Inde. Ce 14 juillet 2017, le premier ministre indien inaugurait le premier train à panneaux solaires du pays. Tout comme son voisin chinois, le pays est obligé d’entamer une transition énergétique à marche forcée, puisque dans bon nombre de villes l’air est pollué à des niveaux en moyenne 4 fois supérieurs aux standards nationaux. Le projet en est qu’à ses début : si les essais sont concluants, il est prévu que 50 autres wagons de ce type soient construits.
Partie intégrante et essentielle du réseau de transports indien, le train se voit désormais aussi obligé d’évoluer avec son temps pour répondre aux impératifs écologiques. Ce mois-ci, un train de voyageurs dont les wagons sont équipés de panneaux solaires s’est élancé sur les rails, une technique qui a déjà été expérimentée ailleurs, mais reste rare à ce jour. Par l’intermédiaire d’une politique volontaire, le pays souhaite montrer l’exemple et surtout réduire sa consommation de diesel, particulièrement polluant.
En Inde, le transport ferroviaire n’est pas un simple détail. Le pays possède le 4ème plus grand système ferroviaire au monde avec 65000 kilomètres de voies. Les chiffres donnent le vertige. Chaque jours, les trains transportent plus de 3 millions de tonnes de fret ainsi que 23 millions de passagers. Le secteur joue ainsi un rôle économique important qui influence la balance énergétique du pays.
Le nouveau train a donc pour objectif officiel de réduire la consommation de diesel, un carburant fossile polluant qui alimente jusqu’à présent les trains, et ainsi rendre le réseau un peu plus écologique. Le train est composé de 6 wagons, tous dotés de panneaux photovoltaïques. En pratique, l’électricité produite ne sera pas utilisée pour alimenter la force motrice, mais bien les ampoules des cabines ainsi que les ventilateurs et d’autres systèmes électriques internes au train. L’installation devrait permettre une autonomie pendant 72 heures des installations à bord. Les wagons seront donc toujours entrainés par une locomotive fonctionnant au diesel. Selon les chiffres communiqués à la presse, 9 tonnes de carbone pourront être économisées par panneau solaire chaque année.
Le pays souffre de la pollution de l’air
Avec 1 milliards 300 millions d’habitants, l’indépendance énergétique est un problème de taille pour l’Inde. D’autant plus que l’utilisation des énergies fossiles est à l’origine d’importantes pollutions locales (en plus du changement climatique), si bien que la qualité de l’air s’est transformée en un véritable enjeu de santé public : sur les 20 villes les plus polluées du monde, 10 se trouvent en Inde. L’Organisation Mondiale de la santé (OMS) estime que la pollution y ferait plus d’un million de victimes chaque année. Si une grande partie de la pollution est provoquée par l’usage intensif du charbon comme énergie primaire, la consommation de diesel est également devenue un problème depuis que ses conséquences sur l’environnement sont mieux connues des scientifiques.
Bien conscient de la nécessité d’assainir l’air, le gouvernement indien communique son souhait d’encourager la consommation d’énergies alternatives et a entamer des efforts concrets pour faire évoluer le mix énergétique du pays vers un modèle plus sobre et soutenable. Cependant, l’actualité reste toujours régulièrement marquée par les pics de pollution meurtriers. Si le gouvernement entend faire la part belle au solaire, pour soutenir le développement du pays et démocratiser l’accès à l’électricité, dans les faits, le pays continue à tout miser sur le charbon.
Pris à la gorge par les conséquences négatives de leur propre développement, l’Inde mais aussi la Chine cherchent à trouver une solution au véritable casse-tête qui se pose à eux : faire diminuer la pression sur l’environnement, tout en répondant aux aspirations de développement des habitants encore nombreux à vivre dans une grande pauvreté. Et quels pays déjà développés pourraient-ils leur donner des leçons ? Alors, ce « train solaire », réelle volonté d’entamer une transition ou simple effet d’annonce dans une course mondialisée au développement ? À chacun d’en juger.
Sources : independent.co.uk / ici.radio-canada.ca