Au lendemain de la conférence de presse tenue par Emmanuel Macron, des femmes ont réagi aux propos tenus sur la natalité. Voici leur tribune parue dans Combat Le Média.
Mardi 16 janvier 2024, le Président de la République a tenu une conférence de presse post remaniement. La question de la parentalité nous a particulièrement fait bondir. Au programme : « réarmement démographique », congé parental remplacé par un congé naissance plus court mais « mieux payé », lutte contre l’infertilité…
« Produisez des enfants en masse, puis retournez travailler »
Ce programme parental ressemble tout au plus à un programme industriel. Produisez des enfants en masse, puis retournez travailler. La société s’occupera de votre enfant, peut-être, si on a de l’argent. C’est donc officiel : la parentalité n’est qu’un concept au bon service de l’Etat et les femmes se verront bientôt assignées à un devoir de procréation pour le bien de la Nation.
Mais voilà, il y a un problème. Nous, femmes et mères, refusons de devenir de simples ventres destinés à fournir de la chair à canon. Cette métaphore guerrière est nauséeuse. On ne fabrique pas des enfants comme on fabrique des munitions. Nos utérus ne sont pas des chars d’assaut. Nous n’enfanterons pas à la chaîne, le plus vite possible. Nos enfants ne sont pas des produits manufacturés.
A l’heure où intégrer le droit à l’IVG dans notre Constitution devient une nécessité, ce discours sonne comme une régression évidente des droits de la femme.
Vous promettez un congé parental plus court, mieux payé. Ce dernier point est évidemment important. A l’heure qu’il est, instaurer un congé parental dignement rémunéré et établir une reconnaissance économique plus juste des mères est plus que nécessaire.
En revanche, raccourcir sa durée est à bien des égards une grossière erreur. Cette mesure est même complètement décorrélée de la réalité de la vie familiale. Ce n’est pas le salaire qui fait les nuits, qui allaite 20h/24, qui accouche, qui a mal, qui se sent seul, qui cumule des doubles voire triples journées, qui gère les maladies, les poussées dentaires, les rendez-vous, l’organisation millimétrée. Obliger les mères à retourner au travail le plus tôt possible aura nécessairement des retombées dramatiques
Ce discours est complètement déconnecté des réalités de la parentalité. Croyez-le ou non, mais certains parents font le choix d’un long congé pour s’occuper de leurs enfants. Aujourd’hui, un couple doit se préparer à confier son enfant à la société dès les premiers mois de grossesse. L’absence de places en crèche, conjuguée avec l’incitation à retourner travailler le plus tôt possible, crée autour des futurs parents un climat anxiogène.
Toujours plus d’enfants dans des crèches saturées, chez des nounous épuisées, puis dans des classes sans instituteurs, au sein d’écoles de plus en plus pauvres ; c’est la porte grande ouverte aux dérives.
“Luttez contre le changement climatique”
Nos terres sont malades, notre eau est polluée, notre air est vicié, notre alimentation nous empoisonne, et il faudrait mettre au monde toujours plus d’enfants pour permettre au pays de se «réarmer»?
Les enfants sont déjà en première ligne, ils sont devenus les petits soldats du régime, ils sont poussés dès le plus jeune âge à consommer, toujours plus, à se conformer, à rentrer dans des cases. Il en va de même pour nos choix parentaux, et vos invectives pour retourner sur le marché du travail le plus tôt possible ne prennent pas en considération ces choix. Pensez-vous à toutes ces mères en dépression post-partum? En dépression tout court, à leur charge mentale, à leur manque de soutien? Vous poussez à ce que ce soit la société qui éduque nos petits, mais nos enfants n’appartiennent pas à l’État.
Dans un contexte économiquement instable et écologiquement terne, les générations de parents à venir attendent plutôt la mise en place de meilleures conditions de vie. Le plan de lutte contre l’infertilité mentionné ce soir-là aurait d’ailleurs bon goût de se pencher sur les conséquences environnementales de celles-ci. A aucun moment les mots de « pesticide » et « pollution » n’ont été prononcés. Ces données sont pourtant écrites noir sur blanc dans le rapport sur les causes d’infertilité publié par le Ministère de la Santé en 2022.
Votre programme ressemble à un remake de la Servante écarlate. Imaginez donc ces femmes en rouge qui passent de couple en couple pour se faire inséminer de force. Objectiver nos corps, nos cœurs, instrumentaliser nos grossesses, nos enfantements, nous empêcher de faire des choix en conscience, de prendre nos responsabilités de parents, nous transformer en usine à bébés, n’est pas un choix progressiste. C’est une volonté de prise de pouvoir sur les femmes, encore, sur les hommes aussi ; ne soyons pas hypocrites.
Vous voulez qu’on fasse des enfants ? Donnez-nous le temps de nous en occuper et de les entourer d’amour. Donnez-nous les moyens de les élever dignement. Luttez contre le changement climatique pour que, si nous en avons envie, nous n’ayons plus peur de les mettre au monde.
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