Créer un composteur discret et pratique ? C’est le défi relevé par l’entreprise Transfarmers qui a conçu un pot de fleurs intégrant un composteur se fondant dans n’importe quel intérieur. Un moyen idéal pour faire du compost maison quand on habite en ville ou en appartement. Découverte.

 « La nature ne fait pas de déchets. […] Les feuilles mortes sont happées dans le sol par les vers de terre qui les mangent et restituent à la terre ce que nous qualifions d’excréments et qui sont de fait des éléments fertilisants. » Hubert Reeves

Nous le savons tous, loin de la société et de son rythme effréné, les matières vivantes une fois mortes retournent dans le cycle naturel et nourrissent la vie. Notre modèle de consommation alimentaire « hors sol » tel qu’il est aujourd’hui a rompu ce cycle, consommant le vivant d’un côté et éliminant les matières mortes de l’autre. Ainsi, chaque année ce sont plusieurs milliards d’euros qui sont dépensés par les français pour collecter et incinérer leurs déchets organiques dans un tourbillon indescriptible de pollutions. C’est une parfaite illustration de la linéarité de notre modèle économique. Le système est verrouillé avec des opérateurs qui détruisent de la valeur à chaque étape du traitement au détriment du bon sens. Ce bon sens qui voudrait que nos déchets soient rapidement réintroduits dans les cycles naturels. Pourtant ils sont généralement conçus spécifiquement pour ne pas l’être…

« Chaque jour qui passe, nous polluons tout en détruisant collectivement une ressource vitale pour les écosystèmes : les déchets issus de notre alimentation, c’est du sabordage ». Aliette Lavielle, Transfarmers

Le compostage, adopté par de plus en plus de citadins, est une solution naturelle qui permet de boucler à son échelle les cycles et de s’extraire du rouleau compresseur de la linéarité. Si ce geste peut paraître trivial et inefficace pour certains, nombreux sont ceux qui pensent que composter est une façon comme une autre de perpétuer la vie dans nos actions les plus concrètes : manger. Cependant, même pour les convaincus, il est difficile de passer le cap et de généraliser cette pratique tant elle semble laborieuse, voire « sale » pour certains.

C’est le défi auquel l’entreprise Transfarmers a décidé de participer avec d’autres. Le système qu’ils ont développé consiste à mettre directement dans des pots de fleurs les épluchures alimentaires qui vont ainsi servir de terreau pour les plantes.

Un pot de fleurs composteur pour boucler le cycle des matières organiques

L’idée de base était de créer un objet du quotidien simple d’utilisation dans lequel la nature pouvait assurer le compostage et l’épanouissement de plantes en un cycle vertueux et autonome comme dans la Nature. Les premiers prototypes ont rapidement montré des résultats prometteurs : la pratique du compostage s’en trouvait améliorée (plus facile, sans jus, bonne texture finale, bonne qualité agronomique) tout en simplifiant l’entretien des plantes (apport constant en nutriment et arrosage considérablement limité). Six ans de recherche, de tests et de design plus tard, le pot de fleurs composteur prend sa forme finale pour assurer au mieux ses fonctions dans le respect d’un cahier des charges très strict.

Schéma descriptif
Coupe verticale (vide à gauche, plein à droite)

Le pot de fleurs composteur est divisé en deux compartiments communiquant par le bas. Dans la partie lombricomposteur, les vers transforment les épluchures en compost à leur rythme. La partie pot de fleurs, remplie de terre, peut accueillir divers types de plantes. En se déplaçant, les vers favorisent les apports d’eau et de nutriments vers les plantes : leur entretien est ainsi simplifié. Périodiquement, le compost peut être récolté et utilisé pour fertiliser d’autres plantes, dans un jardin, un potager, ou encore profiter à son entourage.

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Photo Transfarmers

Science, patience et nature au service des hommes

Si on parle ici d’un système Lowtech sans pile ni branchement, sa conception n’en a pas moins fait appel à la science, au savoir et à l’expérience accumulée par les hommes. La biologie du sol, l’agronomie d’un système au volume réduit, la céramique, les systèmes de permaculture et le design sont autant de disciplines qui ont contribué à la création de l’objet.

Le Keyhole garden fut par exemple une source d’inspiration pour le pot de fleurs composteur. C’est un dispositif agronomique mis au point dans les années 90 en Afrique pour cultiver des légumes en conservant l’humidité.

Keyhole garden

Au centre du dispositif, un composteur reçoit les déchets qui diffusent en se compostant humidité et nutriments dans les plantes disposées autour. Grâce à de nombreuses adaptations, le pot de fleurs composteur permet de faire fonctionner ce concept à plus petite échelle dans son logement.

De la nécessité de se fournir en matériaux locaux et naturels

Dans un système globalisé qui abuse de l’écologie comme argument de vente, les gens motivés à changer leurs habitudes deviennent naturellement méfiants sur les nouveautés, leur mode de fabrication, leur prix, craignant les « fausses bonnes idées ». L’entreprise Transfarmers a fait des choix radicaux pour préserver les valeurs fondatrices du projet : les matériaux sont naturels ou recyclés, la fabrication est locale et artisanale. Difficile de faire autrement pour un produit sensé participer à l’amélioration de notre mode de consommation.

Photos Transfarmers
Texture de la terre cuite. Photos Transfarmers

Ces choix se sont révélés bénéfiques. Choisir la terre cuite par exemple n’était pas sans difficultés. Côté pile, c’est un matériau lourd, cassant, changeant suivant le filon, nécessitant un savoir faire artisanal rare en France et de longues étapes de coulage, de séchage et de cuisson. Côté face, c’est un matériau poreux, naturel, malléable et durable, qui rend chaque pièce unique et contribue pleinement à maîtriser passivement l’humidité dans le dispositif.

Retrouvez les détails de ce système ingénieux sur le site de Transfarmers.

Olivier Rousselle et Henri Thomazo (Transfarmers)

Références 

https://www.lepoint.fr/invites-du-point/hubert-reeves/hubert-reeves-la-nature-ne-fait-pas-de-dechets-27-11-2013-1762255_1914.php#

https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/synthese-referentiel-couts-service_public-dechets-2019_010984.pdf

www.debtolman.com

http://lesincroyablescomestibles.fr/ressources/keyhole-garden-jardin-nourricier-en-trou-de-serrure/


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