En Belgique, des habitants de Brugelette et des villages voisins se sont réunis pour s’opposer au projet de création d’une nouvelle route d’accès au parc zoologique Pairi Daiza, le « plus beau parc zoologique d’Europe ».  Nous partageons ici leur tribune. 

Le collectif d’opposants baptisé Non aux routes Pairi Daiza alerte sur le désastre écologique et social que ce projet représente : imperméabilisation des sols, perte de terres cultivables, impact sur la biodiversité, habitations dévaluées… Il dénonce en outre l’expansion incontrôlée du parc pour un tourisme de masse qui nuirait à toute la région. 

Source : groupe facebook NON aux routes Pairi Daiza

Tribune du collectif

« Alors qu’il ne solutionne nullement le problème d’origine et consiste uniquement, sous couvert d’un prétendu « intérêt régional », à en déplacer les nuisances sur les communes voisines, ce projet [de construction de route à proximité de Silly dans le Hainaut] est aussi extrêmement préjudiciable à l’environnement et à l’agriculture locale, entre autres. C’est pourquoi un collectif citoyen local, Non aux routes Pairi Daiza, a décidé de dénoncer et de s’opposer à ce désastre écologique et social.

Est-il encore concevable, dans un contexte de réchauffement climatique et d’effondrement de la biodiversité planétaire, d’encourager un tourisme de masse à l’heure où l’on prône la décroissance ou du moins la sobriété ? Est-il acceptable de détruire des habitats naturels ou semi-naturels et par conséquent les espèces indigènes qui y vivent pour aller admirer des espèces exotiques enfermées en milieu artificiel ?

Vue générale du Pairi Daiza. Wikimedia

Le constat est sans appel, déjà 122.000 hectares imperméabilisés (chiffres de 2007) sur les 1.690.100 hectares que compte la Wallonie, soit 14% du territoire. La fragmentation des habitats est une des causes principales de l’effondrement de la biodiversité à l’échelle mondiale. La faune des plaines déjà fragilisée par l’urbanisation, certaines pratiques agricoles et cynégétiques, vont en payer le prix fort. Notamment la perdrix grise ou encore le vanneau huppé, espèces en danger et sur liste rouge.

D’après les plans dont nous disposons actuellement, le tracé de la route passerait en lisière du bois de la Provision (un des seuls massifs forestiers de la région). Les lisières représentent, pour la faune, l’interface entre le milieu fermé et le milieu ouvert. Certaines espèces, comme les chauves-souris ou les rapaces nocturnes, utilisent les lisières comme zones de chasse.

Une route représente déjà une barrière physique infranchissable pour certaines espèces. L’éclairage artificiel qui l’accompagnera inévitablement sera une nuisance supplémentaire. Qu’en sera-t-il des accidents de la route impliquant des espèces comme le chevreuil ou le sanglier ? Le nombre d’animaux tués chaque années (tous groupes confondus) équivalant environ à la population belge.

Réunion du collectif Occupons le terrain qui se mobilisent contre divers projets inutiles. Facebook.

Une piste cyclable est également prévue – en hauteur, sur une butte artificielle pour éviter le coût de l’évacuation des terres – à proximité d’un cours d’eau dans une zone de crue naturelle. Nous pouvons aisément imaginer les conséquences que pourraient engendrer l’artificialisation des berges en termes d’inondations.

Les terres agricoles les plus riches de Wallonie (zone limoneuse) seront sacrifiées au grand dam des personnes qui la cultivent. C’est un coup dur supplémentaire pour un secteur agricole où près de 56% des exploitations ont cessé leurs activités entre 1990 et 2019 alors que l’accès à la terre devient de plus en plus difficile pour les jeunes générations.

Les nuisances dues aux infrastructures routières et à la circulation sont multiples : pollution lumineuse, sonore, atmosphérique (24 % des émissions de gaz à effet de serre). Nous dénonçons le comportement écocidaire et l’absence totale de communication de la part des autorités, tant communales que régionales. Nous dénonçons ce projet du « tout à la voiture » digne d’une époque révolue.

Le Collectif Non aux routes Pairi Daiza demande une réelle et complète étude d’incidences sur l’environnement, intégrant des mesures pour respecter l’environnement (épuration des eaux, gestion des déchets, consommation de ressources, emprise sur les terres, espèces protégés…) et une étude complète des solutions de mobilité, ainsi qu’un plan de mobilité sur toute la région.

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Le collectif souhaite un plan secondaire alternatif à la voiture, la réduction du trafic routier, une preuve de la préoccupation de l’environnement en privilégiant au maximum des réseaux de mobilités douce.

– Le collectif Non aux routes Pairi Daiza »


Photo de couverture : groupe facebook NON aux routes Pairi Daiza

Références :
Stop Beton – Le territoire au service de l’urgence climatique et sociale par Hélène Ancion
-Le site de l’Association pour la Sauvegarde du Ciel et de l’Environnement Nocturne
La Liste rouge des oiseaux nicheurs menacés en Wallonie en 2021 par Jean-Yves Paquet, Anne Weiserbs et Antoine Derouaux
L’environnement wallon en 10 infographies par la Direction de l’état environnemental, sous la direction de Didier de Thysebaert

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