ailleurs qu’ils y parviennent), des milliards de personnes moins favorisées en paieront le prix de leur vie. Une perspective qui devrait en faire réfléchir plus d’un avant de continuer à servir docilement le grand capital…
– Simon Verdière
Photo de couverture : Flickr