Perrine Juveneton, Anne-Maryse Van Der Slykke et Enora Guérinel sont trois amies, camarades de promotion à l’école lyonnaise 3A qui, pour clore leurs études, se sont lancées dans un défi : parcourir pendant plusieurs mois l’Asie du sud-est afin d’y découvrir une série d’établissements engagés dans une démarche de tourisme responsable.

Au terme de plus d’une demi-année de voyages et de rencontres, leur projet, exposé notamment sur leur site Vesta Project, en rend compte, qui se fait le relais surtout d’un beau guide, parachevant leur expérience, intitulé Autrement l’Asie : à la découverte d’initiatives touristiques écologiques et solidaires.

Nous avons questionné, pour vous, ces jeunes « écotouristes » d’un nouveau genre.

Comment l’idée de ce projet/voyage vous est-elle venue ?

Toutes trois diplômées de l’Ecole supérieure de Commerce et Développement 3A de Lyon, nous avons été amenées au cours de nos études à réaliser de longs séjours à l’étranger. Toutefois, nous nous étions jusqu’à présent davantage orientées vers l’Amérique latine. Ainsi, une fois notre formation terminée, nous avons eu envie de partir ensemble découvrir un continent différent. Mais loin de nous l’envie de voyager pour voyager nous voulions faire de cette expérience un projet enrichissant nous permettant d’affiner nos projets professionnels respectifs. Bien que différentes, nous partageons en effet une grande sensibilité pour les problématiques du développement (environnement, microfinance, tourisme, etc.), c’est pourquoi le tourisme responsable et alternatif nous est apparu comme étant un bon moyen d’aborder une large palette d’initiatives.

Pourquoi avoir voulu réaliser un ouvrage après le voyage ?

Durant la phase de planification et d’élaboration du projet nous nous sommes aperçu que notre démarche suscitait beaucoup d’engouement autour de nous. Nous avons alors eu envie de trouver une façon de partager cette expérience à nos proches dans un premier temps, puis pourquoi pas à un plus grand nombre. La publication d’un ouvrage nous a ainsi semblé être un moyen ludique de mettre en lumière les initiatives que nous allions découvrir sur place. De plus, cela représentait un challenge intéressant pour toutes les trois, car bien qu’aimant écrire nous n’avions jamais approché jusqu’à présent le monde de l’édition.

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Sur les chemins de terre rouge du Cambodge

- Pour une information libre ! -Soutenir Mr Japanization sur Tipeee

De quelle manière avez-vous monté le projet (financement, difficultés rencontrées, etc.) ?

Dans un premier temps, nous avons laissé germer notre idée de départ jusqu’à nous mettre d’accord sur ce que nous attendions d’un tel voyage, les lieux que nous souhaitions voir, le type de projets qui nous intéressait, etc. L’étape suivante consistait alors à structurer notre démarche par le biais de la création d’une association (écriture des statuts, déclaration en Préfecture, ouverture d’un compte bancaire, etc.), nous permettant ainsi d’entamer une campagne de communication et une recherche de fonds efficace. Nous sommes alors peu à peu entrées en contact avec divers organismes d’ores et déjà engagés en faveur de la promotion du tourisme responsable. Comptant sur leur appui comme sur nos recherches personnelles, nous avons pu établir un itinéraire précis tenant compte de nos envies, des conditions climatiques mais aussi des demandes spécifiques de chaque organisation envers lesquelles nous nous étions engagées à faire des retours d’expérience réguliers et des mises à jour de leur base de données.

Nous avons ensuite réuni les fonds suffisant au financement de notre travail et contacté les différentes structures locales auxquelles nous souhaitions rentre visite. En grande partie financées par des particuliers touchés par le projet, nous avons également été sponsorisées par diverses entreprises et associations sensibles aux problématiques du développement. De même, nous avons été suivies par la presse et de nombreux médias tout au long de l’aventure, nous permettant ainsi de toucher un public plus large. Nous ne pouvons pas dire que nous avons particulièrement rencontré de difficultés au cours de cette étape du projet, le plus dur étant de nous mettre toutes les trois d’accord sur le fond et de nous organiser au mieux pour nous répartir les nombreuses tâches.

Une fois sur place nous nous étions fixé pour objectif de rester un minimum de 3 jours dans chaque établissement, le temps de comprendre ses tenants et aboutissants, de rencontrer les porteurs du projet et de découvrir les activités proposées. Nous nous sommes ainsi réparties le travail de façon à ce que chacune puisse prendre part aux diverses tâches : alimenter notre site, répondre à la presse, assurer le suivi avec nos partenaires, actualiser l’itinéraire, effectuer les prises de contact sur place, etc.

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Rencontre des moines bouddhistes de Kuang Xi, au Laos

Quel type de structures avez-vous visité sur place ?

Le tourisme dit responsable englobe un grand nombre d’initiatives. De la coopérative villageoise à l’eco-lodge de luxe en passant par le centre de protection animalier ou le volontourisme*, il existe finalement autant de formes de tourisme durable que de touristes. Et si toutes ces structures ont pour point commun de contribuer à minimiser l’impact des voyageurs en préservant les richesses naturelles, culturelles et sociales de leur région, il n’en demeure pas moins qu’elles reflètent un large éventail de possibilités. A la différence du tourisme classique, le tourisme que nous avons étudié sur place nous montre une réalité non édulcorée et trouve sa valeur ajoutée dans un mode de gestion participatif. Le voyageur est donc lui-même placé au cœur de la dynamique, de telle sorte qu’il en revient souvent transformé. Au cours de notre séjour nous avons ainsi constaté qu’une fois sur place, la forme juridique importe finalement peu, c’est avant tout l’impact qui compte.

  • Principe selon lequel le voyageur s’engage à consacrer une partie de son temps de vacances à soutenir une ONG dans ses actions.

Y a-t-il une anecdote de voyage qui a particulièrement marquée ?

Perrine : « Je dois reconnaître que nous avons été veillées par une bonne étoile tout au long de ce voyage et globalement nous n’avons pas eu à déplorer d’incidents graves, si ce n’est une belle chute à moto au Laos, quelques frayeurs avec des insectes nocturnes et des rages de dent récurrentes m’obligeant à me rendre chez de petits dentistes locaux. Je me souviens notamment d’un épisode au Cambodge où, me rendant chez un dentiste khmer ayant fièrement obtenu son diplôme après six mois de formation en Corée du Nord, j’ai connu la joie d’être auscultée par une belle palette d’instruments rouillés ! Hélas, sa minuscule radio dentaire (fonctionnant grâce à une dynamo) ne parviendra pas à élucider le mystère de ma douleur… et c’est finalement dans une clinique de Bali que s’achèvera le martyre ».

Enora : « On a bien sûr connu des petits désagréments de parcours ! Les conversions d’argent par exemple peuvent s’avérer compliquées lorsque l’on change de monnaie tous les mois. Perrine détient ainsi le record de la pause pipi la plus chère, à cause d’un racket intempestif du chauffeur lui ayant indiqué un endroit à l’abri des regards. Cette information lui vaudra 15€ et quelques échanges peu cordiaux. Quant à moi, j’ai fait preuve à mon insu d’une grande générosité pour l’un des projets visités, confondant un billet de dix et de cent dollars, pour réaliser un don à l’association ».

Anne-Maryse : « Je garde un souvenir très particulier de tous les voyages en train, bus, camionnettes et autres transports que nous avons empruntés. Ces transports sont une aventure à part entière : l’incertitude des horaires de départ comme d’arrivée, la promiscuité et même un chauffeur qui ne comptait que cinq doigts pendant un long trajet au Cambdoge ! Ces différentes surprises nous faisaient réaliser une fois de plus qu’il est préférable de lâcher prise dans un pays dont les codes et usages sont bien loin de nos normes occidentales. Souvent amusées de la singularité des situations, ces trajets pendant lesquels le temps semble s’arrêter sont aussi l’occasion de faire de belles rencontres, aussi éphémères soient-elles. Ainsi, dans un train entre Varanasi et Patna en Inde, c’est accompagnées par le son de leurs instruments traditionnels que nous avons improvisé un match de badminton avec de jeunes musiciens pendjab, coiffés de leurs turbans multicolores : quelle ambiance mémorable ! »

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Moment de partage avec les femmes de Varanassi (Inde)

Où peut-on se procurer votre guide-carnet de voyage ?

Notre ouvrage « Autrement l’Asie » est désormais disponible dans plusieurs librairies sur Lyon (Raconte-moi la Terre), Paris (Transboréal) et Perpignan (Cajelice). Mais le moyen le plus simple de se le procurer consiste à le commander directement sur notre site internet www.vesta-project.com en remplissant le formulaire en ligne dans l’onglet « Le Guide » pour une livraison à domicile.

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