Ce fut une grande victoire citoyenne. Le 6 novembre 2016 et après des années de lutte, l’ancien Président des États-Unis Obama avait finalement abandonné la construction de l’oléoduc géant Keystone qui devait traverser les États-Unis du nord au sud. Mais c’était sans compter sur Donald Trump qui, le 21 mars dernier, relançait le projet Keystone XL, rassemblant les conditions d’un véritable écœurement général. Pourtant, si la nouvelle a porté un coup dur à la mobilisation citoyenne et aux communautés amérindiennes, il semblerait que le combat ne soit pas tout à fait enterré, au contraire, puisque nous assistons au dernier rebondissement de cette affaire : la création de Solar XL. 

Le refus de l’absurde

On pourrait croire que l’extraction de 830 000 barils de sable bitumeux, et leur acheminement au travers de différents États viendraient à bout de la révolte indignée des citoyens en lutte depuis des années. Mais il semblerait en fait que les activistes anti-pipeline tiennent le coup. Le 6 juillet dernier, un collectif d’associations (Bold Nebraska, 350.org, Indigenous Environment Network et Oil Change International) a lancé officiellement le Solar XL, une campagne de sensibilisation à travers une installation solaire sur la route du Keystone XL dans le Nebraska.

Pour l’organisation 350.org, il s’agit là de résister au projet Keystone XL en construisant des installations d’énergie propre sur le chemin du pipeline. Le but ? Montrer que toute opération dangereuse pour le climat, mettant en danger des communautés entières, sera toujours combattue par les citoyens. Pour les organisations membres du collectif, les solutions sont là et construire des installations solaires sur le chemin de la pipeline est une façon de le prouver. Du moins symboliquement, car les moyens des militants sont nécessairement limités. Qu’à cela ne tienne !

L’énergie produite par les installations sera utilisée par les fermiers et éleveurs du Nebraska qui sont en première ligne dans la lutte contre Keystone XL, ainsi que par les populations natives menacées par le projet. Ici, la solidarité est la règle et la lutte contre le projet aura fait naître des alliances peu habituelles. Des fermiers de la région, habituellement conservateurs, se seront alliés avec des militants écologistes et des communautés amérindiennes contre la multinationale TransCanada à l’origine même du projet. La question des uns et des autres semble être la même : pourquoi vouloir perpétuer un modèle basé sur le pétrole alors que les énergies renouvelables sont bien là et qu’elles ont de plus un réel potentiel économique ?

Une lutte qui marque un réel changement

Si la validation du projet de pipeline a été signée par l’administration Trump, sa réalisation reste toujours compromise grâce à l’investissement sans faille de ses détracteurs. Véritable coup de maître des militants qui n’ont jamais pu se résoudre à abandonner le combat. La controverse autour du projet et de l’opérateur TransCanada a réussit à refroidir les clients de TransCanada qui sont de moins en moins nombreux à s’engager à utiliser la nouvelle installation. Selon Wall Street Journal, même TransCanada ne voudrait pas poursuivre le projet tant qu’il n’aura pas trouvé assez de clients pour assurer l’utilisation de 90% de la capacité de l’oléoduc. Une situation délicate lorsque l’on sait que l’entreprise a déjà investi 3 milliards de dollars dans ce projet estimé à 8 milliards de dollars.

Et la lutte ne se déroule pas que sur le territoire, elle est l’affaire de tous à une échelle internationale. Nous savons aujourd’hui que le projet a reçu des investissements provenant de plusieurs banques internationales dont BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale et Natixis. C’est l’ONG Food & Water Watch qui aurait, entre autre, fait la lumière sur ces banques qui financent ces projets controversés. Il semblerait aujourd’hui que, grâce aux actions combinées de militants écologistes et de plateformes telles que I-boycott, les banques en question soient au pied du mur et commencent à se sentir entravées dans leur capacité de mouvement. Et si le chemin est encore long avant que les lobbies de l’industrie pétrolière soient relégués aux oubliettes, la lutte contre le projet Keystone XL cristallise un point de rupture. Ce moment où les citoyens engagés font comprendre au monde que la transition vers les énergies renouvelables est inévitable et l’affaire de tous.

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La lutte contre le projet Keystone XL marque ainsi la volonté des citoyens de crier haut et fort qu’ils refusent que leur eau, leurs terres, leur environnement soient sacrifiés sur l’autel de la course à la Croissance. Pour financer le projet Solar XL, le collectif en appelle aux dons, afin de récolter les 50 000 dollars nécessaires à la construction de nouvelles installations solaires. La lutte continue.


EcoWatch / Bold Nebraska / Libération / Courrier International / Observatoire des Multinationales / 350.org / Food & Water Watch

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