Les belges parlent du « trou de la sécu » dans une vidéo hilarante !

« Ceci n’est pas un trou (une fois) ! » Une courte vidéo du Centre d’Education Populaire André Génot (CEPAG) propose de rebondir sur les débats récents en Belgique comme en France à propos de l’avenir de la sécurité sociale. Alors que certains voudraient renforcer les assurances privées vers un chacun pour soi, la vidéo montre en quoi une telle réforme mettrait en danger les droits durement acquis par les citoyen.ne.s à travers le temps. Avec les voix de Yolande Moreau, Bouli Lanners, Charline Vanhoenacker et Yannick Bovy.

Les partis politiques parlent volontiers du « trou de la sécu » souvent pour l’instrumentaliser. Économies et état de crise obligent, la messe serait dite, le futur appartiendrait aux assurances privées. En pratique, une telle solution bénéficierait avant tout aux capitaux privés et augurerait une augmentation des coûts pour les ménages. Or, rappelle la vidéo, non seulement la sécurité sociale a été un outil puissant de l’émancipation des individus, fruit de nombreuses luttes, mais en plus, le vent de réforme actuel serait alimenté par de grandes entreprises et institutions à substance néolibérale qui ne veulent plus jouer le jeu de la sécurité sociale.

Crédit photo : CEPAG TV

La sécurité sociale, un système émancipateur

Selon la vidéo au ton de l’humour, les attaques frontales contre le « trou » de la sécurité sociale détournent le débat de fond. Une plongée dans l’histoire permet de se rappeler que cette institution a été une avancée essentielle pour la société à la sortie de la guerre. Pour les personnes les plus pauvres, qui, jusque là, en cas d’accident, d’empêchement lié à la maternité ou d’un quelconque incident empêchant de travailler, ne touchaient plus aucun salaire, l’absence de ressources versées de manière indifférenciées était synonyme d’une très grande précarité. De plus, lorsque les pensions de retraite n’existaient pas encore, les individus étaient obligés de travailler jusqu’à un âge avancé et reposaient entièrement sur la solidarité familiale. Indéniablement, la sécurité sociale est devenu un pilier de notre société contemporaine et surtout une avancée majeure par rapport aux pays où elle n’existe pas.

Grâce à la sécurité sociale, financée par les travailleurs, les entreprises et l’État, « on dispose tous d’une protection contre le chômage, les maladies, et les accidents de la vie ». Le système de cotisation bénéficie à tout un chacun. Contrairement aux discours conservateurs qui vantent les mérites des assurances privées, la sécurité sociale met les citoyen.ne.s dans une situation relative d’égalité. Mais, regrettent les auteurs de la vidéo « certains patrons ne veulent plus jouer le jeu. Ce qu’ils veulent c’est se garder une partie du pot commun ». Ils mettent ainsi en péril le modèle existant dans l’espoir de s’aligner sur un modèle américain où une simple assurance maladie peut rapidement devenir un luxe.

Crédit photo : CEPAG TV

Vent de réforme : les partenaires sociaux tirent la sirène d’alarme

Pour rappel, les prémices de la sécurité sociale belge remontent au 19ème siècle. Après la mise en place d’assurances par corps de métier (en 1844 pour les marins par exemple),  les premières mutualités naissaient dans les années 1860, regroupant les travailleurs de plusieurs secteurs. C’est en 1903, enfin, que née une assurance obligatoire pour les accidents du travail. De là, le système s’étendra aux pensions de retraite dans la première moitié du 20ème siècle : les grèves de 1936 joueront un rôle essentiel dans la création de la sécurité sociale moderne (1944). La sécurité sociale est donc l’application d’un esprit collectif familial fort : prendre soins les uns des autres collectivement.

De nos jours, en Belgique mais aussi en France et en Allemagne, le futur de la sécurité sociale est devenu une question qui divise fortement le débat public. Le Gouvernement fédéral Belge a lancé en début d’année une réforme portant sur le financement du système existant, qui aboutirait à faire peser un peu plus sur les citoyen.ne.s le coût de la sécurité sociale. Les propositions du gouvernement belge actuel, très à droite, sont loin de faire l’unanimité. Lançant un « cri d’alarme » dans le quotidien Le Soir, le front commun syndical et les mutuelles regrettent l’esprit qui anime la réforme : « il faut cesser d’appréhender la sécurité sociale comme un coût alors qu’elle est un élément essentiel de la cohésion sociale et du mieux vivre ensemble ». Ils rappellent, par ailleurs, que d’autres solutions sont envisageables et souhaitables, dans un soucis d’une plus grande justice. « La solution pour un financement équitable de la sécurité sociale est évidente : dans un premier temps, celui-ci passe inévitablement par une meilleure justice fiscale. Il n’est pas concevable que les politiques fiscales non-abouties du gouvernement aient pour conséquence de faire payer l’addition aux citoyens ». Une fois n’est pas coutume, les citoyens les plus précaires s’apprêtent à payer l’inconsistance d’une politique incapable de penser autrement qu’en terme de chiffre, de bilan et de rentabilité.

La vidéo

- Cet article gratuit et indépendant existe grâce à vous -
Donation