Stéphane Blek, le chanteur anti-croissance qui déchire tout

Le chanteur Stéphane Blek multiplie les clips musicaux engagés sur le web. Véritable ovni dans le genre, sa musique tranchante et sans concession explore les travers de notre société sur des rythmes tantôt effrénés tantôt plus calmes, mais toujours avec humour et justesse. Découverte originale.

Costume déjanté, textes impertinents, ton provocateur et engagé : le style du chanteur Stéphane Blek est aussi inclassable que reconnaissable. L’homme né en 1958, d’abord intéressé par les arts graphiques, puis par la musique, a fait ses armes dans le punk et le rock pendant les années 1980 au sein de plusieurs groupes. Après une pause marquée par divers projets professionnels dans le secteur du web, il a décidé de reprendre son clavier, la plume et le microphone en 2008, pour notre plus grand bonheur.

Crédit image : Stéphane Blek

Des textes ouvertement engagés

Depuis, son activité se fait à nouveau plus foisonnante. En 2017, il sortait le CD « Vive la Patate libre », son premier album solo. Puis, l’année suivante, « Destination Lobbyland ». Son travail d’artiste est désormais régulièrement accompagné de la production de clips musicaux, visibles sur sa chaîne Youtube. Les arrangements sont faits par Victor Lecoeur, la réalisation par Cécile Delpoïo. Ces vidéos sont marquées par la critique exercée par Stéphane Blek à l’encontre des excès de notre société de consommation. Résolument engagé et incisif, le chanteur met en exergue l’indécence du monde d’aujourd’hui, caractérisé par les injustices sociales et la destruction de l’environnement.

À l’image de sa dernière création vidéo, il dénonce un modèle de développement dont le seul objet est la croissance de la consommation : de nourriture, d’objets industriels parfaitement marketés et d’armes. Jusqu’à l’absurde : « On produit des canons et des petits soldats, on produit des jambes de bois ». « Dans ce monde productif, toujours plus compétitif, si on arrête de produire, que va-t-il donc se produire ? », chante ainsi Stéphane Blek, sur fond de courtes séquences tournées dans des usines de production à la chaîne, abattoirs ou décharges. Le refrain nous rappelle notre condition contemporaine : « il faut produire et produire encore, produire jusqu’à la mort ».

« J’ai arrêté de m’angoisser sur mon propre avenir »

En dépit de ce regard sombre, Stéphane Blek n’adopte pas un point de vue fataliste. D’abord, parce qu’il trouve de la joie dans la création artistique. Ensuite, parce qu’il croit encore que les choses peuvent changer. Chanter ? « C’est la chose la plus importante que je puisse faire », nous explique-t-il plein d’entrain. Il précise immédiatement : « On croit que tout le monde est formaté, qu’on vit dans une société très individualiste, et c’est en partie vrai, mais je pense qu’on peut inverser la tendance. Je ne suis pas désespéré, ça vaut toujours le coup de proposer quelque chose.« 

Le chanteur porte par ailleurs un regard apaisé sur ce qu’il fait, sans se mettre de pression, ni voir trop grand. S’il fait de la musique, c’est avant tout pour lui, par besoin artistique et non par prétention de pouvoir changer le monde seul ou de vouloir devenir une super-star. « J’ai arrêté de m’angoisser sur mon propre avenir, la musique est devenue mon fil conducteur », souffle-t-il, précisant « qu’il a lâché prise, qu’il ne focalise plus sur les résultats qu’il peut avoir ». Vivre au moment présent, au rythme de ses créations musicales et sans se laisser emporter par l’ambition : peut-être est-ce là une sagesse dont nous avons tous besoin. Tout ses clips sont à retrouver sur Youtube.

Pour en savoir plus : stephaneblek.com.

Crédit image : Stéphane Blek
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