Une initiative prometteuse et innovante voit le jour en matière de protection de l’environnement et de dépollution. Initié à l’origine par le jeune Boyan Slat quand il n’avait que 19 ans, le projet de nettoyage des océans sera enfin testé cette semaine pour la première fois en conditions réelles. L’installation prototype de 100 mètres de long, va être mise en mer à 20 kilomètres de la côte néerlandaise.

La dépollution des océans est un véritable casse-tête pour les scientifiques. Les quantités astronomiques de déchets déversés dans les eaux sont à l’origine d’une telle hécatombe parmi les animaux marins qu’une solution d’urgence s’impose. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : dans un rapport publié en début d’année par la fondation Ellen MacArthur, il est estimé qu’en 2050, il y aura plus de déchets plastiques (en poids) dans les océans que de poissons.

La pollution des mers par le plastique est devenue un véritable fléau, car elle participe à la mort silencieuse des fonds marins et de ceux qui y vivent. Les débris, ingurgités par les poissons, les coraux, les oiseaux marins, les tortues ou encore les cétacés, tuent en grand nombre et sa répandent dans toute la chaine alimentaire. Pas moins de cinq endroits du globe abritent aujourd’hui des concentrations de débris plastiques qui forment désormais des îles flotantes.

Les premiers tests du nouveau système de récupération sont donc suivis d’un œil attentif. En effet, si l’essai s’avérait fructueux, d’autres installations de ce genre, de taille plus importante, seraient dès lors mises en place dans l’Océan Pacifique afin d’empêcher l’île de plastique qui s’y constitue de grandir, voire d’inverser la tendance.

habitatPhotographie : Boyan Slate / The Ocean Cleanup

Aboutissement d’une idée ingénieuse

Le développement et l’aboutissement de ce projet est surtout l’histoire d’une belle aventure. C’est en 2013, à seulement 19 ans, que Boyan Slat esquisse les premières lignes de son projet. En 2014, il lance un financement participatif qui rencontrera un véritable succès : en l’espace de quelques semaines plus de deux millions d’euros sont récoltés auprès de 38.000 donateurs ! Grosse responsabilité pour le jeune garçons dont nombre critiquent déjà l’idée.

Dans la foulée, il créé sa propre fondation dont il est le directeur – Ocean Cleanup – et devient le plus jeune lauréat du prix « Champion de la terre », un prix décerné par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). Aux côtés de cinquante ingénieurs et chercheurs, il concrétise alors le projet pendant près de deux ans. Petit à petit son rêve prend forme.

Jusqu’à présent, son système de nettoyage n’avait été expérimenté qu’en milieu contrôlé ou à taille réduite. Avec ce test en mer, le projet prend une nouvelle dimension. En effet cette première sera l’occasion de dresser un bilan, de corriger d’éventuels défauts et d’envisager des améliorations. Seront notamment étudiés, la résistance de la structure au vent, au courants marins ainsi qu’aux vagues. L’occasion de corriger des éventuels défauts et améliorer le prototype pour le rendre le plus efficace possible.

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ocean-cleanup-project_hThe Photographie : test préliminaire réalisé en 2014 / The Ocean Cleanup

Un système innovant

Comme le souligne B. Slat, son système de filtration a la particularité de ne pas nécessiter l’intervention de bateaux pour récupérer les déchets en plastique. Au contraire, son barrage profite des courants marins naturels, sa forme en V permettant de concentrer les déchets au centre, pour ensuite les récupérer. La fondation indique que la structure est autonome et qu’elle fonctionne sans source énergétique. Par ailleurs, la taille du barrage est modulable, si bien qu’elle pourra être adaptée.

À la suite du test, le premier barrage pourrait être installé dans le pacifique horizon 2020. Cette fois, B. Slat et son équipe voient les choses de manière encore plus considérable : le produit final sera constitué de deux bras longs de 50 kilomètres associés à des rideaux sous-marins qui empêchent l’écoulement des plastiques, mais autorisent les animaux marins à passer en dessous. Selon la Fondation, le système pourrait permettre de réduire en l’espace de 10 ans de moitié la surface de la gyre (concentration de plastique) qui se trouve dans l’océan pacifique, à un coût bien moins élevé que celui qui serait engendré par l’utilisation d’autres techniques. Les plastiques récupérés seront ensuite vendus à des entreprises de recyclage. La fondation n’exclue pas d’obtenir par ce biais des revenus suffisants pour rendre le projet économiquement rentable.

Malgré ces aspects prometteurs, des critiques ont été émises

Selon Le Laboratoire Eau Environnement et Systèmes Urbains (LEESU), il faudrait s’attaquer avant tout à la source du problème, c’est à dire le rejet de plastique dans l’océan et donc sa production : 10% des 250 millions de tonnes de plastiques produits chaque année terminent dans les mers et les océans. Les chiffres allant en augmentant, il semble plus concret de reconsidérer les modes de production, notamment en faveur de matières biodégradables. D’autres scientifiques ont peur que la structure présente un danger pour la faune aquatique et se demandent si les micros-plastiques pourront être réellement capturés. Enfin, l’idée même de filtrer les déchets risque d’encourager les industries à continuer d’en produire davantage.

Au regard de l’incapacité des gouvernements à encourager une transition des modes de production/consommation, la solution de Boyan Slat semble donc la plus adaptée à court terme. Il ne reste donc plus qu’à patienter dans l’attente de résultats. Nous en saurons sûrement davantage d’ici quelques mois lorsque les premiers chiffres seront rendus publics.


Sources : euronews.com / theoceancleanup.com / 24heures.ch

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